Apprendre en milieu professionnel | |
Mais
plus la scolarité avance, plus les sorties s’orientent vers la découverte
du monde professionnel, en fait dès la classe de 4ème.
Catherine Moisan
redonne
les termes de la problématique en matière d’approche du monde
professionnel pour des jeunes : « Quand on parle
d'orientation professionnelle, il importe de bien distinguer ce qui
relève de l'orientation vers un métier, qui achemine vers un choix
définitif contraignant, et ce qui relève d'un mode d'apprentissage
particulier. On confond souvent les deux. Il est vrai qu'on enferme les jeunes quand on les pousse à
des choix trop précoces, si on oblige par exemple un jeune de 5ème
à s'orienter définitivement vers la maçonnerie. Ce
serait une atteinte aux progrès de la démocratisation qu'on a réalisés
dans le collège unique. Mais, par contre, on peut installer une
situation de maçonnerie pour faire accéder à certains savoirs
mathématiques. La perspective est tout à fait différente[1]. » |
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Rapprocher l’Ecole
de la « vraie vie », tout au moins des réalités
socio-professionnelles, c’est aussi une revendication non
seulement des parents, mais aussi des élèves eux-mêmes. Stéphanie
Leloup dans sa thèse récente sur l’ennui à l’école[2]
consacre une partie à cet aspect, une piste pour rénover le lycée
général, peut-être : Le
reproche majeur que ces lycéens adressent au lycée, c'est de leur
fournir des connaissances dans un grand nombre de disciplines, mais
de ne pas finalement les rendre capables de maîtriser parfaitement
une matière. L'idée est la suivante : dans la voie technologique,
on est censé apprendre un métier, or l'enseignement reste très théorique,
même dans les matières technologiques. Quant au lycée
d'enseignement général, c'est pire parce qu'il n'est pas du tout
orienté vers la " pratique " : <<
au lieu d'enseigner que de la théorie au lycée on devrait avoir
des cours pratiques comme dans le professionnel. >>(F-
TSMS) |
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C'est pourquoi, d'une manière générale, un grand nombre de lycéens proposent pour remédier à l'ennui de " faire plus de pratique ". Les stages font partie de la pratique. Ici, le reproche classique adressé aux méthodes d'enseignement est le suivant : " C'est ennuyeux parce que c'est trop théorique ". Il est facile d'opposer l'enseignement abstrait et théorique du lycée aux " choses " de la vie professionnelle, pratiques et concrètes. Ils savent qu'au lycée il faut apprendre des " choses " dans le domaine intellectuel et scolaire, mais ils restent flous quand ils évoquent ces apprentissages. <<J'aimerais
faire plus de pratique, d'expériences, et un peu moins de théorie.
>>(F- sec) <<Les travaux pratiques plutôt que la théorie
[sont utiles pour mon insertion professionnelle]. En TSP on apprend
mieux sur le fait, mais pas avec des cours ennuyeux.>> (G-
sec). L’équivalence
entre le " scolaire " qui est forcément un cours
magistral et donc ennuyeux et la " pratique ", plus intéressante
et tellement plus formatrice se retrouve dans d’autres cas. On
remarque aussi que si le lycée d'enseignement technologique a de la
valeur, c'est justement grâce à son côté pré-professionnel,
alors que les matières d'enseignement général sont considérées
comme théoriques et donc ennuyeuses. Un
remède traditionnel que les élèves proposent pour résoudre ce
problème est alors le recours aux stages dans les entreprises : <<L'expérience
de la vie professionnelle par des stages, même quand on a pris une
voie générale.>> (F- 1 SMS) Faire
un stage permet de se faire une idée par soi-même de ce que peut
être le monde de l'entreprise, et d'apprendre à s'y intégrer. Il
y a en effet un désir très prégnant de savoir comment se
comporter sur le marché du travail, désir qui peut passer par la
demande de stages ou par la création de cours spécialisés comme
ci-dessous : <<Une
matière qui pourrait s'appeler " relations sociales et
professionnelles " : réussir un entretien d'embauche, savoir
être à l'écoute des autres, la présentation physique ; ce qui
concerne le relationnel spécifique : intégration dans le milieu
professionnel.>> (F-T SMS). On
utilise le vocabulaire scolaire : on parle de " matière
", à laquelle on trouve un intitulé. L'élève croit sans
doute ainsi conférer une plus grande dignité à ce type
d'apprentissage, et donc donner plus de poids à sa requête. Cette
lycéenne n'est pas appelée à travailler dès son bac en poche,
mais après BTS, si on suit la logique d'études normale propre aux
filières technologiques. Par ailleurs, elle est censée suivre un
cours de communication qui devrait lui apprendre justement à "
savoir écouter les autres ".
Tout se passe comme si les élèves allaient travailler
demain. [1] D’après l’intervention de Catherine Moisan, revue VEI hors série n°2, déc. 2000 http://www.sceren.fr/revueVEI/hs2/03104111.htm [2] Extraits d’après la thèse
de Stéphanie Leloup, l’ennui à l’école, sur le site de
Jacques Nimier, http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/causes_de_lennui.htm
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