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La
question est loin d’être innocente ; si cette modalité reste encore
confidentielle dans certains lieux d’éducation, c’est bien qu’elle
emporte une autre dimension qu’une simple mesure technique d’organisation
des groupes dans une classe. Elle porte le débat sur la valeur de la coopération sociale et la finalité de l’Ecole, et au travers elle, de la société que l’on veut construire . Revisitons notre Histoire : le travail efficace en groupes a déjà existé ! Dans la France de la Restauration, l’école mutuelle a formé de nombreux organisateurs du mouvement ouvrier, notamment Proudhon. L'école mutuelle a été créée pour les pauvres, l'objectif est de sortir les enfants de la rue et de leur donner un savoir minimal conforme à leur classe sociale : lire, écrire, compter. Mais pour aller plus vite et faire moins cher, les élèves travaillent en petits groupes : ceux qui ont compris expliquent aux autres. Tour à tour, chacun est élève et répétiteur, en lecture pour les « bons », en élevage des hannetons ou autre hobby pour les « mauvais ». Les différences de niveau ne sont plus un obstacle au bon fonctionnement mais deviennent son moteur. Or cette école a été fermée parce qu'on lui reprochait deux choses : les élèves apprenaient en trois ans le curriculum prévu pour six et ils n'apprenaient pas le respect du savoir ! Qu’en pensez-vous ? Anne Querrien, L'école mutuelle, une pédagogie trop efficace? , éd. "Les empêcheurs de penser en rond", Paris, 2006. Voir sur http://clioweb.free.fr/dossiers/mutuelle.htm et http://clioweb.free.fr/dossiers/mutuel.htm
- La coopération est-elle une stratégie d'apprentissage ou une fin en soi ? -
Quelle valeur la société, votre école et vous-mêmes attachez-vous à
la compétition et à la coopération ? Vous n’obtiendrez pas de réponse
franche, mais un débat animé. Pour cause, il n’est que le signe émergeant
de tensions fortes qui travaillent actuellement tout le corps social. L’éducation
à la citoyenneté jouit d’un affichage officiel et constamment réaffirmé,
mais les sociologues de l’éducation montrent que les textes itératifs ne résistent
pas à l’épreuve de l’analyse ; ils affirment au contraire la prégnance
de pratiques et leur importance. L’éducation à la citoyenneté, cela se vit et se pratique
dans le cadre de la classe. André de Peretti n’a de cesse de répéter :
« on apprend par, pour et avec les autres. »
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