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la démarche -sosie a été beaucoup utilisée par le
GFEN , mais aussi par les SES, il y a pas mal d'exemples qui sont présentés. mais ça s'improvise
assez facilement (relativement). |
D Comelli
(message sur la liste ECJS-Voila, 10 février 2000)
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une démarche-sosie, c'est une démarche de
simulation:
on prend une situation problème, où il y a des vrais choix à faire, de vrais enjeux, et
chaque groupe d'élève représente un des acteurs intervenant dans cette situation. après préparation, pour percevoir les légitimités , les
intérêts et les logiques de chacun des acteurs, on fait rejouer la prise de décision
. (souvent un élève par groupe représente l'acteur , s'il s'agit d'une négociation, par exemple). et ensuite on analyse ce qui s'est dit et pris
comme décision et on compare avec ce qui s'est passé dans la réalité, quand
on a choisi une situation -problème réelle. (la phase de comparaison est très importante, c'est là que se fait le travail sur la réalité, mais aussi
sur les représentations qu'avaient les élèves de la logique de l'acteur).
c'est très utilisable ne géographie, pour tout ce qui est aménagement et réflexion sur les choix qu'ont eu à faire les sociétés, en histoire pour
certains moments clefs, dans certains thèmes d'ECJS.
c'est une logique très différente du débat argumenté: le débat argumenté
renvoie à une représentation de la citoyenneté comme démocratie représentative, de délégation, où on va choisir, si on est un bon citoyen,
celui qui argumentera le mieux, le plus raisonnablement. la démarche -sosie
renvoie à une éducation à la prise de décision : on est acteur soi-même, et
à la réflexion sur ce qui est en jeu, y compris de manière contradictoire,
dans chaque décision.
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je l'ai fait en collège comme en lycée, avec des classes très différentes.
des situations s'y prêtent particulièrement bien : le déclenchement de la
guerre de 14 (avec chaque groupe qui représente un pays), le traité de Versailles, les différentes phases de la révolution française. une
condition impérative pour que ça marche: les élèves doivent préparer leur
connaissance de l'acteur qu'ils vont interpréter, mais n'avoir aucun document sur le moment précis qu'ils vont "rejouer", ça bloque tout.
avantages: ça passionne les élèves, après un moment de surprise (il y a eu
parfois des fous-rires mémorables), et surtout ça permet un apprentissage intellectuel de haut niveau: les élèves acquièrent ainsi des connaissances
très solides sur ce qu'ils ont rejoué, et tous les enjeux derrière, parce
qu'ils ont été tellement impliqués que les connaissances rentrent tout seul, mais aussi , simultanément, ils apprennent à travailler sur les
notions de légitimité, sur la représentation, y compris les leurs.
Des observateurs extérieurs venus dans mes classes avaient été assez surpris du savoir (y compris de connaissances factuelles, en plus de la
richesse d'analyse et d'interprétation) qui était resté , deux ans plus tard , à une de mes classes de STT avec qui on avait beaucoup travaillé la
révolution française de cette manière; alors que quand je la fais de
manière plus classique, mes élèves deux ans plus tard ont beaucoup, beaucoup oublié de choses (et je ne peux pas dire que le collègue était
nul, puisque c'était moi qui leur avais appris...). je viens de faire ainsi
le déclenchement de la guerre de 14-18 la semaine dernière, et les analyses
ont été assez loin pour que je me permette de les faire travailler
directement sur le livre de Mosse sur la brutalisation de la guerre de 14-18, (qui est aussi responsable de la barbarie nazie, il n' y a pas que
les études classiques qui en sont responsables, quand même...).
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rappel: je n'enseigne pas dans un lycée de centre ville, mais en zone
sensible avec une classe adorable d'élèves dans des situations économiques
monstrueuses et des situations familiales et psychologiques parfois tellement douloureuses que mes élèves m'épatent par la manière qu'ils ont
de tenir le coup avec vaillance et chaleur humaine. pourquoi ne parle-t-on que des endroits ou ça explose, ça brûle, (et c'est vrai qu'il y a des
situations intolérables parfois pour les élèves et enseignants) et jamais
de tous ces endroits, qui représentent la majorité des établissements, où
les élèves , avec bonne volonté et ouverture , continuent à vivre et à étudier alors qu'ils vivent parfois un quotidien que nous ne soupçonnons
souvent même pas. |
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