Chapitre 11
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Les
enseignants utilisent (enfin) les TIC (technologies de l’information et de la
communication), mais pour quel usage ? 86% des élèves utiliseraient
l'ordinateur à l'école dont un tiers "tous les jours ou presque". Ce chiffre
implique-t-il une utilisation quotidienne en classe ? 40% des enseignants
utiliseraient internet avec les élèves. Seulement un élève sur quatre a passé le
B2i, obligatoire en tant que domaine du socle en 2006, alors que trois sur
quatre surfent quotidiennement. 1 |
Dans le primaire, la fréquence d’utilisation est forte : la moitié des instits s’en servent en classe au moins une fois par semaine. Dans le secondaire, les jeunes enseignants seraient plus actifs que leurs aînés. Parmi les freins évoqués, le manque de formation est cité par deux collègues sur trois.
Dans le secondaire, ce sont les problèmes d’organisation et d’assistance qui aussi font obstacle : incompatibilité des horaires, difficulté de gestion des classes, défaillance des réseaux. C’est à présent le cadre scolaire qui ralentit l’inévitable pénétration des TICE .
LES
TICE BOUSCULENT L’ECOLE ET LE METIER !
Le développement des TICE "bouscule l'Ecole" car il remet en question les trois dimensions du système d'enseignement. L'espace de l'Ecole devient poreux par exemple par la mise en place des ENT. Le temps scolaire se prolonge grâce aux réseaux de telle sorte que la frontière entre le scolaire et l'accompagnement scolaire se brouille. Les ressources pédagogiques se perdent dans un océan d'offres de toutes sortes. Les personnes elles-mêmes annexent des élèves d'autres établissements, des professeurs extérieurs voire privés. Un rapport de l’IGEN en 2006 conclue : "Dans cette nouvelle configuration, l'organisation de l'Ecole est appelée à se modifier, que ce soit dans les contenus étudiés, les formes de travail des élèves ou le service des enseignants".
L'Inspection appelle donc à "un renouvellement profond de la pédagogie et de
la didactique. Deux objectifs doivent guider l'élaboration de ces nouveaux
outils :: l'individualisation des parcours et l'interactivité".
Quatre axes de développement des TICE à moyen terme : la documentation, la
pédagogie, la communication et l'évaluation. "Le développement des TICE… est
de nature à améliorer la prise en charge de l'élève, à mieux garantir l'égalité
des chances, à infléchir la pédagogie pour assurer la maîtrise de l'échec
scolaire et favoriser l'adaptation individuelle des apprentissages".
La place, le rôle et le service des enseignants devront évoluer. "Le
professeur produit des contenus dans un format qui permet leur mutualisation :?
Il prend en charge ses élèves hors temps scolaire, y compris le soir : cela
peut-il devenir la spécialisation de quelques uns ? "
"La montée en charge des TICE accentue le divorce entre les nouvelles formes
de la pédagogie et le conservatisme des modes d'évaluation… On ne pourra
pas continuer à exiger des élèves des compétences dans l'usage des TIC et éviter
de les vérifier lors des grands rendez-vous" . Le rapport invite à étendre
les épreuves sur ordinateur et le contrôle en cours de formation. 1. Pensons-y
pour évaluer les compétences du socle, dans tous les autres domaines !
L’utilisation des technologies n’induit donc pas un nouveau métier, mais exige des compétences en phase avec l’évolution du monde contemporain, donc de l’Ecole.
Les TICE, un nouveau métier ou de nouvelles compétences pour l’enseignant ?
Lors de l’analyse des besoins d’une formation prodiguée aux enseignants de la zone AEFE Amérique centrale, Christophe Gentil, formateur à l’IUFM de Paris avait produit un schéma illustrant les différentes postures de l’enseignant quand il s’occupe des TICE ;
Rien de nouveau sous le soleil, mais plutôt de multiples compétences sont activées et amplifiées en la circonstance ; en cela, les TICE ne sont pas la résolution des difficultés du métier, ils participent de sa complexité et de sa richesse, au même titre que d’autres situations peut-être plus "banales" au moins du point de vue outillage technique. C’est pas un nouveau métier, mais désormais des compétences exigibles, en phase avec l’évolution du monde contemporain.
Un B2i pour les futurs enseignants Après le B2i pour les élèves, et le C2i pour les étudiants, le ministère définit un C2i « niveau 2 enseignant » destiné aux stagiaires des IUFM. Ce niveau 2 « vise à attester des compétences professionnelles communes et nécessaires à tous les enseignants pour l’exercice de leur métier dans ses dimensions pédagogiques, éducative et citoyenne » : maîtrise des problématiques et des gestes liés aux TIC dans l’éducation, du travail en équipe et en réseau, et des espaces numériques de travail. (cf. BO2004, n° 46). |
Conjuguer ma
discipline avec les TICE
"Les TICE s'ajoutent à mon programme et ne développent que des compétences transversales. Ce n’est pas ma priorité ni mon objectif." |
L’équipe du lycée français de Mexico a confronté les objectifs de leur programme d’histoire et de géographie et leurs pratiques en TICE [2] : " les TICE permettent-elles de répondre efficacement aux objectifs de notre matière ?" (vous pourrez retrouver une partie de leurs travaux dans le chapitre intitulé "Utiliser l’audio-visuel", ).
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L’impact des TICE selon les objectifs d’une discipline
Par l’intermédiaire d’une appréciation personnelle modulée de 1 (faible impact des TICE sur l’objectif observé) à 3 (fort impact), les membres de l'équipe se sont efforcés de comprendre quelle était la meilleure adéquation entre TICE et poursuite des objectifs fondamentaux de l’histoire-géographie.
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Objectif |
Sous objectif |
Outils, fiches méthodes, techniques |
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Supports utilisés par l’enseignant |
2° Module "Internet" |
1° TPE |
Terminale études des paysages |
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Espace |
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3 |
1 |
3 |
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2 |
Temps |
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3 |
1 |
1 |
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Traiter des informations dans différents supports documentaires |
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1 |
Présenter, identifier |
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1 |
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3 |
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2 |
Observer, décrire |
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2 |
1 |
3 |
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3 |
Expliquer, mettre en relation, ouvrir, critiquer |
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2 |
3 |
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4 |
Synthétiser |
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3 |
3 |
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3 |
Enrichissement des connaissances |
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1 |
Cours |
3 PP, Word, sons, web |
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2 |
Recherche |
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2 |
3 |
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4 |
Mettre en oeuvre des connaissances |
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1 |
Etablir et justifier des relations |
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3 |
3 |
2 |
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2 |
Utiliser des notions, concepts, vocabulaire spécifique |
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2 |
2 |
2 |
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5 |
Réaliser des documents |
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Construire une légende |
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2 |
Construire un croquis, schéma, organigramme, graphique |
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3 |
Elaborer une production écrite |
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3 html |
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4 |
Elaborer une production multimédias |
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1 |
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Le tableau d’impact montre que les TICE sont d’utiles supports pour le cours lui-même, en guide de cours, en mode de présentation assistée par ordinateur par exemple. En cela, les TICE ne sont pas innovantes en soi ; mais elles trouvent une place de choix dans tous les autres modules plus différenciés (on le verra plus loin).
Un tableau d’intégration des TICE dans une séquence ordinaire
L’équipe propose en complément une série de « tableaux de bord » de séquence, ici autour de la première guerre mondiale et ses conséquences.
La facture même de ce tableau de bord atteste de fait que son enjeu est moins l’étude de l’informatique que l’étude tout court d’une période et de contenus de programme de la discipline. Ici, la recherche par Internet, la compilation de ressources par mels sont des moyens de servir l’objectif pédagogique. Pas plus, pas moins.
Loin de se substituer à l’enseignant, les TICE le rendent plus nécessaire que jamais en organisateur, en facilitateur, en médiateur, en synthétiseur, en évaluateur, bref, finalement des rôles relativement classiques… (cf. la case « résultats, au plan méthodologique »). Hegel aurait dit : « c’est une ruse de l’Histoire…. ».
"J’ai essayé de mettre mes élèves sur une recherche Internet, mais quel temps perdu pour si peu de résultats !". | Une fois passées les principales résistances à l’outil, il n’en reste pas moins que les activités possibles et les pratiques effectives des TICE à l’école doivent être interrogées au même titre que toutes les autres. Tout n’est pas TICE et les TICE ne sont pas tout. Le choix est d’abord didactique et pédagogique. |
On peut proposer une typologie en cinq cas :
·Coopérer et mutualiser
·Produire et créer
·Rechercher et se documenter
·Se former, s’auto-former
·Animer, organiser, conduire
Pour chacun de ces domaines, le site EDUCNET propose dans une page portail des tableaux synthétiques très aisés dans leur emploi, montrant pour chaque cas les champs d’application, la valeur ajoutée des TICE, et des liens vers quelques exemples en ligne. Un site très varié et riche.: www.educnet.education.fr/primaire/typologie.htm
Si les fonctions de recherche et de production sont déjà bien investies par l’enseignement, la fonction de communication et de coopération l’est moins. Jackie Pouzin, professeur d'histoire-géographie dans l'académie de Nantes, nous livre quelques pistes intéressantes en la matière.
Classe réelle, classe en mels… la pratique de Jacky Pouzin
Le principe. "Je mets en oeuvre depuis maintenant quatre ans une pratique de classe qui intègre l'utilisation régulière du courrier électronique :
· en seconde, je permets aux élèves de créer leur boite électronique dans le cadre du partenariat avec la poste (education.laposte.net) puis nous commençons nos échanges qui visent à la maîtrise de la net-étiquette. Leur adresse électronique est surtout utile dans le cadre de l'ECJS, elle leur permet par exemple d'interroger un député sur une question débattue au parlement et d'avoir une réponse rapidement.
· en première, sûr de garder la classe jusqu'au bac, je mets en place une liste de diffusion grâce aux services des clubs.voilà.fr Chaque semaine, j'envoie à tous un message soit en liaison avec le cours (complément d’informations, sélection de site web) soit en liaison avec la vie du lycée. Les élèves sont invités à participer à un webzine et à contribuer à l’animation d'un site sous spip dont le but est d'accompagner le programme. Une question pertinente d'un élève est ainsi répercutée sur le site collectif.
Enfin, un site personnel accueille mes cours au format rtf et pdf, associé à des productions d'élèves et des compléments : dossier de presse, aide méthodologique, etc.
C'est cet ensemble qui constitue la « classe virtuelle ». Au départ limitée aux terminales, j'ai élargi cette offre aux premières vu l 'insistance de leur demande !
Le bilan de 4 ans de pratique. Sur ces quatre années, aucune réTICEnce n'a été émise tant de la part des parents (qui fournissent l'autorisation de création d'une adresse électronique scolaire) que de la part des élèves, plutôt enthousiastes. (…) Les élèves respectent très bien la net- étiquette : aucun débordement constaté ces 4 années ; ils n'abusent pas et je ne suis pas noyé par des courriers indésirables.
Les élèves multiplient entre eux les échanges qui portent surtout sur les questions posées dans les devoirs à la maison. L'entraide, le partage des tâches fonctionnent bien. Je reçois beaucoup de demandes d'aide directe sur des points de compréhension qui posent problème, pour des conseils méthodologiques.
Le média impose une certaine distanciation. Il faut écrire son texte, l'envoyer à la bonne adresse. Cependant bien des élèves expriment par ce biais ce qu'ils n'oseraient dire en classe ! Ce lien en dehors du temps classe renforce la dynamique du groupe incontestablement et donne une visibilité nouvelle aux interactions entre élèves. Les meneurs sur le Web ne sont pas les plus extravertis en classe.
Pour l'année 2002-2003 entre octobre et juin, plus de 600 messages ont circulé sur la liste de diffusion pour une classe qui ne comptait que 20 élèves. Le record : le mois d'avril avec 105 messages postés. (…).
Mon meilleur souvenir : le débat d'ECJS sur la place de la technologie dans nos sociétés modernes qui a connu une extension inattendue sur la liste de diffusion interne à la classe !
Cette intégration des échanges électroniques me semble très largement profitable : le service rendu aux élèves est modeste mais précieux. Ils savent pouvoir disposer d'une écoute en ligne avec le bénéfice pour le prof que je suis de la communication asynchrone.
Ma classe de terminale scientifique a souhaité garder pour elle cette liste de diffusion créée dans le cadre scolaire pour maintenir le contact entre eux après le baccalauréat : les échanges continuent donc. Pour finir leur résultat au bac est de 94 %. L'utilisation du courrier électronique ne semble donc pas nuire aux résultats !
Jackie Pouzin
www.ac-nantes.fr/peda/disc/histgeo/ouTICE/virtuel.htm
En matière de conduite de classe, les TICE s'accommodent mal d'une pratique frontale, purement disciplinaire. Ne serait-ce que par sa mise en scène, une moitié de classe, un poste pour un ou deux élèves, la possibilité d’avancer à son rythme, cette situation requiert donc de la part de l’enseignant :
une maîtrise des objectifs assignés à la séquence ; pour éviter la dérive de l’occupationnel (les tice pour les tice) ou la perte de temps, vérifier toujours son ancrage aux objectifs
un pilotage par projet, suffisamment souple et réactif aux occasions rencontrées
la capacité à organiser, suivre et évaluer les travaux par groupes
la possibilité éventuellement de s’appuyer sur d’autres intervenants (documentaliste, enseignants d’autres disciplines, assistants d’éducation), et donc de travailler en équipe et en interdisciplinarité
r « définir des objectifs »,
Voir « conduire un projet »
Pédagogie : TICE et maîtrise du langage
L'ordinateur facilite-t-il la maîtrise de l'écriture et de la lecture ? Qu'apportent les outils d'entraînement à la lecture ou d'aide à l'écriture, le traitement de texte ou Internet pour la maîtrise du langage ? Quels liens établir entre la maîtrise du triptyque écran-souris-clavier et celle de la structuration de la pensée ? Quels outils utiliser pour préparer l'élève à une véritable autonomie ? Voilà quelques-unes des questions soulevées par un numéro récent des Dossiers de l'ingénierie éducative. Il présente de nombreuses applications pédagogiques de l'école au lycée mais aussi en prison et en maternelle. |
Tous les produits multimedias RIP (reconnus d’utilité pédagogique)… sur www.educnet.education.fr/res/liste.htm
"Ma salle ne dispose pas d’équipement spécifique, ne parlons pas du réseau en panne un jour sur deux." |
Il ne s’agit pas de tout faire tout de suite, mais de s’adapter à ce qu’il est déjà possible de faire en fonction des conditions locales. L'équipement nécessaire à l'utilisation des TICE dans les disciplines en collège et en lycée dépend surtout de la taille des établissements qui permet en théorie aux lycées de disposer de davantage de crédits et donc de matériels que des spécificités d'utilisation. Tout au plus, le travail autonome des élèves peut être plus approfondi au lycée qu’au collège. |
"Une mosaïque d'usages pédagogiques"
Le CRDP Centre propose en ligne une collection de comptes-rendus d'usages pédagogiques des TICE, au primaire et au secondaire. Distribué en 4 chapitres : les TICE pour apprendre du professeur, les TICE pour apprendre par soi-même, les TICE pour apprendre en communiquant, les TICE pour apprendre en produisant.
Extrait de l'éditorial : " l'enseignant reste toujours l'artisan créateur de la séquence pédagogique, responsable des choix ; un artisan au milieu d’élèves actifs et productifs, acceptant parfois la prise de risque, passeur de connaissances et de savoir-faire, lui-même attentif à la capacité inventive du groupe ou de la classe."
· L'intégralité de cette publication est consultable à l'adresse : |
Quels sont les temps impartis aux TICE ?
Il est nécessaire de distinguer clairement deux moments de ces activités:
· Le temps de classe pour intégrer l'informatique dans son enseignement au même titre qu'un autre auxiliaire pédagogique. Il peut atteindre jusqu'à 10%. Une séquence par trimestre constitue déjà un très bon début.
· Le temps hors de la classe au cours duquel l'élève poursuit un travail amorcé en classe (réseau ou disquette), reprend et améliore une tâche ou réalise de manière entièrement autonome un travail, seul ou au sein d'un groupe. Celui-ci est beaucoup plus difficilement mesurable et est fonction des capacités matérielles de l'établissement. Cet apprentissage de l'autonomie est bien sûr privilégié en lycée.
La salle d'informatique. Une salle spécialisée comporte 8 à 10 ordinateurs en monoposte ou en réseau (un ordinateur pour deux élèves), une imprimante en réseau ou deux à trois imprimantes (dont une en couleur de préférence). Un nombre croissant de machines multimédia doit être envisagé (la moitié serait une configuration optimale, notamment, pour l'utilisation des CD ROM). Un ou plusieurs postes Internet sont aussi indispensables dans cette salle. Cette salle permet d'accueillir de 16 à 20 élèves travaillant en binôme. Les réseaux permettent de reprendre une tâche sur tout autre ordinateur de l'établissement.
Une salle de travail autonome ou le CDI. Le nombre d'ordinateurs qui l'équipent (en monoposte ou en réseau) est fonction de la capacité de l'établissement. Les machines peuvent y être de nature variée (selon les tâches), la connexion Internet est indispensable. Ce site peut être localisé dans le CDI de l'établissement. L’évolution actuelle tend à l’intégrer au réseau général de l’établissement, pour pouvoir retrouver ses travaux sur tout poste dans l’établissement.
L'ordinateur dans la classe. L’ordinateur (de un à huit) peut aussi être présent dans la classe et être utilisé comme tout autre outil pendant le cours, par les élèves ou le professeur. L’évolution tend à le connecter à un vidéoprojecteur dont les coûts ont baissé, afin de visualiser toutes sortes d’écran et donc les travaux de l’enseignant et des élèves. Cette configuration remplace le projecteur diapo ou le rétroprojecteur. En attendant la généralisation du TBI (tableau blanc interactif) et des tablettes-élèves.
"Les TICE ne font que confirmer la fracture sociale à l’école ; il y a ceux qui savent (déjà) et les oubliés du système ; comment me situer face à cette situation ?" |
Ces toutes dernières années ont été déterminantes, en matière d’équipements domestiques et scolaires. Le niveau de pratiques tice, tous azimuth, chez les élèves s’est amplifié de manière exponentielle, pas forcément grâce aux pratiques scolaires d’ailleurs. Les pratiques « adolescentes » de communication ont, elles, intégré les tice : SMS, mp3, podcast, téléchargements (et jeu avec la Loi !), mais aussi le développement furieux de la blogosphère qui réintroduit l’écrit et la créativité. Connaissez-vous vraiment vos élèves sur ces points précis ? Que fait l’Ecole de ces compétences non formelles ? Actuellement, dans une classe, on trouve tous les niveaux de maîtrise chez les élèves, du webmestre expert en html à celui qui se perd dans ses propres fichiers. Cette hétérogénéité est de même nature que celle rencontrée sur des contenus et des savoirs plus « scolaires ». La question porte non sur les TICE mais bien sur la capacité pour l’enseignant à prendre l’hétérogénéité comme une ressource et non comme une contrainte. |
Faire des différences de niveaux des rôles positifs
A cet égard, la pédagogie des rôles offre quelques ressources : le site ACORES[4] propose une organisation en rôles de « dépanneurs » : pourquoi ne pas envisager des formes de tutorat ou d'assistance quand des enfants ont déjà acquis une certaine aisance dans le maniement du clavier et dans les applications de l'ordinateur ? Ces "ressources humaines informatiques" seront profitables à tous. En plus de partager ses habiletés avec les autres, l'élève "dépanneur" sera valorisé par ses pairs grâce à son implication.
Evaluer les besoins. Pour quelles activités a-t-on besoin de "dépanneurs ? Une fois les besoins repérés (clavier, traitement de texte, gestion des fichiers, imprimante, messagerie électronique…), il faut identifier les dépanneurs qui ont déjà les compétences souhaitées. Au cas où il manquerait un "dépanneur" dans un domaine, il faudrait songer à en former un ou plusieurs.
Faire connaître les "dépanneurs". Plusieurs solutions sont possibles : affichage d'une liste des "dépanneurs" avec leur spécialité dans le coin ordinateur(s), faire porter un badge aux élèves concernés au moment des travaux dans la salle informatique…
Elaborer des règles de fonctionnement.
- Le "dépanneur" n'est pas toujours disponible ; il a son travail personnel à assurer, d'où l'intérêt d'en prévoir plusieurs.
- Le "dépanneur", en règle générale, "ne fait pas" à la place de l'autre, il explique et montre à l'autre en utilisant un vocabulaire adapté.
- Le "dépanneur" a une durée de vie (la semaine, le mois …) ; il faut permettre à d'autres de le devenir.
- Un "dépanneur" n'est pas dépanneur en tout.
- L'enseignant fait le point de temps à autre avec ses "dépanneurs".
- Ces règles sont à adapter selon sa situation personnelle ; elles seront différentes si on travaille en classe avec un (deux) ordinateur(s) ou si l'on dispose d'une salle multimédia.
C'est l'occasion aussi d'envisager d'autres enfants "experts" dans des domaines moins techniques. Des élèves bons en français par exemple pourront être désignés comme "relecteurs" des productions avant la mise en page finale.
Exemples de "dépanneurs".
- Dépanneur Edition : pour centrer, justifier, souligner, mettre en gras, italique, modifier police, faire saut de ligne, insérer du texte, copier, couper, coller ...
- Dépanneur Fichier : pour copier fichier, chercher fichier, enregistrer dans répertoire, sur disquette… faire différence entre enregistrer et enregistrer sous …
- Dépanneur Clavier/souris : pour connaître les touches spéciales, produire les accents, utiliser les boutons de la souris …
- Dépanneur Impression : pour faire imprimer, remettre du papier, de l'encre, retirer une feuille coincée…
- Dépanneur Messagerie : pour ouvrir la messagerie, récupérer le courrier, le classer, y répondre, gérer le carnet d'adresses...
- Dépanneur INTERNET : pour se connecter sur le réseau, faire une recherche, retrouver les favoris, naviguer grâce aux liens hypertexte …
"Le B2I reste encore une injonction pas concrétisée dans mon établissement. Quel est son intérêt ?" | Utiliser les TICE à l’Ecole représente donc un facteur d’entraînement, voire comme on l’a vu, d’enrôlement dynamique dans le travail engagé avec les élèves. En intégrant les multiples aspects de l’école elles passent de fait aussi sous le joug de l’évaluation scolaire, c’est son destin. Même si les enquêtes montrent qu’actuellement moins de la moitié des collèges ont mis en application le B2I. C’est qu’il sous-tend ou qu’il est l’occasion de faire jouer plusieurs domaines encore très innovants dans les établissements : |
· Des pratiques en TICE suffisamment développées dans plusieurs disciplines
· La coordination d’une équipe en matière d’échanges de pratiques professionnelles et notamment sur l’évaluation dans les disciplines
· Des pratiques mêmes émergeantes de l’évaluation par compétences
· Le suivi plus organisé des parcours des élèves, sur un niveau, sur un cycle
Les tableaux de suivi de l’élève par compétences sont encore à découvrir car ils sont des prototypes de ce que peut représenter une évaluation partagée et suivie par compétences. Bien des équipes s’en sont servies pour élaborer leurs évaluations des « itinéraires de découverte » au collège par exemple. Car, avant même de poser les questions de contenus et de techniques, ils posent la question d’une évaluation collective organisée et coordonnée. C’est bien un thème de formation sur site.
Le B2I. La présentation, les documents d’accompagnement et les certifications sont disponibles à partir du site EDUSCOL eduscol.education.fr/D0053/default.htm . Tout un dossier à consulter sur le Café pédagogique : www.cafepedagogique.net/dossiers/b2i/
L'usage des TIC améliore les résultats scolaires des élèves, dans les conditions suivantes :
1. La technologie améliore les résultats scolaires quand le dispositif d'enseignement :
1.1. |
soutient directement les objectifs du programme d'études qui sont évalués ; |
1.2. |
offre aux élèves des possibilités de collaboration ; |
1.3. |
s'ajuste aux capacités de l'élève et à son expérience antérieure et fournit une rétroaction au sujet de ses résultats et progrès dans l'application ; |
1.4. |
s'intègre aux activités pédagogiques courantes ; |
1.5. |
présente aux élèves des moyens de conception et de mise en place de projets qui dépassent le contenu du programme d'études ; |
1.6. |
est utilisé dans des établissements qui soutiennent l'utilisation de la technologie. |
2. La technologie permet le développement des opérations cognitives d'ordre supérieur quand :
2.1. |
on enseigne aux étudiants à appliquer le processus de la résolution de problèmes et qu'on leur donne des occasions d'appliquer la technologie à la recherche de solutions ; |
2.2. |
les étudiants travaillent dans des communautés d'apprentissage à l'aide des technologies pour résoudre des problèmes ; |
2.3. |
les étudiants emploient des outils de présentation et de communication pour traiter, présenter, éditer et partager des résultats de recherches. |
3. La technologie améliore la motivation et l'intérêt quand les élèves emploient des :
3.1. |
applications informatiques qui adaptent les problèmes et ajustent la difficulté des tâches pour maximiser leur expérience de réussite ; |
3.2. |
applications pour produire, présenter et partager le travail avec des pairs ; |
3.3. |
applications ludiques pour développer des habiletés et des connaissances de base. |
Extrait de l’article de Robert BIBEAU, d’après une étude américaine, avril 2007 http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0704b.htm#Note3
Claude BERTRAND[5] nous propose une volée de questions qui nous renvoie à une utilisation raisonnée et donc plus efficace. Prêt pour la phase d’auto-vérification avant lancement ?
· En quoi ces pratiques sont-elles innovantes ?
· Où se situe l'innovation ?
· Y a-t-il une plus value pédagogique ?
· Comment mesurer les bénéfices attendus ?
· Quelles sont les conceptions pédagogiques sous-jacentes ?
· Comment est organisée l'activité de l'enseignant ? de l'élève ?
· Quelles modifications sociales, spatiales ou temporelles sont induites par l'introduction des TICE ?
· Quelle nécessité préside à l'introduction des TICE dans cette situation ?
[1] Note d'évaluation 03.04 du MEN, ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/ne0304.pdf
[2] Extrait du rapport final de recherche menée au lycée français de Mexico, par Jérôme Pemeja et ses collègues, disponible sur le site Innovation, innovalo.scola.ac-paris.fr
[3] Le B.O. du 15 juin 2000 fait le bilan d'une année de mise à niveau informatique en seconde. http://www.education.gouv.fr/bo/2000/23/ensel.htm
[4] sur le site ACORES Association CORrespondance Echanges Scolaires http://perso.wanadoo.fr/acores/peda6text.htm
[5] Claude BERTRAND, IUFM Aix-Marseille, Septembre 2001
http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/tice/fi/confweb/conf1.html