|
-
Le
choix est encore "révolutionnaire"
Moins de 10 % des établissements parisiens prennent en compte
le choix de l’élève dans son parcours. 8 collèges
sur les 14 engagés dans le dispositif Parcours sont entrés
dans cette démarche.
Il est à noter que le libre choix de l’élève accompagne
systématiquement le mode de parcours par
ATELIERS, inversement au mode en DOMINANTE.
Cependant, même dans ce cas, 2 établissements ont pris le
risque du choix.
-
Changer par
étapes
Etude de cas : le Collège GIACOMETTI (XIVème arr.).
Etablissement de taille moyenne (430 élèves), une SEGPA
et 18 élèves mal entendants. Un public scolaire difficile
avec des conflits interethniques, l’établissement est en cours de
classement en catégorie « sensible ». Compte tenu
des moyens attribués, travailler la souplesse horaire ne pose pas
de problème. Les résultats scolaire : 68% de réussite
au brevet, 61 % des 3èmes sont orientés en 2ème.
L’équipe pédagogique est réceptive à toute
innovation. L’an dernier, le dispositif parcours avait une configuration
de classes à dominantes. Cette année, le système a
été refondé sur des bases nouvelles : parcours par
ateliers avec prise en compte du choix de l’élève, autour
de 5 thèmes.
Chaque atelier thématique donne lieu à une production
finale : pièce de théâtre, journal, flash d’information
radio et vidéo, construction d’une maquette.
Concernant le choix de l’élève, une lettre d’information
a été envoyée aux parents, sur 106 élèves,
il y a eu 76 retours ; le choix s’est opéré avant la formation
des classes. 60 élèves ont obtenu leur premier vœu, les élèves
qui n’ont pas répondu ont été répartis. Le
thème « flash info » a été le plus demandé.
Une formation d’établissement a permis d’assurer la reconfiguration
du dispositif et l’élaboration du choix.
Le mode d’évaluation se fait grâce à une grille
commune mais des critères plus spécifiques sont établis
pour chaque atelier. Les critères sont plutôt centrés
sur des comportements observables (compétences de l’élève)
; ils devraient apparaître dans le bulletin scolaire.
La régulation se fait au moment de réunions trimestrielles.
-
Prendre
le temps d'organiser le choix
Etude de cas : le Collège Anne FRANK
(XIème arr.)
Le travail a été initié dès juin 1998 par
une équipe d’enseignants volontaires recevant une formation préalable
et continuée sur l’année.
Ils ont présenté le projet devant l’ensemble des élèves
de 6ème en insistant sur les liens entre parcours et cours, et en
évoquant le bénéfice que peuvent en tirer les élèves.
Les 4 divisions seront répartis le temps des parcours en 6 ateliers
dont les thèmes sont étroitement liés au projet d’établissement
et établis sur les ressources des enseignants. Toutes les disciplines
sont concernées.
Comment choisir ? Les élèves ont eu un temps de réflexion
de 15 jours puis ils ont travaillé au sein de leur classe sur l’analyse
de leurs goûts, de leurs points forts, de leur motivation . La formation
à l’éducation au choix reçue auparavant les a aidés
dans ce travail. Puis, ils ont formulé trois choix par ordre préférentiel.
Les parents, consultés, ont peu modifié le choix de l’enfant.
Le seul problème est celui du nombre limité de places par
atelier, certains étant plus brigués que d’autres. Toutefois,
la régulation ne s’effectue qu’à la marge, pour environ 15
% des élèves.
Après le choix, dans chaque atelier, une enquête est menée
sur ce que les élèves savent déjà dans le domaine,
ce qu’ils aimeraient apprendre ; les enseignants ont explicité les
contextes d’apprentissages qu’ils vont poser mais aussi les compétences
transversales qu’il sera possible de développer à partir
de ces contextes.
Un dispositif d’évaluation est prévu à partir
de critères déterminés : motivation, initiatives,
savoir-être, compétences acquises, valorisation de l’image
de soi, associant professeurs et élèves
Cette expérience semble pouvoir être une réponse,
partielle mais pertinente, à la diversité des élèves.
Elle a eu un effet positif et dynamique sur l’établissement : elle
a déclenché une libération de la parole chez les enseignants
qui échangent entre eux et avec la direction. Les élèves
s’impliquent fortement (aucune absence, ni renvoi au cours des ateliers)
-
Gérer
les effets que l'on produit
Au Collège Pierre ALVISET, on fait des parcours sans le savoir
; c’est l’occasion de faire travailler des personnes ensemble. Le problème
réside dans le choix de la composition de la classe, entre homogénéité
ou hétérogénéité . Une classe «
sport » à public ciblé a été composée
en 6ème ; elle se poursuit en cycle central, en rajoutant quelques
élèves intéressés. On fait un « écrémage
» pour obtenir une 4ème. Elle bénéficie de moyens
supplémentaires donnés. Une autre classe dans le cycle est
composée sur le thème « voyage » (préparation,
journal). Sont-ce bien des parcours diversifiés ?
Sur cette question, il s’agit de réfléchir : le dispositif
a pour finalité de redonner sens à l’école pour l’ensemble
des élèves et non seulement pour une classe. Ce n’est pas
le traitement des difficultés scolaires, mais une réponse
à la diversité
des goûts et des capacités des élèves. Le
traitement par ateliers, plutôt que par dominantes, permet de jouer
sur les interactions entre les élèves de différentes
classes ; on recrée de la diversité là où l’organisation
était fondée sur l’homogénéité.
Au collège Pierre MENDES FRANCE, les parcours existaient formellement,
mais correspondaient à des classes de niveau (parcours langues,
SVT-EPS, physique et technologie, images et media). Le choix des élèves
s’est opéré cette année dans une transparence totale,
mais un effet pervers a joué : la classe de niveau s’est recréée
d’elle-même par le choix concerté des élèves
d’un même quartier, voire d’un même immeuble. Il s’agira de
mieux
organiser les situations de choix pour la rentrée prochaine.
-
Une
démarche d'éducation aux choix
Les échanges lors des trois sessions
du séminaire ont permis
de clarifier quelques critères de réussite pour prendre en
compte le choix de l’élève.
Tout d’abord, le choix de l’élève ne peut s’envisager
que s’il est possible pour tous les élèves
d’un même niveau et il est judicieux d’offrir de nouveau
le choix aux élèves en fin de 5ème pour éviter
de reconstituer les filières.
Le conseil de classe constitue un moment privilégié pour
percevoir en positif les intérêts des élèves
et plus largement, pour opérer un travail de collecte des intérêts
(le processus ici est plus important que la production).
Faut-il remonter aux demandes des élèves par
une enquête ? On trouve cette
démarche au collège François VILLON ; elle est
encore très marginale mais suscite beaucoup d’intérêt
de la part des chefs d’établissement. L’élève
devient alors acteur collectif et collaborateur de l’offre scolaire,
en amont du dispositif.
Pour les professeurs, la difficulté est de passer d’un repérage
des besoins et des lacunes à un parcours choisi par les élèves
où l’on développe des capacités transversales qui
renvoient aux disciplines. La cible, ce sont donc des compétences
transversales à acquérir ou à approfondir. Il impose
en amont une clarification des objectifs dans chaque discipline en jeu.
Le problème soulevé est celui du choix des projets par les
professeurs sur lesquels les élèves vont s’exprimer. Quel
parcours faut-il développer ? Il s’agit d’identifier clairement
le détour pédagogique retenu..
Ensuite, une opération
d’information s’avère nécessaire à destination
des élèves et de leurs parents en fin de sixième (le
plus souvent). Il s’agit de présenter
le dispositif retenu (ateliers ou dominantes) et d’expliciter la démarche
afin d’en montrer l’intérêt, le gain en terme d’apprentissages
pour chacun.
Enfin, l’élève doit pouvoir réellement choisir.
Aussi, le choix doit-il être guidé et constituer en lui-même
un moment et un objectif d’apprentissage.
Dans les exemples cités par le principal du collège UTRILLO,
le choix des élèves SEULS a été requis, sans
l’interférence de l’avis des familles. L’équipe de direction
a présenté les thèmes des ateliers sans mention de
l’enseignant concerné pour éviter « la côte d’amour
» et pour considérer le seul intérêt du parcours.
Le choix de l’élève interroge sa motivation à choisir
tel ou tel parcours. Le collège
VILLON a enquêté sur ce point , les réponses
sont très diverses : intérêt intrinsèque pour
le thème, la production, sentiment d’approfondir un manque ressenti,
rarement des liens de copinage. On n’en espérait pas tant.
A l’instar du collège Gabriel FAURE,
il est important de veiller au cas spécifique des élèves
en difficulté scolaire : dans ce cas, leur premier vœu est
toujours satisfait ; d’autre part, maintenir l’équilibre et la relative
hétérogénéité des groupes (ateliers
dans ce cas) est une préoccupation constante ; le dispositif en
ateliers a été la réponse choisie par le collège.
La principale résistance avancée vis à vis du
choix de l’élève est le risque pris de voir s’opérer
un plébiscite sur un ou deux parcours. Les expériences menées
montrent qu’en ayant travaillé en amont sur la diversification de
l’offre à
partir des centres d’intérêt des élèves
corrélé avec les potentialités de réponses
des enseignants on observe une répartition équilibrée
des vœux des élèves. Dans tous les cas, plus de 80 % des
élèves ont vu satisfait un des deux premiers vœux ;
on peut renégocier à la marge avec le reste. Le
mode par ateliers rend plus facile la répartition des élèves
car d’emblée sont prévues deux sessions semestrielles : les
élèves auront dans l’année forcément deux
de leurs vœux satisfaits.
-
Le choix, un
acte éducatif (Ph.PERRENOUD)
Malgré les réticences au départ, une dynamique
se crée grâce aux parcours et un travail en équipe
se développe. Les méthodes de travail changent et des projets
transdisciplinaires se mettent en place.
On arrive à mieux gérer l’hétérogénéité
des élèves dans les classes car ils ont choisi de faire quelque
chose qu’ils aiment . Ils découvrent l’importance des compétences
disciplinaires à acquérir et on entre dans une pédagogie
du plaisir (dixit un participant)
Sur cette stratégie du choix, comme pour les autres, il
n’y a pas de formation pré-construite, mais bien un accompagnement
des équipes qui leur permette de créer des situations organisationnelles
et d’apprentissages débloquant les résistances.
-
Une chek-list pour une démarche
de choix
|
|
|