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Des questions :
Outre
les nombreux problèmes que soulève la notation traditionnelle (en
particulier les problèmes de fiabilité), nous nous sommes posé les
questions suivantes :
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Comment
redonner un peu - ou, pourquoi pas, beaucoup - d'estime de soi chez des élèves
en grande difficulté ? Comment informer clairement et simplement les élèves,
même les plus en difficulté, des savoirs et des savoir-faire qu'ils
paraissent avoir acquis pour invalider définitivement les jugements du
type "Je suis nul en maths" (ou ailleurs …) ?
·
Que
signifie ce fameux 10 sur 20 qui semble satisfaire tout le monde, élèves,
parents, administration et souvent professeurs ?
Signifie-t-il
que l'élève ne sait faire que la moitié des tâches qui lui sont demandées,
auquel cas on peut se demander qui accepterait qu'un mécanicien
automobile ne sache remonter que la moitié d'un moteur de voiture !
Signifie-t-il
autre chose et dans l'affirmative, signifie-t-il la même chose dans
chacune des disciplines ?
Signifie-t-il
la même chose pour tous les enseignants d'une même discipline ?
Signifie-t-il
la même chose pour un même enseignant dans telle classe jugée
"faible" et dans telle autre jugée "forte" ?
·
Comment
rendre plus efficace la correction d'un contrôle, d'un exercice ou d'un
devoir ? Comment rendre à la correction son véritable statut - faire
acquérir à l'élève les savoirs et savoir-faire qui lui manquent - et
lui permettre de prouver ensuite qu'il maîtrise ces savoirs et
savoir-faire ?
·
Comment
peut-on simplifier le travail de toute personne (membre de la famille,
voisin, aide éducateur, surveillants, responsable d'études dirigées,
etc.) voulant aider un élève
? Comment aider cette personne à répertorier rapidement les difficultés
de l'élève ? Quelles informations peut-on apporter grâce à l'évaluation
des productions de l'élève ?
·
Tel
exercice portant sur telle compétence vaut 4 points sur 20 dans le devoir
de M.X tandis que le même exercice vaut 8 points sur 20 dans le devoir de
M.Y.
M.X
redonne dans un nouveau devoir le même type d'exercice auquel il attribue
cette fois 6 points sur 20 pour des raisons de barème…
Comment
éviter qu'une même compétence soit évaluée aussi différemment d'un
enseignant à l'autre voire même chez un même enseignant suivant le
moment.
·
L'élève
A ne sait pas calculer une longueur manquante dans un triangle rectangle
grâce à la propriété de Pythagore et a obtenu 0 sur 8 à l'exercice
qui lui était proposé en janvier. Après remédiation ou simplement
travail personnel, ce même élève maîtrise parfaitement le sujet
quelques semaines plus tard et le prouve en obtenant 8 sur 8 à l'exercice
destiné à contrôler l'acquisition de cette compétence : le principe
des moyennes fait que l'échec primitif est pris en compte au même titre
que la réussite ultérieure alors que finalement, il maîtrise aussi bien
cette compétence que celui qui a réussi dès la première fois.
Bien
pire encore serait la situation de cet élève si, dans la deuxième évaluation,
l'exercice ne valait plus que 4 points : dans ce cas, sa réussite ne
compterait alors que pour moitié par rapport à son échec primitif…
Comment
peut-on éviter de pénaliser un élève qui met plus de temps qu'un autre
à acquérir tel savoir ou savoir-faire ? Comment diminuer voire éliminer
l'impact d'un échec sur une réussite ultérieure ?
Ayant
estimé que la notation traditionnelle ne répondait pas - ou qu'elle y répondait
beaucoup trop partiellement - à nos questions, nous l'avons abandonnée
au profit des Fiches de compétences qui nous paraissent résoudre bon
nombre des problèmes exposés ci-dessus.
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Chaque
élève dispose pour chacune des matières concernées de grilles de compétences
ayant deux fonctions
·
elles récapitulent
les compétences que devrait posséder l'élève à la fin de l'année
scolaire et précisent les objectifs qui lui sont fixés, en conformité
avec les programmes officiels.
·
elles sont un outil de
communication entre les enseignants, les élèves, les familles et les
personnes responsables des études dirigées et du soutien.
Chaque
ligne d’une grille énonce une compétence exigible et permet le report
des résultats de l'élève aux différents exercices d'évaluation grâce
au codage suivant :
C indique
que le jour du contrôle de telle ou telle compétence, l'élève a
largement atteint l'objectif qui était fixé
J indique
qu'il a atteint l'objectif (malgré une maîtrise imparfaite)
K
indique qu'il n'a pas atteint l'objectif mais qu'il n'en est pas très
loin
L
indique que tout est à reprendre concernant l'objectif en
question.
Outre
des réévaluations effectuées lors d'un contrôle collectif ultérieur,
des professeurs de certaines disciplines organisent des séances de réévaluation
"à la carte" au cours desquelles un élève peut choisir lui-même
la ou les compétences sur lesquelles il souhaite être évalué à
nouveau.
A
la fin de chaque trimestre, il n'est tenu compte, en cas de plusieurs évaluations
d'une même compétence, que du dernier résultat obtenu par l'élève, ce
que l'on pourrait traduire par : "Aux dernières nouvelles, l'élève
savait (ou ne savait pas)…"
La
transcription en note sur 20 (celle qui figure sur le bulletin
trimestriel) se fait grâce à un "convertisseur" paramétré
par les enseignants et qui permet de transformer les nombres de compétences
LKJC de chaque élève en note
sur 20, le convertisseur utilisé étant le même pour tous les
enseignants d'un même niveau. Par ailleurs, les élèves qui le
souhaitent disposent de ce convertisseur, ce qui leur permet de suivre l'évolution
de leur note.
Le
paramétrage de ce convertisseur a été établi de telle façon que la
note 10 soit attribuée à un élève ayant 65% de J
et au maximum 15% de L.
Le
principe "c'est le dernier résultat qui compte" que nous avons
adopté nous a amenés à inscrire sur les bulletins des 2ème
et 3ème trimestres la note correspondant aux résultats
obtenus par l'élève depuis la rentrée scolaire : en particulier la note
du 3ème trimestre traduit donc la position de l'élève par
rapport au "contrat" que représente la liste de toutes les compétences
évaluées dans l'année.
La
note inscrite sur les bulletins n'est donc pas à proprement parler une
note trimestrielle puisqu'elle ne traduit pas, sauf au 1er
trimestre, les résultats de l'élève au cours du trimestre écoulé.
Insistons sur le fait que cette note n'est pas le résultat d'un calcul
plus ou moins obscur faisant intervenir des coefficients arbitraires,
calcul réalisé sur des notes diverses et variées : elle est le résultat
donné par le convertisseur uniquement à partir des points compétences DLJC,
ce que peuvent facilement contrôler les élèves.
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Vincent Guédé
<vincent.guede_ac-bordeaux.fr> |
Cela fait
maintenant 4 ans que j'évalue par compétences en histoire-géo éducation
civique. Toute l'équipe d'adultes fait de même, car nous avons défini des
compétences transversales (valables dans toutes les matières, comme
"lire une consigne' ou 'apprendre une leçon'), interdisciplinaires
(avec le français, par exemple, j'ai 'commenter un texte', 'rédiger une
réponse argumentée' ; avec les arts plastiques, j'ai 'commenter une oeuvre
artistique', etc.), et disciplinaires ('compléter une carte',
comprendre et apprendre une date'...).
On évalue systématiquement ces compétences, de vert (compétence acquise)
à rouge (compétence non acquise). On les utilise pour différencier la
pédagogie, les cours, les évaluations (évaluations par contrats), les
remédiations. Et, à chaque conseil de classe, en présence de l'élève, on
négociera un contrat de compétences (les compétences à améliorer pour
le trimestre suivant, et les moyens mis en place (adultes, élève, parents)
pour y arriver).
Nous avons élaboré quelques outils, encore en cours de modification. Mais,
si tu souhaites au moins mon guide des compétences, je peux l'envoyer en
message privé. J'ai aussi fait un fichier xls pour gérer ces compétences
(avec tableaux de bord par élève et par compétence),
mais il est assez complexe d'utilisation. Je vais bientôt me lancer dans une
version php/mysql, donc sur Internet, pour notre ENT. Ce sera alors beaucoup
plus puissant et convivial, et accessible depuis n'importe quel navigateur.
(nov. 2005)
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