Les 3 finalités de l'évaluation
Jean Cardinet décrit de manière caricaturale les 3 finalités de l'évaluation:
- Pour la première finalité , celle de la sélection, je
citerai le cas d'un professeur de français qui mettait une note à ses élèves au bout
d'un mois de classe et disait: " J'ai mis mes notes pour l'année; si je devais en
changer, c'est que je me serais trompé la première fois", Sa logique était celle
du système des Jésuites : la note indique le niveau de compétence globale de l'élève,
niveau que l'on suppose stable.
- Pour la deuxième finalité, celle du soutien de l'apprentissage,
je présenterai un professeur d'allemand qui donnait chaque semaine un exercice à faire
et donnait ensuite à ses élèves une note proportionnelle au nombre d'exercices qu'ils
avaient traité correctement. La note reflétait donc la qualité du travail effectué
chaque semaine.
- Pour la troisième conception de la note, celle du
bilan,
je donnerai l'exemple d'un instituteur qui faisait faire un premier travail, le
corrigeait, puis le rendait à ses élèves. Ceux-ci, voyaient les erreurs qu'ils avaient
commises et ils avaient le droit de recommencer leur travail jusqu'à ce qu'il soit
irréprochable . Lorsque ce niveau était atteint, les élèves recevaient la note
maximale, puisque le bilan était devenu totalement positif.
(Jean Cardinet)
Selon Cardinet, ces conceptions bien qu'ici poussées à l'extrême, sont un peu
présentes chez tous les enseignants.
On voudrait, à la fois, indiquer le niveau de l'élève, suivre son apprentissage
journalier, et faire la différence entre ce qui est acquis et ce qui ne l'est pas.
On ne peut donc ramener ces trois informations contradictoires à un chiffre!
A moins de multiplier par trois les évaluations pratiquées en classe, ce qui est
impensable, La seule issue envisageable consisterait à conserver "à l'état brut", toutes les
observations de l'enseignant à propos des savoir-faire de ses élèves. Resterait ensuite
à traiter ces informations dans le sens de la finalité recherchée.
Jean Cardinet le résume d'ailleurs ainsi :
(...)ce qu'un enseignant peut réaliser convenablement, c'est simplement certifier ce
qu'il a vu en disant :"Mes élèves sont capables de faire précisément
ceci..."
(...)L'évaluation qui correspond à la pédagogie future ne nécessite plus de classer
les élèves mais consiste simplement à voir si chaque individu a atteint ou non l'objectif. (J.Cardinet)
Mais quelle masse de données à traiter cela peut-il représenter?
Dans la pratique, il faut déterminer pour chacun des 20 élèves d'une classe quels
savoirs sont maîtrisés parmi les quelque 200 objectifs du programme annuel !
Sans un solide outil de gestion, comment gérer ces 4000 informations qu'il faut
constamment tenir à jour ?
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