1) Phases du cours
Il n'y a pas de schéma de cours type, uniforme et systématique, mais
il est bon de se fixer des points de repère, tout particulièrement lorsqu'on n'a pas ou
peu d'expérience de l'enseignement de l'anglais. Ces points de repère peuvent être les
suivants: une heure de cours gagne toujours à être conçue en termes de phases
successives cohérentes entre elles tout autant que spécifiques. Les quatre phases
fondamentales sont:
1. Phase de reprise: prise de contact avec la classe,
réactivation et contrôle du travail précédent; "interrogation" orale
et "correction" d'exercices écrits qui ne doivent pas excéder 10 à 15
minutes en tout, sous peine de devenir lassants et inutiles. Ce doit être loccasion
pour les élèves de réinvestir les acquis. Profitez du fait que tous les élèves ont
les moyens dêtre actifs.
2. Phase de Prise de connaissance du document étudié : il
s'agit daller au-delà de la simple vérification de la compréhension ; il est
indispensable d'apprendre aux élèves à comprendre, non pas de repérer seulement
qui a compris et ce qui a été compris. Le but est bien d'apprendre aux élèves à repérer
les mots et les idées, les détails et le sens global, à s'appuyer sur ce qu'ils
comprennent pour inférer le sens de ce qu'ils ne comprennent pas, à faire des
hypothèses et à les confirmer ou infirmer en contexte, à trouver les
liens logiques et chronologiques, etc.
Des questions posées par le professeur, des "grilles de
compréhension" ou des exercices de right/wrong ou de Q.C.M. ne sont pas
toujours les plus adéquats car ils n'amènent pas toujours les élèves à s'interroger
sur le sens du document de manière autonome et active. Que faire ? Donner
des habitudes de travail, des modes de recherche (Who ? Where ? What ? ...) et mettre
en commun le fruit des recherches de chacun en évitant que ceux qui comprennent «ne
coupent l'herbe sous le pied» des autres. Il faut bien sûr pour cela fixer des tâches
précises, spécifiques et différenciées : l'un cherchera le sens de "x",
l'autre de "z" et un autre de "y" puis, à partir de quelques
éléments de réponse, les tâches seront redistribuées. Le nombre d'élèves rendus
actifs est plus important que "l'exactitude" des réponses, bien plus encore que
la rapidité des réponses.
L'objectif n'est pas de comprendre le plus vite possible mais d'amener
tous les élèves à chercher le sens non pas trouver les réponses le plus vite
possible mais comprendre le problème qui se pose et participer activement
à ces recherches.
3. Phase de mise en forme de l'expression : le but est alors d'apprendre
aux élèves à s'exprimer, de leur apprendre à résumer ce qui a été compris, par
exemple, ou de donner leur avis sur ce qui a été étudié, en élaborant des phrases
et des énoncés complets. L'entraînement des élèves à prendre la parole à
partir de notes est un des exercices les plus profitables.
La distinction entre compréhension et expression doit
être claire, comme celle qui existe entre écrit et oral (ou auditif). Ceci
signifie qu'il faut distinguer les savoirs et les savoir-faire spécifiques
requis pour comprendre un texte lu ou entendu, pour s'exprimer à l'écrit
ou à l'oral.
4. Phase de bilan, de réflexion sur ce qui a été fait au
cours de la leçon. Les élèves sont invités à faire linventaire de ce
quils ont appris ;
5. Prise de notes et consignes de travail : Il faut
souligner l'importance d'une gestion rigoureuse du temps qui permet de donner ce travail
pour le cours suivant avant la sonnerie, sans précipitation ni confusion. Lorsque
la sonnerie retentit les élèves doivent être prêts à quitter la salle dans le calme
et se rendre dans la salle du cours suivant sans tarder.
Les phases 3 et 4 cumulées ne peuvent que difficilement dépasser 40
à 45 minutes.
2) Etablir une progression : lamont et laval
Le travail effectué sur une séquence sinscrit dans une perspective plus vaste.
Laval dune chose est déjà lamont dautre chose. A travers
létude de documents différents, on gardera le souci dune continuité des
apprentissages visant une construction progressive des savoirs et des savoir-faire.
3) La grammaire - Le lexique - La phonologie - Les savoir-faire
Voir également ces rubriques au dernier chapitre intitulé
«Recommandations complémentaires ».
Deux définitions :
Savoirs: connaître du vocabulaire, des règles de grammaire,
des éléments de la culture et de la civilisation des pays anglophones, des
."règles" de phonologie...
Savoir-faire: savoir utiliser les savoirs pour comprendre et
sexprimer ; par exemple savoir faire des repérages, faire des hypothèses
(puis les confirmer ou les infirmer en contexte), faire une "analyse" puis une
"synthèse", élaborer un discours (clarifier sa pensée et simplifier
l'expression de celle-ci, réutiliser acquis linguistiques, créer des liens logiques et
chronologiques) etc.
Dans toutes les phases du cours, grammaire, lexique et phonologie sont
à prendre en compte comme composantes indissociables de lénonciation. En
dautres termes, il faut amener les élèves à produire des énoncés cohérents
tout autant du point de vue de la langue que de celui du sens.
La préoccupation première devant demeurer lénonciation, la
phonologie ne doit en aucun cas être dissociée de la grammaire et du lexique. Il faut
insister sur l'importance de la qualité du modèle d'anglais proposé par le professeur
à ses élèves. L'authenticité de ce modèle tient à la richesse et l'exactitude de la
langue (lexique et grammaire) ainsi qu'à la qualité phonologique : phonèmes, accents de
mots, schémas intonatifs. Tout ceci est absolument capital dès les débuts de
l'apprentissage, c'est-à-dire dès la 6ème, ou même avant, le cas échéant.
Le professeur doit d'autre part être constamment attentif à la
qualité de l'anglais parlé par les élèves, autant sur le plan phonologique que
sur celui de la correction lexicale et grammaticale ; lobjectif est de donner
de bonnes habitudes en matière de prononciation et la meilleure manière dy
parvenir nest pas non lus de sur-corriger mais de ne pas laisser passer
la moindre erreur sans la reprendre à court ou long terme, de la façon la plus subtile
et la plus tenace possible.
Quel professeur débutant ne s'est pas demandé ce que devait être la
place et la part de la grammaire dans son enseignement ? Ce qui semble être le plus
important à cet égard est de comprendre et faire comprendre que la grammaire n'est pas
une fin en soi, mais un outil, certes indispensable mais pas exclusif pour réussir à
comprendre et à s'exprimer en anglais. Les "explications" grammaticales
n'auront que peu d'intérêt et peu d'efficacité si elles n'impliquent pas les élèves
de manière active, si elles ne partent pas d'énoncés véritablement porteurs de
sens (le drilling grammatical décontextualisé les exercices
"mécaniques" ne sont pas sans intérêt mais ne permettent pas aux élèves de
réfléchir et de comprendre le sens des structures étudiées). Il faudra lire à ce
propos ce qui est dit dans les Programmes et Instructions Officielles (Pratique raisonnée
de la langue). Un autre principe doit être rappelé ici : une avancée assez rapide
dans le programme qui saccompagne de rebrassages systématiques et fréquents
est beaucoup plus efficace quune lente compilation de faits de langue présentés
successivement. Le passage du présent ING au présent simple et au prétérit dès
le début de létude de la langue est ainsi préférable à une longue période
dapprentissage et de fixation du seul présent ING. La meilleure façon de
lutter contre les confusions nest pas de les occulter mais au contraire de les
mettre en évidence aussi clairement et aussi fréquemment que possible.
L'étude du vocabulaire a souvent occupé une place secondaire par
rapport à la grammaire, ce qui n'est en aucune façon justifié. Il n'est pas exclu
d'apprendre du vocabulaire sous forme de «listes» (ou dans des «répertoires») mais
ceci ne constitue pas non plus la manière la plus motivante d'une part ni la plus
efficace de le faire. Des mots pris et appris isolément ne seront ni aussi bien compris
ni aussi bien mémorisés que des mots appris dans un contexte explicite. Il faut rappeler
le peu d'intérêt des mots isolés qui a été signalé à propos des traces écrites
(tableau et cahiers). Le professeur peut choisir d'élucider (d'expliquer) certains mots
mais ce choix doit être très réfléchi.
Ce terme et ce concept ont été mentionnés dans le cadre des phases
de la leçon mais il est nécessaire d'y revenir afin de bien en faire percevoir
l'importance: apprendre une langue étrangère ne se limite pas à l'étude de mots, de
structures grammaticales et d'éléments phonologiques. Il est aussi indispensable de
développer des savoir-faire que la pratique de la langue maternelle soit ne
requiert pas, soit ne fait pas apparaître: apprendre à paraphraser par exemple,
à reformuler, à clarifier et simplifier ce que l'on veut dire et comment on va le dire,
etc.
Il convient de rechercher une exposition maximale à la langue alliée
au plus grand nombre de rebrassages possible. Lapprentissage doit être bâti en
spirale et le cours inscrit dans une démarche cohérente et progressive.
4) Le travail systématique de la mémoire
Le cours est le premier lieu dapprentissage et de mémorisation. Eléments
favorisant la mémorisation :
Pauses récurrentes pendant le cours (résumer pour stocker) ;
Le « par cur » (listes, dialogues, poèmes)
Pratiques systématiques de la mise en réseaux : classer, relier, organiser,
hiérarchiser le lexique ;
Répétition, correction, rebrassage, reformulation, bilan de lheure de
cours ;
Repères visuels, traces écrites au tableau et dans le cahier.
5) La place de lélève
Lélève aura une place et un rôle différents selon que le professeur
choisira :
¤ dêtre celui qui propose un document, qui en élucide les difficultés, qui
explique, qui interroge, qui corrige, qui donne des règles, qui donne des exemples et des
modèles, etc.
¤ dêtre celui qui propose un document, qui montre comment il
est possible de chercher et de découvrir le sens des mots et des structures en
réfléchissant sur un corpus dexemples, qui explicite les savoir-faire (cf. supra),
qui amène chacun à sinterroger, à se corriger, à sévaluer,
etc.
Autrement dit le choix simpose entre une approche magistrale (qui
na pas que des inconvénients au demeurant) et une approche plus centrée sur
lélève, cest-à-dire qui fait des acquis de ce dernier le point de
départ de lapprentissage (ce qui est rendu à la fois plus difficile et plus
nécessaire encore si le groupe délèves est hétérogène).
Partir des besoins réels des élèves (plutôt que de partir des
besoins présumés ou imposés par le professeur) ne pourra se faire que sil y a interactivité
au sein de la classe. De nombreuses occasions se présentent pour véritablement
communiquer, ne serait-ce quen privilégiant les questions authentiques (celles pour
lesquelles celui ne dispose pas déjà de la réponse lorsquil les pose) et une
approche ludique (le jeu rendant alors authentique ce qui ne le serait pas
sans cela ; celui qui pose une question peut alors en effet connaître la réponse
parce que le jeu est de la faire deviner par exemple). Sil est vrai
quune réelle communication nst peut-être pas possible dans le contexte
scolaire et nécessairement hiérarchique dune classe face à son professeur, il
nen demeure pas moins que certaines phases de la leçon peuvent être consacrées à
des échanges entre les élèves et le professeur et/ou entre les élèves eux-mêmes.
Pour favoriser la communication il faut propposer des tâches précises aux élèves, leur
laisser le temps de les effectuer après avoir fourni les outils linguistques requis et
des outils méthodologiques transférables dun support à lautre. Cette tâche
sera mieux définie si le principe est «Comment faire pour comprendre ceci ?»
plutôt que «Avez-vous compris ceci ?».
Parmi les responsabilités essentielles du professeur, il convient de
ne pas oublier celle qui consiste à aiderles élèves à acquérir des méthodes de
travail, à devenir autonome en un mot. Il faut donc éviter à tout prix éviter de poser
trop de questions mais apprendre au contraire aux élèves à sen poser (à
eux-mêmes et aux autres) : une approche moins frontale et plus communicative
est à la fois plus stimulante et plus motivante pour lélève, plus efficace donc
sur les plans didactique et pédagogique. Remarquons enfin que lutilisation des
nouvelles technologies (cf. chapitre consacré à celles-ci) peut fortement contribuer à
développer cette dimension communicative de lenseignement.
Vieux ( ?) proverbe chinois : «mieux vaut apprendre à pêcher à celui qui a faim que
lui donner un poisson»
6) Lévaluation
Lévaluation nest pas une sanction. Elle fait partie de
lapprentissage et doit être conçue pour aider lélève à progresser.
Quelques principes :
*tout tester : les savoirs (récompenser le travail de
mémorisation) et les quatre savoir-faire (quatre compétences) fondamentaux
(compréhension écrite et auditive, expression écrite et orale) ;
*ne pas tester trop tôt : laisser à lélève le temps de
sapproprier les connaissances, donc prévoir autant dactivités spécifiques
à lapprentissage quil est nécessaire ;
*ne pas tester trop souvent : "over-testing prevents
teaching" ;
*tester régulièrement, soit à la fin de chaque unité, soit selon
une périodicité fixe (tous les quinze jours par exemple) ; ne pas concentrer toutes
les évaluations en fin de trimestre, juste avant larrêt des notes ;
*ne pas tester trop longuement, donc ne pas tout tester en même
temps ;
expliciter les critères et le barème ;
dans les bulletins trimestriels, détailler les notes en
disant à quelle compétence elles renvoient ; donner des informations sur le
comportement de lélève mais éviter les injonctions moralisatrices (ou ironiques)
et les condamnations sans appel. Ne pas oublier que des parents non anglicistes et non
pédagogues liront les bulletins, dun il très critique quelquefois
Lévaluation nest pas une fin en soi, elle doit servir à
planifier le travail ultérieur. Il est bon pour ceci même de toujours sintéresser
à la démarche utilisée par lélève pour accomplir la tâche demandée, cette
information étant précieuse pour la remédiation qui suivra.
7) Le français :
«Peut-on parler français ? Quand et pour quoi faire ? »
Si le fait de parler français n'est pas exclu en soi, il faut
néanmoins se rendre compte que toute occasion manquée de parler anglais est plus que
regrettable. N'oublions pas non plus que le français du professeur sera lui-même un
modèle suivi ou critiqué par les élèves.
Si le recours au français (la traduction) demeurait la seule
façon pour les élèves d'être sûrs de comprendre et de s'exprimer, c'est le sens même
du cours d'anglais qui serait remis en cause. Il faut en effet apprendre aux élèves à
travailler en anglais, à entendre leur professeur parler anglais, à s'efforcer de
s'exprimer en anglais (voir supra) et à ne pas traduire de manière systématique.
Apprendre un langue étrangère signifie apprendre à comprendre et s'exprimer
dans cette langue, donc apprendre progressivement à penser dans cette langue. Un
cours danglais qui serait un discours en français sur la langue étrangère
signifierait que celle-ci est plus morte que vivante.
Il est cependant possible, indispensable même quelquefois, de parler
français pour donner des consignes de travail nouvelles et particulièrement
complexes, pour réfléchir sur la langue si la métalangue nécessaire est
complexe (c'est loin d'être toujours le cas: il est possible de dire ce qu'une structure
ou une phrase veut dire sans utiliser un jargon grammatical, obscur ou non !). L'exercice
de traduction exige naturellement un travail approfondi sur la mise en français,
surtout dans le second cycle (divers procédés de traduction, reformulations et
transformations sans trahisons, etc.). Tout ceci ne constituera qu'une part limitée de la
leçon. Le mélange inconsidéré, c'est-à-dire erratique, incontrôlé et inutile de
français et d'anglais est par contre à exclure absolument et ne peut qu'inciter les
élèves à choisir la solution de facilité.
extrait de "Enseigner l'Anglais", Conseils et
suggestions proposés par Les I.P.R.-I.A. et lI.E.N.-I.E.T.
danglais, les formateurs de lI.U.F.M.et du C.R.D.P. - Académie de
Nancy-Metz - 1997-1998
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