Négocier des contrats d’étude > animateur
> Responsable de relations
Quoi que vous fassiez pendant le
cours, vous vous trouvez toujours en fin d’heure assaillie par des remarques :
« Madame, j’ai pas compris », « c’est trop dur »,
« on peut pas remettre le contrôle », « c’est pas le bon
compte de points » ; vous ne savez que faire, si ce n’est : ne
pas céder au marchandage. Négocier, jamais, surtout pas dans le travail. Ce
serait perdre. Vous fermez votre cartable. Les questions resteront sans réponse.
Jusqu’à quand ? |
Dès lors que nous nous trouvons en situation de grande hétérogénéité, le principe d’un cheminement identique, à objectifs, contenus et durée égales pour tous se heurte à de nombreux obstacles ; on peut penser retrouver une certaine homogénéité par des structures ou des dispositifs différenciés comme l’Ecole sait bien le faire ; malgré tout, l’hétérogénéité des élèves, des niveaux et la variété des difficultés rencontrées restera de mise dans la gestion de sa classe. La question est posée : que mettez-vous en place pour accompagner tous les élèves ?
La
pédagogie du contrat est une pratique outillée, parmi d’autres, qui permet utilement de préciser dans l’ordinaire de son
enseignement ce qu’on attend des élèves et de les accompagner au mieux de ce
qu’ils peuvent apprendre.
C’est bien la question du pouvoir qui agite la question du contrat : pouvoir du maître sur l’élève, pouvoir du savoir, une question pas toujours résolue dans certains cas. C’est pourquoi il importe de bien séparer ce qui est l’ordre du rapport pédagogique, qui englobe le rapport au savoir et à sa transmission et ce qui est de l’ordre de la relation pédagogique entre des personnes.
Dans le triangle célèbre à présent décrit par Jean Houssaye, le contrat est un élément qui prend sens dans la médiation de l’enseignant entre savoir et élève.
Savoir |
Tout au plus, on peut prendre garde à quelques dérives toujours possibles dans la pédagogie du contrat :
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La pratique de la négociation
ou la pédagogie du contrat s’inscrit délibérément dans le registre du sens
à construire dans toute activité scolaire. Roland Viau[1]
retient trois facteurs :
·Que
l’élève perçoive la valeur de l’activité | |
·Qu’il
perçoive sa propre compétence à l’accomplir | |
·Qu’il
puisse percevoir la « contrôlabilité »
de son déroulement et de ses conséquences. |
Ainsi,
négocier ne signifie pas renoncer à des exigences élevées et aux objectifs généraux
de l’éducation ou de sa discipline ; c’est cependant avec l’élève
analyser ce qui fait obstacle, alléger des attentes, donner plus de temps. Souvent,
avec de petites variations, de petits ajustements qui ne modifient pas la pédagogie
du tout au tout, on peut abaisser le seuil à partir duquel l'activité prend du
sens, donc touche un plus grand nombre d'élèves. Négocier les situations
didactiques, dans cet esprit, ce n'est pas seulement tenir compte de la réalité,
du niveau, des attitudes des élèves en planifiant son enseignement. C'est
avoir une sorte de capacité de régulation de l'activité en temps réel, pour
la proportionner non seulement au public, mais à l'humeur, à l'énergie, à la
dynamique du moment.[2]
Cette technique permet de mettre en place avec l’élève un travail personnel
à objectif limité, dans lequel chacun tient son rôle : à l’élève de
fournir un effort de travail et d’apprentissage, à l’enseignant de
l’accompagner, lui proposer aides et ressources, de valoriser ces petites réussites
qui reconstruisent un parcours parfois chaotique. Quand bien même les contenus
sont nombreux et lourds parfois à avaler, il s’agit de rendre les conditions
et le contexte de leur apprentissage accessibles aux élèves. Cela suppose une
instrumentation et un suivi plus fin qu’en situation de cours classique.
[1]
Rolland VIAU, la motivation en contexte scolaire, Renouveau pédagogique
Inc., Saint-Laurent (Canada), 1994
[2]
Philippe Perrenoud, Sens du
travail et travail du sens à l'école, ESF, 1996, disponible sur
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_18.html