Maintenant que l’école
existe et touche tout le monde, il faut faire en sorte qu’elle atteigne
ses buts pour tous ou presque tous.
Une compétence est une
capacité d’action efficace face à une famille de situations, qu’on
arrive à maîtriser parce qu’on dispose à la fois des connaissances nécessaires
et de la capacité de les mobiliser à bon escient, en temps opportun,
pour identifier et résoudre de vrais problèmes
Il y a toujours des
connaissances " sous " une compétence, mais elles ne
suffisent pas. Une compétence est quelque chose que l’on sait faire.
Mais ce n’est pas un simple savoir-faire, un " savoir-y-faire ",
une habileté. C’est une capacité stratégique, indispensable dans les
situations complexes. La compétence ne se réduit jamais à des
connaissances procédurales codifiées et apprises comme des règles, même
si elle s’en sert lorsque c’est pertinent. Juger de la pertinence
de la règle fait partie de la compétence.
Valoriser les compétences
n’est pas tourner le dos à d’autres justifications des savoirs.
C’est en revanche se demander pourquoi on enseigne telles ou telles
connaissances, lesquelles on enseigne parce qu’elles sont intéressantes
et gratuites, lesquelles se justifient autrement. Il y a place pour différents
types de savoirs dans l’école, mais pas pour ceux qu’on enseigne sans
dire pourquoi, par pure tradition ou pour répondre aux attentes des lobbies
disciplinaires.
Effectivement, pour
travailler par compétences, il faut alléger les connaissances scolaires,
mais tout, dans les programmes, n’est pas de l’ordre de la culture générale
indispensable. De fait, les programmes scolaire sont calqués sur les
attentes des filières les plus exigeantes du cycle d’études suivant
beaucoup plus que sur une vision large de la culture générale.
Il s’agit de renforcer
les compétences, notamment dans les champs où les connaissances
disciplinaires ont pris toute la place et en laissent donc très peu à
leur mise en œuvre. Ce n’est pas une rupture, ce n’est pas une révolution,
c’est une évolution.
Derrière les doutes et les
résistances, parmi d’autres facteurs, il y a le rapport des enseignants
au savoir et à l’apprentissage. On ne peut aller dans le sens des compétences,
sans travailler sur des situations complexes. Le professeur est invité à
perdre un peu de son aisance à exposer des connaissances, pour
s’aventurer dans un domaine où il devient plus formateur
qu’enseignant, plus organisateur de situations que dispensateur de
savoirs.
S’il faut armer le regard
des enseignants, c’est pour qu’ils sachent observer les compétences
mises en œuvre. Pour cela, ils doivent disposer d’un certain nombre
d’outils conceptuels, de modèles théoriques de l’apprentissage ancrés
dans la didactique des disciplines en cause aussi bien que de concepts
plus transversaux : statut de erreur, style cognitif, régulation,
obstacle, explicitation, métacognition, etc. Il ne s’agit pas forcément
de listes d’items à cocher, mais d’une grille de lecture des
observables, dans la tête de l’enseignant.
Construire
des compétences, tout un programme !,
Entrevue
avec Philippe Perrenoud, Propos
recueillis par Luce Brossard pour Vie Pédagogique |
Les compétences de l'élève
Les compétences de l'enseignant
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La compétence,
ce sont aussi des degrés de maîtrise.
Quand vous utilisez Word par exemple, vous mobilisez 10 % de ses
possibilités et cela peut suffire; c'est uniquement si vous cherchez à
améliorer votre production écrite que vous allez développez (en s'affrontant
à des problèmes assez concrets, par recherche, par essais et erreurs) un
degré supérieur de maîtrise. Il existe donc des niveaux de compétences, au
moins 4 niveaux identifiés. Nous sommes assez loin de la notation sur 20. Le
processus demande aussi du temps plus long (semestre, et cycles) avec des
rendez-vous évaluatifs terminaux.
1:
Sensibilisation
Première approche ou découverte d’un champ de savoirs, de
savoir-faire ou de savoir-être qui permettra une prise de conscience
génératrice d’une mobilisation (envie d’approfondir)
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2:
Apprentissage initial
¿
}Apports
des bases suffisantes pour comprendre un champ et rendre
l’individu capable d’interagir avec des professionnels du domaine
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3:
Qualification
¿
}Acquisition
d’une maîtrise suffisante des connaissances, des pratiques et des
comportements pour pouvoir les utiliser professionnellement sans
être un spécialiste.
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4:
Expertise
¿
}Acquisition
d’une maîtrise suffisante pour pouvoir utiliser les savoirs,
savoir-faire et savoir-être spécifiques à un champ et en faire son
activité unique: spécialisation
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