Rapporter des compétences |
Depuis 1999, Michel VAUQUOIS au collège du BÛ (Eure-et-Loir), et plusieurs de ses collègues ont mis en place le dispositif des points LOMER: * Les Outils pour une Meilleure Evaluation des Résultats la méthode
développée par MIchel VAUQUOIS (dits
les points LOMER),
et son petit outil en ligne malicieux pour faire les conversions, même
pour et par les élèves. (collège du Bu, Eure et Loir, depuis 10 ans quand
même). Ils ont été suivi à la rentrée 2002: un groupe d'enseignants du petit collège, Collège
Jacques PREVERT , à SAINT-GENIS-POUILLY,(Aisn) a
profondément revu ses modes d'évaluation tous niveaux, toutes
disciplines. Une
approche par compétence les a conduit à établir des tableaux, des
grilles, des notes d'informations (aux parents) afin de résoudre un
dilemme qui ne satisfait plus personne. Le
préambule présenté au conseil d’administration et aux parents offre
toute la complexité de la réalité scolaire en matière d’évaluation :
Outre
les nombreux problèmes que soulève la notation traditionnelle (en
particulier les problèmes de fiabilité), nous nous sommes posé les
questions suivantes : Comment
redonner un peu - ou, pourquoi pas, beaucoup - d'estime de soi chez des élèves
en grande difficulté ? Comment informer clairement et simplement les élèves,
même les plus en difficulté, des savoirs et des savoir-faire qu'ils
paraissent avoir acquis pour invalider définitivement les jugements du
type "Je suis nul en maths" (ou ailleurs …) ? Que signifie ce fameux 10 sur 20 qui semble satisfaire tout le monde, élèves, parents, administration et souvent professeurs ? Signifie-t-il que l'élève ne sait faire que la moitié des tâches qui lui sont demandées, auquel cas on peut se demander qui accepterait qu'un mécanicien automobile ne sache remonter que la moitié d'un moteur de voiture Signifie-t-il autre chose et dans l'affirmative, signifie-t-il la même chose dans chacune des disciplines ? Signifie-t-il la même chose pour tous les enseignants d'une même discipline ? Signifie-t-il la même chose pour un même enseignant dans telle classe jugée "faible" et dans telle autre jugée "forte" ? |
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Comment
rendre plus efficace la correction d'un contrôle, d'un exercice ou d'un
devoir ? Comment rendre à la correction son véritable statut - faire
acquérir à l'élève les savoirs et savoir-faire qui lui manquent - et
lui permettre de prouver ensuite qu'il maîtrise ces savoirs et
savoir-faire ? Comment
peut-on simplifier le travail de toute personne (membre de la famille,
voisin, aide éducateur, surveillants, responsable d'études dirigées,
etc.) voulant aider un élève ? Comment aider cette personne à répertorier
rapidement les difficultés de l'élève ? Quelles informations peut-on
apporter grâce à l'évaluation des productions de l'élève ? Tel
exercice portant sur telle compétence vaut 4 points sur 20 dans le devoir
de M.X tandis que le même exercice vaut 8 points sur 20 dans le devoir de
M.Y. M.X
redonne dans un nouveau devoir le même type d'exercice auquel il attribue
cette fois 6 points sur 20 pour des raisons de barème… Comment
éviter qu'une même compétence soit évaluée aussi différemment d'un
enseignant à l'autre voire chez un même enseignant suivant le moment ? L'élève
A ne sait pas calculer une longueur manquante dans un triangle rectangle
grâce à la propriété de Pythagore et a obtenu 0 sur 8 à l'exercice
qui lui était proposé en janvier. Après remédiation ou simplement
travail personnel, ce même élève maîtrise parfaitement le sujet
quelques semaines plus tard et le prouve en obtenant 8 sur 8 à l'exercice
destiné à contrôler l'acquisition de cette compétence : le principe
des moyennes fait que l'échec primitif est pris en compte au même titre
que la réussite ultérieure alors que finalement, il maîtrise aussi bien
cette compétence que celui qui a réussi dès la première fois. Bien
pire encore serait la situation de cet élève si, dans la deuxième évaluation,
l'exercice ne valait plus que 4 points : dans ce cas, sa réussite ne
compterait alors que pour moitié par rapport à son échec primitif… Comment
peut-on éviter de pénaliser un élève qui met plus de temps qu'un autre
à acquérir tel savoir ou savoir-faire ? Comment diminuer voire éliminer
l'impact d'un échec sur une réussite ultérieure ? Ayant
estimé que la notation traditionnelle ne répondait pas - ou qu'elle y répondait
beaucoup trop partiellement - à nos questions, nous l'avons abandonnée
au profit des Fiches de compétences qui nous paraissent résoudre bon
nombre des problèmes exposés ci-dessus. Ainsi donc, dans toutes les disciplines, un travail a été mené en appui sur les programmes et les objectifs pour proposer aux élèves une fiche-compétence modulable et évolutive : Chaque
élève dispose pour chacune des matières concernées de grilles de compétences
ayant deux fonctions
Chaque
ligne d’une grille énonce une compétence exigible et permet le report
des résultats de l'élève aux différents exercices d'évaluation grâce
au codage suivant : C
indique que le jour du contrôle de telle ou telle
compétence, l'élève a largement atteint l'objectif qui était fixé J
indique qu'il a atteint
l'objectif (malgré une maîtrise imparfaite) K indique qu'il n'a pas
atteint l'objectif mais qu'il n'en est pas très loin
Outre
des réévaluations effectuées lors d'un contrôle collectif ultérieur,
des professeurs de certaines disciplines organisent des séances de réévaluation
"à la carte" au cours desquelles un élève peut choisir lui-même
la ou les compétences sur lesquelles il souhaite être évalué à
nouveau. A la fin de chaque trimestre, il n'est tenu compte, en cas de plusieurs évaluations d'une même compétence, que du dernier résultat obtenu par l'élève, ce que l'on pourrait traduire par : "Aux dernières nouvelles, l'élève savait (ou ne savait pas)…"
Le
paramétrage de ce convertisseur a été établi de telle façon que la
note 10 soit attribuée à un élève ayant 65% de J
et au maximum 15% de L Dans
le détail
Dans chaque matière et pour chaque niveau, l'enseignant (ou l'équipe disciplinaire) détermine la liste de toutes les compétences à acquérir d'ici la fin de l'année.
Le
principe "c'est le dernier résultat qui compte" que nous avons
adopté nous a amenés à inscrire sur les bulletins des 2ème
et 3ème trimestres la note correspondant aux résultats
obtenus par l'élève depuis la rentrée scolaire : en particulier la note
du 3ème trimestre traduit donc la position de l'élève par
rapport au "contrat" que représente la liste de toutes les compétences
évaluées dans l'année. La
note inscrite sur les bulletins n'est donc pas à proprement parler une
note trimestrielle puisqu'elle ne traduit pas, sauf au 1er
trimestre, les résultats de l'élève au cours du trimestre écoulé.
Insistons sur le fait que cette note n'est pas le résultat d'un calcul
plus ou moins obscur faisant intervenir des coefficients arbitraires,
calcul réalisé sur des notes diverses et variées : elle est le résultat
donné par le convertisseur uniquement à partir des points compétences DLJC,
ce que peuvent facilement contrôler les élèves. L’expérience mérite d’être suivie, en ligne, pour d’éventuels aménagements et régulations d’usage à l’épreuve de la réalité. Cependant, sa dimension collective dans les disciplines, dans les différents niveaux d’enseignement, sa lisibilité pour les élèves et les parents attestent de la qualité et de la pertinence de la pratique. Boite à outils et logiciels d’évaluation Des expériences existent pour le primaire, avec les mêmes caractéristiques que celle du collège Jacques-Prévert : approche des compétences, souplesse et pragmatisme. À suivre… • Livret : suivi individualisé des élèves et gestion des évaluations », Jean-Marie Fontaine (Carvin, Pas-de-Calais) : home.nordnet.fr/~jmfontaine. • « Livret scolaire » sur le site de l’académie de Paris concernant les niveaux de l’école primaire : livretscolaire.scola.ac-paris. On consultera avec profit le dossier « conseil de classe » de l’ESEN : fiche de suivi, panorama des logiciels existants. http://www.esen.education.fr/ puis « conseil de classe »
La conclusion peut être donnée par Charles Hadji[2]. Une
évaluation qui présenterait le triple caractère d'être "compréhensive"
( capable d'interpréter la situation mesurée), "conscientisante"
( fournissant des repères éclairants à l'élève au lieu de le tancer),
et "formatrice" ( préoccupée de donner les outils de la réussite
) ne serait-elle pas le plus bel auxiliaire et le premier moyen d'une pédagogie
enfin efficace ? Une autre ressource pour aller plus loin :
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