JEU DE ROLES SUR LA PRATIQUE DE LA REUNION | ||
La réunion est un système complexe à
analyser. En formation, on peut introduire un jeu de rôle avec un double
dispositif d'observation:
Une réunion se tient, observée par des personnels étayés par une fiche (l'une portant sur les participants, l'autre portant sur l'animateur). Le formateur observe l'ensemble. |
Equipe des conseillers pédagogiques EPS de Paris, 2001 | |
LES JEUX DE RÔLE: présentation de la démarche
Qu’est-ce que c’est ?
Le jeu de rôle met les stagiaires en situation de simuler une action ou un comportement ayant lieu dans des circonstances réelles ou réalistes. Je ne parlerai pas ici des jeux de rôle totalement fictifs, du style Heroic Fantasy (« Donjons et Dragons ») car ces activités sont dissociées du réel du stagiaire. Or, une des conditions d’apprentissage de l’adulte est que la formation soit visiblement liée ou comparable à ce qu’il vit dans la réalité. Si ces jeux sont de merveilleuses activités de détente ou de création, ils ont plus difficilement utilisables pour apprendre à se servir d’un logiciel ou à vendre. Le jeu de rôle est beaucoup utilisé en stage comportemental ou linguistique : simuler un entretien d’embauche, une présentation en anglais, une réunion de travail, un échange avec un collaborateur.
Pour quoi faire ?
Dans « jeu de rôle », il y a « jeu ». Cette technique sert avant tout à se détendre et à apprendre en s’amusant. Cela permet de dédramatiser les situations jouées qui, grâce à l’environnement fictif crée par le stage, se déchargent de leurs enjeux. Le jeu de rôle assure l’apprentissage par l’action et l’observation. Il garantit également une prise de conscience des formés qui les distancie de leurs habitudes quotidiennes et les aide, doucement, à se remettre en question, à faire table rase pour mieux reconstruire.
Quand ?
Les jeux de rôle peuvent être mis en place aux moments de la journée où les participants sont concentrés : on ne lance pas un jeu de rôle à midi ou à 17 h. Ils doivent se placer après une séquence d’activité démonstrative, ou après un premier jeu de rôle, en renforcement et pour permettre à d’autres stagiaires de participer.
Comment les préparer ?
Un jeu de rôle demande beaucoup de soin dans sa préparation Pour que les conditions d’apprentissage soient respectées, il faut mettre au point trois types de documents.
La fiche de situation, distribuée à tous les participants, décrit le cas. Prenons comme exemple un séminaire de management sur l’entretien d’appréciation. La situation peut être la suivante : « le chef du service micro-informatique de l’entreprise X mène l’entretien d’appréciation de son assistante. Ils travaillent ensemble depuis huit ans. L’activité du service consiste à… Le service a connu l’année passée des changements suivants… »
La fiche décrit l’environnement du cas. Dans le cas d’un stage sur mesure, il est tout à fait possible de prendre comme terrain l’entreprise concernée. On prendra soin néanmoins d’inventer les personnages pour éviter les situations embarrassantes.
Les fiches de rôles décrivent les caractères, l’histoire et les objectifs des personnages. Il ne s’agit pas là de romans complets mais de descriptifs de quelques lignes permettant aux joueurs de tenir leur rôle, dans des situations ne présentant pas de risque d’évolution vers le psychodrame : on est alors en situation de simulation. Par exemple, on peut demander à des responsables marketing de présenter leurs propres produits en anglais, ou à des vendeurs de simuler un entretien commercial réel, avec de vrais objets et de vrais argumentaires. plus la situation est proche du réel, plus elle est profitable pour les stagiaires et plus elle fait émerger des objections souvent difficiles à gérer pour le formateur : « en vrai, ça n’est pas comme ça, mon acheteur n’aurait jamais dit ça, on sait qu’on est observé… » Ces objections sont tout à fait normales et sont le signe qu’un lent processus de changement est en train de se mettre en place chez les formés.
Les grilles d’analyse servent aux observateurs. En effet, que le jeu soit filmé en vidéo, joué devant le groupe ou devant un observateur, il est nécessaire qu’il soit ensuite analysé à partir de critères objectifs et mesurables. Les grilles d’analyse reprennent les éléments techniques présentés lors de l’activité démonstrative précédente et devant être appliqués dans le jeu : les phases à respecter lors de l’entretien, le vocabulaire employé, les tournures anglaises utilisés, l’attitude non verbale… Une grille d’analyse peut se présenter de la façon suivante :
Points observés |
Points positifs |
Points négatifs |
Techniques à appliquer |
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Cette grille est remplie par les observateurs, corrigée par le formateur et remise aux joueurs qui peuvent ainsi mesurer leur progression d’un jeu à l’autre et y revenir après le stage.
Comment les lancer ?
- Annoncer l’exercice et son objectif : « Nous allons faire un jeu de rôle simulant un entretien d’appréciation. L’objectif est d’appliquer les techniques de consultation que nous avons vues tout à l’heure. »
- Annoncer la durée, le résultat attendu, les suites : « Le jeu va durer dix minutes, vous allez le préparer pendant vingt minutes et ensuite nous l’analyserons. » Il est important de dédramatiser l’enjeu et de préciser qu’un jeu de rôle est avant tout une activité ludique et distrayante.
- Expliquer le fonctionnement du jeu. Les jeux de rôle peuvent s’organiser de diverses manières. Si l’on utilise la vidéo et qu’on a une salle de sous-commission, il est plus efficace de faire jouer les joueurs dans cette salle. Filmés par une caméra ou un caméscope relié à la télévision située dans la salle plénière, cela permet au reste du groupe de visionner en direct en remplissant la grille d’appréciation. Ensuite, les joueurs rejoignent le groupe et visionnent la cassette que le formateur interrompt régulièrement pour permettre les commentaires. Si l’on n’a pas de vidéo et qu’on souhaite faire jouer le maximum de participants, on peut organiser des trinômes – deux joueurs et un observateur – qui échangent leurs fonctions à tour de rôle.
Enfin, pour les jeux de rôle en groupe, on peut également soit filmer le jeu, soit répartir autour du groupe de joueurs des observateurs chargés de regarder, chacun, deux à trois personnes. Quelle que soit la formule choisie, le jeu demande du temps de préparation pour se familiariser avec la situation et le rôle. Il est préférable que les protagonistes préparent seuls, afin de conserver toute leur spontanéité pendant le jeu.
Comment le gérer ?
Il est souhaitable que le formateur n’intervienne pas pendant le jeu. Si les joueurs interrompent le jeu en cours par un fou rire ou une remise en question des règles, on peut traiter la situation en grand groupe, faire s’exprimer les joueurs, le cas échéant repréciser les règles du jeu ou changer de joueur ou… de jeu !
Comment le conclure ?
L’analyse du jeu se fera d’autant plus facilement que les grilles d’observation auront été bien préparées et bien remplies. L’ordre dans lequel on donne la parole est important : on fait d’abord s’exprimer les joueurs, puis le groupe, puis le formateur synthétise les observations. Les commentaires seront guidés : d’abord parler des points positifs, ensuite des points à améliorer, enfin des conseils techniques que les joueurs peuvent suivre pour progresser. Chaque joueur reçoit les fiches d’observation le concernant et peut, grâce à elles, rédiger son plan d’action.
FICHE D’OBSERVATION / AUX PARTICIPANTS A LA REUNION |
RQ :
un observateur observe 2 participants -
relever les mots clefs -
relever les attitudes clefs -
relever les propositions / contenu
/
organisation -
prend il souvent la parole ? -
obtient il l’écoute des autres participants ? -
écoute t il les autres participants ? -
fait il des apartés ? -
s’adresse t il au grand groupe ? -
s’adresse t il de manière privilégiée à certaines
personnes ? -
… |
FICHE
D’OBSERVATION / AU MENEUR DE LA RÉUNION |
-
comment introduit il la réunion ? en précise t il
l’objectif, les objectifs ? -
donne t il des règles de fonctionnement au groupe ? -
a t il distribuer des tâches ? si oui lesquelles ? -
gère t il le temps ? -
gère t il la parole ? -
a t il recours à des outils particuliers ? (
tableau…) -
fait il des relances ? rappelle t il l’objectif… ? -
reformule t il les propositions des participants ? -
demande t il des explicitations ? -
fait il des synthèses intermédiaires ? -
fait il une synthèse finale ? -
prend t il position ? -
contribue t il à la participation de tous ? en quoi ? -
quel est son comportement en cas de conflits ? - … |
FICHE
D’OBSERVATION DESTINEE AUX FORMATEURS, |
-
y a t il une stratégie, une méthode de travail proposée ?
( si oui proposée par qui ? le meneur de la réunion, les
participants ?) -
explicite, implicite -
respectée ou pas -
s’arrête t on sur des détails -
passe t on vite sur des points importants -
… -
y a t il une répartition des tâches ? explicite (
proposée par qui ? le meneur de la réunion, les participants ?)
ou implicite ? -
y a t il une gestion du temps ? -
y a t il respect de l’objectif ? -
quel est le caractère des échanges, sur la forme et le
fond ? -
niveau d’écoute -
prise de parole de chacun, mise en relief des paroles de certains :
actifs, passifs, leader… -
est ce que certaines personnes influencent plus particulièrement les
autres ? -
registre d’intervention -
y a t il des reformulations -
y a t il développement d’arguments pour convaincre -
y a t il négociation, recherche de consensus -
quelles attitudes pour passer du choix individuel au choix collectif - … |