Le référentiel des
compétences professionnelles des enseignants
Extrait du rapport
du Haut Conseil de l’Education, octobre 2006.
Ce texte a permis de donner le cadre et les références du « Cahier des
charges de la formation initiale », paru au Bulletin officiel le1er
janvier 2007. Vous pouvez le retrouver dans son intégralité sur la page
www.education.gouv.fr/bo/2007/1/MENS0603181A.htm
Selon le Rapport annexé à
la loi pour l’avenir de l’Ecole, il faut distinguer trois « grands
ensembles de formation » : « l'approfondissement de la culture
disciplinaire », « la formation pédagogique visant la prise en charge de
l'hétérogénéité des élèves » et « la formation du fonctionnaire du service
public de l'éducation ». Ces ensembles de formation dessinent le cadre
général à l’intérieur duquel doivent être définies les différentes
compétences aujourd’hui attendues des enseignants, notamment dans la
perspective du socle commun.
Le Haut Conseil de
l’Education propose de reprendre la définition du terme « compétence »
qu'il a utilisée à propos du socle commun : une compétence est
toujours une combinaison de connaissances, de capacités à mettre en
oeuvre ces connaissances, et d’attitudes, c’est-à-dire de dispositions
d’esprit nécessaires à cette mise en oeuvre. Ainsi, par exemple, la
compétence « Prendre en compte la diversité des élèves » requiert, parmi
les connaissances, des notions sur les diverses formes
d’intelligence et sur le fonctionnement des mécanismes cérébraux ; parmi
les capacités, celle de savoir travailler et faire travailler à
partir des erreurs des élèves ; parmi les attitudes, celle d’être
convaincu que tous les élèves peuvent apprendre.
Les professeurs exercent
le même métier, qu’ils soient débutants ou chevronnés : c’est
pourquoi le Haut Conseil de l’Education recommande de construire un
référentiel unique de compétences professionnelles. Mais,
parallèlement, il conviendra de définir le niveau de maîtrise attendu en
fin de formation initiale pour chacune des compétences.
Les professeurs des
écoles et les professeurs des collèges et lycées sont tous des «
professeurs ». Cette unité du métier au-delà des particularités fortes
propres à chaque niveau d’enseignement justifie un seul référentiel
pour tout type d’enseignant, les précisions liées au niveau
d’enseignement devant être données item par item.
Dans le travail de
déclinaison des compétences en connaissances, capacités et attitudes
correspondantes, il faudra veiller à bien tenir compte des conditions
effectives du travail de l’enseignant comme des objectifs fixés par la
Nation, pour construire un référentiel complet et en lien étroit avec
ce que la pratique du métier exige au quotidien. La recension précise
des ressources indispensables aux compétences nécessitera sans doute des
ajustements réguliers par rapport à ce qui sera proposé dans les
formations.
Pour établir sa
proposition de référentiel, le Haut Conseil de l’Education s’est appuyé
notamment sur la réflexion menée dans d’autres pays où cette approche est
déjà en vigueur. Tout en étant adapté aux particularités françaises, ce
référentiel tend vers un modèle commun
aux pays qui, comme le nôtre, ont pour ambition d’élever le niveau de
formation
Référentiel proposé
:
1 -
Compétence disciplinaire et culturelle
L’enseignant a une connaissance approfondie et élargie de sa ou de ses
disciplines et une maîtrise des questions inscrites au programme de sa ou
de ses matières d’enseignement. Il possède aussi une solide culture
générale. Il peut ainsi aider les élèves à acquérir les compétences
exigées en s’appuyant sur la cohérence des différents enseignements.
2 -
Compétence en langue française
Les
exigences envers les enseignants sont cohérentes avec celles du socle
commun. Dans son usage de la langue, tant à l’écrit qu’à l’oral,
l’enseignant doit être exemplaire. Il est attentif à la qualité de la
langue chez ses élèves. Qu’il présente des connaissances, fournisse des
explications ou donne du travail, il s’exprime avec clarté et précision,
en tenant compte du niveau de ses élèves. Il sait décrire et expliquer son
enseignement à la diversité de ses interlocuteurs, en particulier les
parents.
3 -
Compétence à concevoir son enseignement
L’enseignant est un spécialiste de sa ou de ses disciplines et il sait
l’enseigner, c’est-à-dire qu’il est capable d’assurer, sur la durée d’une
année scolaire, l’apprentissage effectif de ses élèves dans le cadre d’un
enseignement collectif. Pour cela, il maîtrise la didactique de sa ou de
ses disciplines, et il est capable de mettre en oeuvre des approches
pluridisciplinaires ; il connaît les processus d’apprentissage et les
obstacles que peuvent rencontrer les élèves et la manière d’y remédier.
4 -
Compétence à prendre en compte la diversité des élèves
L’enseignant sait différencier son enseignement en fonction des besoins et
des facultés des élèves, pour tirer chacun vers le haut. Il prend en
compte les différents rythmes d’apprentissage, accompagne chaque élève, y
compris les élèves à besoins particuliers, et sait notamment faire appel
aux partenaires de l’Ecole. Il amène chaque élève à porter un regard
positif sur l’autre et sur les différences.
5 -
Compétence à gérer la classe
L’enseignant sait faire progresser une classe aussi bien dans la maîtrise
des connaissances, des capacités et des attitudes que dans le respect des
règles de la vie en société ; il établit un fonctionnement efficace pour
les activités quotidiennes de la classe, il est exigeant sur les
comportements et il fait en sorte que les élèves attachent de la valeur au
travail tant individuel que collectif.
6 - Compétence à évaluer
les élèves
L’enseignant sait évaluer la progression des apprentissages et le degré
d’acquisition des compétences atteint par les élèves. Il utilise le
résultat des évaluations pour adapter son enseignement aux progrès des
élèves. Il fait comprendre aux élèves les principes d’évaluation et
développe leurs capacités d’autoévaluation. Il communique aux parents les
résultats attendus et les résultats obtenus. Il prend sa part dans
l’orientation de l’élève.
7 -
Compétence en technologies de l’information et de la communication
L’enseignant maîtrise les technologies de l’information et de la
communication. Il s’en sert pour sa formation personnelle et dans son
enseignement, comme outil didactique et comme moyen d’accès à la culture
et d’ouverture sur le monde.
8 -
Compétence à travailler en équipe et à coopérer avec tous les partenaires
de l’Ecole
L’enseignant participe à la vie de l’établissement, notamment dans le
cadre du projet d’établissement. Il travaille avec les équipes éducatives
de ses classes et avec des enseignants de sa ou de ses disciplines, afin
que la cohérence dans les choix didactiques et pédagogiques favorise la
maîtrise des compétences par les élèves. Il coopère avec les parents et
les partenaires de l’Ecole.
9 -
Compétence à réfléchir sur sa pratique, à innover, à se former
L’enseignant est capable de faire une analyse critique de son travail et
de modifier le cas échéant ses pratiques d’enseignement. Il met à jour ses
connaissances disciplinaires, didactiques et pédagogiques, il sait faire
appel à ceux qui sont susceptibles de lui apporter aide ou conseil dans
l’exercice de son métier, il se forme en fonction de ses besoins
professionnels.
10 -
Compétence à agir de façon éthique et responsable dans le cadre du service
public de l’éducation
L’enseignant fait preuve
de conscience professionnelle et suit des principes déontologiques : il
respecte et fait respecter la personne de chaque élève, il est attentif au
projet de chacun, il respecte et fait respecter la liberté d’opinion, il
connaît et fait respecter les principes de la laïcité, il veille à la
confidentialité de certaines informations concernant les élèves et leurs
familles, etc. L’Education nationale détermine les finalités de
l’enseignement, définit les programmes et les horaires : l’enseignant
exerce donc sa liberté pédagogique dans le cadre des textes officiels ; il
sensibilise les élèves aux grandes causes nationales; il connaît les
droits et devoirs des fonctionnaires.
Reprises en grande partie
dans le texte du BO du 1er janvier 2007, les orientations et
le référentiel sont précédés d’une introduction qui donne sens au métier :
Tous les regards se tournent aujourd’hui vers l’école tant le partage de
la connaissance est essentiel dans la construction d’une société fondée
sur le principe de l’égalité républicaine, notamment l’égalité des
chances, sur la reconnaissance des mérites individuels et sur la volonté
de faire réussir tous les élèves. L’école est aussi le lieu de la
formation du citoyen où se construit une culture commune pour vivre
ensemble.
Un enseignant doit bien maîtriser des connaissances correspondant aux
disciplines qu’il aura à enseigner. Cela suppose une formation
disciplinaire solide qu’il reçoit pour l’essentiel à l’université. Il doit
aussi se familiariser progressivement avec la façon dont ces connaissances
peuvent être transmises aux élèves dans le cadre du socle commun de
connaissances et de compétences et des programmes d’enseignement : quels
en sont les points essentiels ? Comment les articuler entre eux ? Il doit
s’initier à la pratique de son futur métier : comment organiser sa classe
? Comment adapter sa pédagogie à la diversité des élèves ? Comment évaluer
le travail de chacun des élèves ? Il doit découvrir le cadre de l’école ou
de l’établissement : comment travailler en équipe ? Comment inscrire son
action dans un projet collectif ? Il doit enfin connaître le monde qui
l’entoure, le monde du travail et la société : comment appréhender la
diversité des contextes sociaux et économiques et des réalités scolaires
qui en découlent ? Comment ouvrir son enseignement et son action
pédagogique sur l’extérieur ? Comment répondre aux attentes des parents
qui confient leurs enfants au service public d’éducation nationale ?
La France s’est engagée dans la construction de l’espace européen de
l’enseignement supérieur.
La formation des professeurs prend en compte cet objectif national en
dispensant les enseignements destinés à permettre la mobilité des
enseignants au sein de l’Europe.
L’ensemble de ces nécessités ne peut
prendre corps que dans un système de formation des maîtres en alternance,
permettant une interaction entre approches théoriques et pratiques, qui
associe l’université, désormais chargée de la formation des maîtres, et
les établissements d’enseignement. C’est tout le sens de la loi
d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005
qui intègre les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM)
dans les universités : le législateur a voulu que les compétences
professionnelles des professeurs se construisent dans la durée -de la
formation disciplinaire de base à l’adaptation au premier emploi- et que
la formation professionnelle soit conçue sur le principe de l’alternance.