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30 COMPETENCES

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Définir des objectifs Diriger une séance Mettre en groupe Gérer les relations Guider ou enseigner Négocier des contrats d'étude Travailler en équipe Créer un outillage Préparer une sortie, un stage Définir une progression Mettre en oeuvre des outils Utiliser les TICE Utiliser l'audiovisuel Etre le gardien des programmes Rapporter des travaux Penser sa propre formation continuée Faire une conférence, pour un autre cours... Donner un conseil de méthode Diriger des projets Analyser des pratiques d'élèves Auditer des attentes Prospecter les besoins Analyser des ressources Faire de la didactique Créer des situations d'apprentissage Conduire une recherche en documentation Accueillir la complexité dans sa classe Assurer la sécurité en classe Guider le travail personnel des élèves Les 30 compétences de l'enseignant moderne

d'après André de PERETTI, colloque de Florence, 1985, repris dans Controverses pour l'éducation, 1992

Loin d'être un simple praticien voire un transmetteur, l'enseignant exerce une activité multi-forme et complexe.

La formation doit aussi prendre la mesure de l'accompagnement dans l'acquisition et dans l'approfondissement des ces compétences.

cliquez sur une case pour explorer les compétences

Cette roue des compétences forme l'architecture du MANUEL DE SURVIE A L'USAGE DES ENSEIGNANTS, éd.l'Étudiant,  Prix Louis Cros 2005, de l'Académie française., 3ème éd. 2008 (SOCLE COMMUN inclus)

Vous pouvez retrouver La version en ligne du manuel de survie ici

 

A corréler avec:

Enseignant, un nouveau métier ?, Bernard Cornu, 2002

10 compétences pour enseigner, Philippe Perrenoud

Missions et compétences de l'enseignant débutant, extrait du BO 1er janvier 2007

La roue des compétences, DAAF Grenoble, juin 2005

"professionnalisation du métier", JP.Astolfi, 2005

 

En ouverture avec les évolutions fortes et durables du métier en Europe

 

« Le métier d’enseignant entre deux figures professionnelles »

Jean-Pierre ASTOLFI, ISP-Formation, 18 avril 2005

 

Jean-Pierre Astolfi s’inscrit dans le courant de la professionnalisation du métier d’enseignant. Pour montrer les évolutions en cours, il analyse les mots employés dans la profession. Or, on n’arrive pas à stabiliser un vocabulaire spécialisé autour des enseignants. Certes, en créant un vocabulaire spécialisé, on risque de créer un jargon et, en conséquence, de faire de la rétention d'informations, mais il est nécessaire d'employer des mots dont le sens est stabilisé car le vocabulaire courant n'est pas assez précis et oblige à recourir constamment aux périphrases.

 

JP Astolfi a proposé deux séries de 10 mots, d’un côté les mots courants pour définir les apprentissages, de l’autre, les mots du jargon des sciences de l'éducation. Il a passé chaque couple de mots en revue. Les premiers désignent le fonctionnement classique de l'école, tel que la mémoire sociale et l'imaginaire collectif le perçoivent. Les seconds, plus conformes aux acquis des sciences de l'éducation, indisposent les anti-pédagogues. Ces deux séries de mots renvoient à deux modèles de l'acte d'apprendre, à deux modèles de la profession.

 

Transmission

Construction

Instruction

Formation

Maître

Médiateur

Elève

Apprenant

Programme

Curriculum

Leçon, cours

Dispositif

Notion

Concept

Mémoire

Cognition

Connaissances

Compétences

Contrôle

Evaluation

Transmission

Instruction

 

 

1- Transmission/Construction

 

  • La transmission

Ce mot renvoie à un modèle rustique de la communication où les élèves sont dans l'écoute, l'accueil, l'effectuation docile, même si l'enseignant leur demande de "participer".

Marguerite Altet (Nantes) a étudié de nombreux épisodes didactiques et leur a donné trois types de noms.

  1. 67% sont des épisodes inducteurs : les prises de parole des élèves sont induites par les enseignants.

  2. 27% sont des épisodes médiateurs : l’enseignant s’ajuste davantage aux évolutions de la classe

  3. 5,6% sont des épisodes adaptateurs où l’enseignant accepte de faire évaluer son projet didactique en fonction de l’imprévu.

 

Dans la transmission, les élèves répondent plus au maître qu’à la question. On leur demande de faire leur "métier d'élève" (expression de Perrenoud) plutôt que de s'atteler aux tâches de cognition.

 

  • La construction

La constructivisme est un mot-clé du jargon pédagogique. L’école est bien le lieu de la transmission générationnelle des savoirs mais c’est une transmission sociale, collective qui n'est pas la somme de transmissions individuelles.

 

Chaque enfant est soumis à une "obligation d’apprendre" (expression de Charlot) car il naît démuni (à la différence des animaux). L'école est le lieu de la violence symbolique qui permet l'appropriation. Le parcours de l’enfant est plus appropriatif que transmissif.

 

 

 

2- Instruction/Formation

 

  • L'instruction

L'apprentissage est envisagé comme si chaque pas de l'explication magistrale correspondait à un pas de compréhension dans la tête de l’élève. Entre le processus "enseigner" et le processus "apprendre", il y aurait une équivalence, le déroulement didactique serait synchrone, l'acte d'apprendre serait le miroir de l'acte d'enseigner. En français, on dit « j’apprends quelque chose aux élèves » mais les autres langues montrent bien la distinction entre les deux processus : en anglais : “teaching” est différent de “learning », en espagnol “aprender » est différent de « ensenar »

 

Dans le processus "enseigner", on part des bases pour aller vers le complexe. Or c’est tout le contraire dans la tête de l’élève ! C'est le début qui est touffu, difficile, et plus on avance, plus on met de l'ordre.

 

Chez l'enseignant, pour enseigner la logique de son domaine, tout est présent de manière simultanée. L’expert a en tête l’ensemble des notions et des compétences sans que cela charge sa mémoire. De son point de vue, un réseau arborescent est transformé en parcours linéaire, où des étapes sont découpées, introduisant ainsi de la temporalité dans ce qui est donné d'un coup.

 

  • La formation

L’instruction renvoie à une succession hiérarchisée d’étapes alors que la formation renvoie à un changement global de la forme. Dans le processus de formation, l’élève doit recomposer la vue d’ensemble en démontant le processus didactique qui a été construit par l'enseignant. L’apprentissage nécessite une reconstruction, une remise en réseau, sans en rester au déroulé.

 

 

3- Maître/Médiateur

 

  • Le maître

Il est  celui qui a l’autorité, même si c’est d’abord le savoir qui est autoritaire. L'enseignant est en position de surplomb par rapport à l’élève mais cela ne peut pas définir en permanence le rapport maître/élève car cela interdirait le dialogue pédagogique.

 

  • Le médiateur

C'est un terme qui apparaît plus serein car il remplace une relation verticale par une relation horizontale mais en réalité il renvoie à quelque chose de plus complexe car cela implique une démultiplication des postures.

 

On en compte trois :

- la posture d'intermédiaire où l'enseignant joue le négociateur, l'interface, le diplomate…

- la posture de transition où l'enseignant joue le tampon, le temporisateur en faisant respecter un temps de latence : l’apprentissage se fait dans la durée, il faut savoir ne pas aller trop vite et permettre les constructions progressives

- la posture de coupure. L’idée de la coupure par le milieu renvoie à la figure du castrateur, de la séparation. Grandir et apprendre impliquent la construction d'une distance qui permet de rompre avec les identifications primitives. L'enseignant est aussi celui qui déconstruit la certitude du sens commun.

 

Le médiateur accompagne et encourage, temporise et donne patience, rompt tout en gardant du lien.

 

 

4- Elève/Apprenant

 

·         L’élève

Le mot, dans le Littré, renvoie à l’idée de nourrissage, d'élevage, ce qui implique de la passivité face aux soins de l'éleveur. Beaucoup d’élèves sont dans cette posture : ils attendent que "ça passe". Ils pensent que rien ne dépend d’eux, mais du "maître-jardinier", qu’ils n’ont qu’à être obéissants, à faire leur "métier d'élève". Le risque de cette position est l'activisme occupationnel, on "occupe" les heures.

 

 

·         L'apprenant

Le terme vient du Québec et voisine avec celui d'entrepreneur. Il souligne qu'il y a quelque chose "à prendre" et que l'appropriation est nécessaire. L’apprentissage suppose une mobilisation cognitive du sujet car apprendre, c'est toujours extraire la pépite (le savoir) de la gangue (les activités).

 

On a pu observer que les ZEP qui ont de bons résultats s’appuient sur le fait de rendre les élèves apprenants. Il faut se méfier des élèves qui se limitent à l'activité et des pratiques pédagogiques qui se sortent pas des activités.

 

 

5- Programme/Curriculum

 

Le terme de programme renvoie à l'idée du texte du savoir, tandis que celui de curriculum pose la liberté pédagogique du texte. L'idée de curriculum élargit celle du programme en envisageant, comme chez les anglais ou les espagnols, les objectifs, les contenus, les matériels, les démarches, les activités, les évaluations.

 

 

6- Leçon/Dispositif

 

·         La leçon

Elle suppose une progression qui a été programmée car le maître est celui qui sait, avant les élèves, ce qui adviendra après. Il est le "chono –maître". Le risque est que la leçon se déroule pour les élèves mais SANS eux !

 

·         Le dispositif

Ce mot désigne, au sens premier, l’ensemble stratégique de mesures, diversifiées et cohérentes, pour restaurer la maîtrise de quelque chose de compromis. Il s’agit de déposer les savoirs autour du groupe apprenant en laissant le dispositif produire ses effets.

L'enseignant introduit une situation (énigme, ambiguïté, problème…) qui pousse les élèves à l'emparer de la question. Cela s'oppose à l'interventionnisme et doit permettre au professeur de faire un pas de côté pour devenir l'observateur des activités de sa classe, sans occuper la première place. Chaque leçon prend alors un statut d’événement singulier qui ne se reproduit jamais à l'identique.

 

 

7- Notion/Concept :

 

  • La notion

L'idée de notion est difficile à définir car il n’y a pas de concept de notion ! La notion est ce vers quoi est tendue la leçon, la formulation finale qui relève d'un processus de clôture. La notion est institutionnalisée : le programme se découpe en notions et on contrôle à la fin leur acquisition.

 

  • Le concept

C’est une ouverture (non une fermeture comme la notion) vers de nouvelles perspectives, vers un nouveau monde. Chaque discipline donne avec ses concepts une certaine saveur au savoir.

 

Passer de l'idée de notion à celle de concept, c'est passer des savoirs propositionnels (énonçant des contenus, reliés sous une forme linguistique qui résume le savoir) à la connexité des idées.

 

 

8- Mémoire/Cognition

 

La mémorisation scolaire renvoie aux souvenirs du passé ; il faut se souvenir de ce que l'on a appris. Or, l'effort demandé aux élèves est vaste : il y a, par exemple, 6000 mots nouveaux dans le programme de 6ème dans les manuels. Sur ces 6000 mots nouveaux, les élèves en retiennent environ 2500.

 

Souvent ce qui pose problème aux élèves, ce n'est pas la cognition, c'est la mémoire. On a souvent l'impression que la mémoire est un préalable à la cognition. Mais les derniers travaux scientifiques de la psychologie cognitive montrent que la forme même de la cognition. La mémoire concerne aussi le futur des apprentissages : elle ne se limite pas au passé, mais elle permet de détecter ce qui est nouveau.

 

 

9- Connaissances / compétences

 

  • Les connaissances

Le terme renvoie à ce qui s'accumule, se thésaurise, les pré-requis perçus comme statiques, passifs. C'est sur les connaissances que sont évalués les élèves.

 

  • Les compétences

Pas de définition posée de ce terme. C'est une notion à la mode, utile et importante mais on observe que dans ses usages scolaires le recours à ce mot permet souvent de ne définir que des objectifs opérationnels. Or, l'idée de compétence est plus large, elle permet de saisir les progrès intellectuels majeurs qui s'installent dans le long terme..

 

 

10- Contrôle/Evaluation

 

  • Le contrôle

Depuis 20 ans, Guy Berger a pointé la différence entre contrôle et évaluation. Etymologiquement, le contrôle est le contre-rôle (le double du rôle) qui permet de s'assurer de la conformité d'une mesure. Le mot renvoie à la mesure, l'objectivité de la mesure, au barème.

 

  • L’évaluation

Etymologiquement le mot renvoie à "valeur". L'évaluation est un processus d’interaction, de négociation. L’évaluation envoie aux élèves un signal et a une fonction de communication.

L’évaluation balance entre l’estime (comme on navigue à l'estime) et l’estimation (qui peut être précise). On accompagne et encourage la personne de l'élève tout en introduisant la lucidité sur la valeur du "produit" évalué.

 

 

Conclusion

 

Ce renouveau lexical illustre les efforts pour transformer un métier (gamme de routines traditionnelles, gestes du métier connus, savoir-faire stabilisés) en une profession (recherche de solutions optimales, capacité d'adaptation…).

 

Cette évolution est difficile, elle se fait par à-coups puis connaît des périodes de stagnation, mais elle est nécessaire.

 

En complément avec:

L'efficacité des enseignants

FELOUZIS Georges. L'efficacité des enseignants : sociologie de la relation pédagogique. Paris : PUF, 1997. (Pédagogie d'aujourd'hui).

L'auteur interroge la façon dont se construit l'efficacité des enseignants, dans le rapport avec les élèves dans la classe, et en relation avec les évolutions du système éducatif et du public scolarisé. Il présente un bilan critique des connaissances sur le rapport qu'entretiennent les enseignants à leur métier et à leurs élèves, sur l'efficacité des enseignants, sur l'importance de l'effet-enseignant dans le contexte des inégalités sociales et des processus scolaires de sélection. Il montre ensuite, sur la base d'une enquête menée dans 36 classes de mathématiques et 25 classes de français, que c'est dans le rapport subjectif au métier que se construit l'efficacité professionnelle : dans des conditions d'exercice du métier identiques, le rapport aux élèves et à leurs potentialités, le rapport à la fonction enseignante, à la discipline enseignée, à l'évaluation sont particulièrement pertinents pour penser les différences d'efficacité et les effets des attentes des enseignants sur la progression des élèves.

 Il construit deux grands modèles d'attitudes et de pratiques qui mettent en lumière les processus de construction des rôles : le modèle du "ritualisme académique" et le modèle du "pragmatisme pédagogique". La construction du rôle de l'enseignant, en relation ou non avec les transformations du public, des moyens et des buts de l'enseignement, organise largement les attentes et l'efficacité des enseignants.

En corrélation avec les évolutions fortes et durables du métier d'enseignant en Europe (source: Eurydice.org, 2004)

 

 

concept :François Muller @ 1998-2009

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