YYB :
Mais cela ne s’exclue pas nécessairement, les différents projets
peuvent coexister avec des dominantes selon les moments, en fonction de
facteurs extérieurs, d’opportunités….
MK :
Tout à fait. C’est important, et la façon dont j’ai essayé de répondre
à cette question a été de distinguer le
projet identitaire global et les
projets identitaires dimensionnels.
Je
pars de l’hypothèse que chacun et chacune d’entre nous n’a qu’une
seule identité. Je ne partage pas l’idée d’autres chercheurs qui
disent que chacun de nous a des identités. Chacun d’entre nous a une identité
unique, singulière. Par contre,
on a plusieurs facettes identitaires qui sont plusieurs composantes
de notre identité. Si on prend chacune de ces composantes ou facettes
identitaires, elles s’expriment, elles se manifestent dans les différents
champs d’activités dans lesquels on s’implique : professionnel,
social, familial, culturel, politique… Cela reste des composantes
d’une identité unique.
C’est
la raison pour laquelle je parle de projet identitaire unique et de
projets dimensionnés.
Tout
cela ne s’exclut pas. On peut être dans une dynamique identitaire
professionnelle différente de celle qu’on a dans le champ familial, de celle qu’on a
dans le champ social ou culturel.
Ce
qui pose la question de la gestion de la cohérence, de
la cohésion de l’ensemble de ces dimensions identitaires.
C’est la raison pour laquelle parfois on peut se retrouver dans des conflits
identitaires ; certains projets peuvent être en conflit ou en
tension avec d’autres (Exemple : projet professionnel et projet
familial…).
On
le voit aussi dans la formation, les gens ont un projet identitaire
professionnel et quand ils sont en formation, cela ne donne pas un projet
identitaire en phase dans le champ de la formation.. Parfois ces deux
projets identitaires se complètent parfois ils sont en tension. Ce qui
fait que, en cas de compatibilité, la personne peut être amenée à
aller jusqu’au bout de son projet identitaire dans la formation, et en
cas d’incompatibilité, abandonner la formation.
C’est
la raison pour laquelle il faut ajouter autre chose dans la dynamique
identitaire, c’est ce qu’on appelle les stratégies
identitaires. Les stratégies identitaires ont pour mission ou pour
fonction de gérer ces tensions, d’aller vers plus de cohérence pour
garantir une certaine stabilité, un certain équilibre, sinon c’est la
crise…
YYB :
Il y a une identité avec de multiples facettes mais chacune des facettes,
ne peut-on pas les analyser, les décomposer en multiples éléments ?
Ne serait-ce que l’identité professionnelle qui peut être soumise à
des tensions selon le milieu dans lequel la personne est immergée dans sa
mission (différents environnements possibles).
En référence au CP, je pense aussi aux personnes qui se situent
professionnellement aux interfaces des systèmes, là où cela va tirer
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre selon les
moments, les circonstances, les situations. Il y a une cohésion
dans les écrits qui décrivent ces fonctions, mais dans la confrontation
au réel, il est parfois difficile de faire exister la cohérence écrite.
Il y a un spectre d’interventions large, et selon l’endroit où on se
trouve sur la graduation… Par exemple, il peut y avoir des écarts entre
les demandes du niveau de responsabilité qui institue, celui qui propose
cette mission et le terrain qui la réclame.
MK :
Tout à fait. On peut dire qu’il y a deux types de tensions : il y
a des tensions inter-dynamiques et DES tensions intra-dynamiques.
Je partage tout à fait votre avis, on peut avoir des tensions ou des
conflits dans la composante professionnelle ou sociale de l’identité.
On peut également avoir des tensions à l’intérieur de chaque
dimension identitaire, et comme vous l’avez dit, on peut tout à fait être
conduit à vivre des conflits de rôle : on peut être en
difficulté quand on a plusieurs rôles à jouer,
si ces différents rôles s’excluent mutuellement. Il y a alors
un choix ou un positionnement de la personne sur un ou plusieurs rôles.
Cela
peut poser problème mais l’individu n’est pas hors contexte :
dans le champ professionnel, il y a le projet que la personne a sur elle-même
mais il y a aussi le projet de l’institution, des collègues, le projet
que les autres assignent à la personne. Il peut y avoir des conflits
entre soi et soi et aussi entre soi et les autres. Le CP peut être dans
ce cas de figure : accompagnateur, collaborateur de l’inspecteur,
il peut avoir plusieurs casquettes qui peuvent être en conflit, en
contradiction, en tension, ce qui pose la question de comment les gérer.
Cela peut se répercuter dans la façon de pratiquer, d’accompagner les
équipes. Alors là, qu’est-ce qu’il va mobiliser comme rôle ?
YYB :
Est-ce forcément le rôle qui est attendu ?
Dans
votre exposé vous avez rappelé le rôle de l’analyseur du point de vue
ethnologique en parlant de révélateur de dysfonctionnement, de déviant,
bouc-émissaire… Le public qui fait la demande peut être dans cette
attente-là et tout en étant en demande de résolution de problème, être
dans l’évitement de la clarification approfondie du problème :
c’est complexe parfois.
MK :
Tout à fait. C’est complexe et parfois la non-clarification du rôle
peut jouer aussi une fonction. En tout cas cela montre effectivement que
le métier de conseiller pédagogique est aussi au carrefour de toutes ces
interrogations.
YYB :
Revenons au début de l’entretien. Parler de dynamique identitaire plutôt
que d’identité même au pluriel, c’est aussi dire qu’on peut jouer
dessus. Cela met en relief des possibilités pour la personne elle-même
et pour les situations de ne pas rester figées dans le temps, mais bien
d’évoluer. Cela vaut alors aussi pour quelqu’un qui intervient dans
le champ professionnel d’autrui, qui travaille à modifier les
situations : s’il n’y a pas de dynamique, il n’y a pas de changement
possible.
MK :
Cela montre que tout n’est pas joué d’avance. C’est quelque chose
qui est en perpétuel remaniement, et, dans ce remaniement, il y a la
place du sujet.
Cette
place et ce rôle du sujet dans l’élaboration de sa dynamique
identitaire sont différents selon chacun.
J’ai
dégagé quatre grands types de dynamiques identitaires (article
à paraître Recherche et formation avril 2003 INRP) :
-
La
dynamique de continuité identitaire :
trajectoire, itinéraire de continuité. Les gens sont satisfaits de leur
identité actuelle qu’ils ont envie de reproduire, de prolonger ou
d’entretenir dans le futur.
-
La
dynamique de transformation identitaire :
il s’agit de la personne qui a quelque part une certaine insatisfaction
de son identité actuelle et qui cherche, qui a une
démarche d’acquisition ou de construction d’une nouvelle
identité.
-
La
dynamique de gestation identitaire :
l’individu de trouve à un moment ou à un carrefour de sa vie : il
a des interrogations, il n’est pas encore clair sur ce qu’il va
devenir. Cela peut être des gens qui vivent dans une souffrance ou une
blessure identitaire ou qui ressentent une rétrogradation
professionnelle… et qui se demandent ce qu’ils vont devenir.
-
La
dynamique d’anéantissement identitaire :
il s’agit là de personnes qui sont sans énergie ni ressort : ils
ne sont plus dans une stratégie de sauvegarde de soi mais plutôt dans
une démarche d’anéantissement de leur soi.
C’est
ce que j’ai essayé de développer dans un article qui paraîtra dans la
revue Recherche et Formation n°41 que je coordonne. En tout cas, on
peut tout à fait intervenir sur le cours de cette dynamique
contrairement à l’idée d’état, mais cette intervention ne se fait
pas au même niveau et de la
même façon pour chacun : c’est différencié.
YYB :
Ne peut-il pas y avoir aussi des stratégies de rupture qui seraient des
redéfinitions identitaires par la personne insatisfaite qui va décider
toute seule que sa profession, c’est autre chose, qui plutôt que de
changer de profession va s’écarter du modèle et poser sa propre définition
ou redéfinir sa fonction ?
MK :
Là, ce que vous dites, la redéfinition, c’est ce que je mets dans le
processus de gestation identitaire où il y a une dynamique de
confirmation de soi, de reconstruction de soi, de redéfinition de soi.
Par
contre, ce que vous dites sur les ruptures, je l’ai intégré dans les
dynamiques de transformations identitaires ; cela peut être une
rupture complète avec le passé comme cela peut être un réaménagement,
une modification. Dans la transformation,
il peut y avoir une rupture…
Cela va de la modification à la rupture.
YYB :
Cela amène à la question du « qu’est-ce
qu’une personne a à y gagner ? »
Ceci
nous ramène à ce que vous avez évoqué concernant les enjeux, « la
maîtrise de la zone d’incertitude », la notion de pouvoir que la
personne veut conserver aussi. Comment amener les gens à une autre représentation
de la fonction alors que pour eux, il y a des enjeux de perte ? (une
certaine tranquillité, un prestige supposé ou réel, le résultat d’un
cheminement ou d’un investissement professionnel [exemple
pris dans ma circonscription à propos de certains postes]... )
Est-ce
que l’institution peut admettre la redéfinition que les gens peuvent opérer
sur leur fonction [innovation
par exemple]?
MK :
Cela met en évidence que la question de la dynamique identitaire ne peut
pas s’analyser et se concevoir en dehors de l’altérité. L’individu
a des liens conflictuels ou de complémentarité avec les autres. Cela ramène
à la question du projet de soi sur soi et du projet d’autrui sur le soi
de quelqu’un d’autre. S’il y incompatibilité avec un rapport de
force défavorable, cela peut générer de la souffrance ou conduire à la
rupture.
YYB :
Les gens ne peuvent-ils pas avoir l’impression parfois que le projet
pour eux est une déconstruction, une annulation, une « annihilation »
de ce qu’ils ont parfois mis du temps à construire ?
MK
: Tout à fait…
YYB :
C’est typiquement le genre de situations dans lesquelles le CP peut se
trouver en situation d’agir quand il propose ou promeut une nouvelle
forme de travail, un nouveau contenu… placé par l’institution auprès
de celui ou de celle qui est le garant de la mise en œuvre de
dispositions éducatives.
MK :
Cela pose question pour le conseiller, le formateur, le responsable de
formation, la personne qui doit agir
à l’interface entre l’individu et l’institution. Dans certains cas :
-
Etre au service de
l’individu, est-ce se mettre en situation difficile avec l’institution
dont on fait partie ?
-
Etre au service de
l’institution, est-ce se couper de l’individu ?
-
Chercher le
compromis, vouloir satisfaire les deux, arriver à des compromissions, des
négociations, jouer le rôle d’agent double. Au bout d’un moment, se
pose la question de savoir « quel est ton positionnement à toi ? »
YYB :
A propos du rôle ou des rôles du CP, A. De Peretti au cours de son
interview, affirme « toute personne chargée d’un rôle a toujours
une fonction régulatrice qui s’effectue parce qu’elle des
informations dont elle est destinataire et elle est en même temps réceptrice
de questions, de problèmes et de besoins réciproques... C’est un rôle
de régulateur, de coordonnateur, de médiateur. »
Et
cela se développe à l’heure actuelle, cela se développe partout.
C’est le rôle de régulateur, coordonnateur, médiateur que l’on
retrouve dans différentes organisations ou institutions. Qu’est-ce
qu’on en attend en fait quand on crée ces fonctions ?
KM :
Ce qui est important et ça c’est une réflexion, ce n’est pas la
fonction de coordination, d’animation, de régulation, de facilitation.
La question qui est posée est en fait : c’est au service de
quel projet. C’est cela qui, pour moi, reste un enjeu fondamental.
Coordonner oui mais pourquoi ? Quel est le projet qui est derrière
cela.
Il
y a différents cas de figure.
Soit
on est dans le cas de figure où il y a compatibilité entre le projet
institutionnel et le projet individuel : dans ce cas, le régulateur,
le coordinateur peut avoir un rôle de régulateur de cette compatibilité.
Il y a alors possibilité de faire coexister les deux projets.
Par
contre quand on a des projets qui s’excluent et qui génèrent de la
violence, comment réguler ? Tout dépend de ce que l’on appelle régulation.
La question est celle du projet qui va être sous-jacent à cette fonction
de régulation. Quelle est sa place dans le conflit généré par
l’incompatibilité de deux projets. Il ne faut pas que la régulation se
fasse au détriment de l’un ou de l’autre, parce que réguler en
faisant rentrer les gens dans les rangs, pour moi ce n’est pas de la régulation.
YYB :
Alors finalement on peut dire qu’accepter et instituer ce type de
missions, c’est autoriser, ouvrir quelque part un espace de négociation.
Sinon elles n’ont pas de raison d’être …
MK :
Je suis d’accord mais il n’y a pas que l’espace de négociation :
c’est aussi la marge, ce qu’on appelle la
plage de négociation dans les théories de la négociation. On peut négocier
parce qu’il y a des plages de négociation. Quand il n’y a pas de
plage de négociation, on ne peut pas négocier : on est soit dans le
compromis, soit dans l’exclusion, soit dans le rapport de force. Moi je
suis d’accord avec l’idée que le médiateur peut jouer un rôle dans
la régulation mais à condition que les acteurs de la négociation
disposent d’une plage de négociation permettant au négociateur de
jouer son rôle. Sinon il ne peut pas jouer ce rôle là parce que, par définition,
il ne peut pas intervenir à la place des autres.
Heureusement,
le plus souvent les plages de négociation existent, il faut les repérer,
mais toute négociation veut dire qu’il y a une part de renonciation à
son projet global. Cela veut dire que des deux côtés, il y a à trouver
cette plage qui permette à chacun d’avoir sa propre autonomie. En même
temps cela veut dire que l’individu est considéré comme un acteur au
sein de l’institution, et non un objet, un agent qui est là pour exécuter.
Cela suppose du côté du régulateur, du conseiller une écoute active.
Sinon il va faire fonctionner son propre projet à la place du projet des
autres. C’est un danger qui le guette, il doit avoir un projet sur
les processus d’accompagnement mais il ne doit pas avoir, bien
entendu, un projet à la place des individus qu’il accompagne. Ceci afin
de ne pas instrumentaliser les personnes qu’il accompagne. L’écoute
active joue un rôle important.
YYB :
C’est en lien, je vais revenir sur ce que vous aviez dit à propos du
conflit -conflit mortifère/conflit constructeur- on cherche
souvent à diminuer l’intensité du conflit : ce que l’on cherche
je crois, c’est le plus petit dénominateur commun entre les gens, et là
cela rejoint ce que vous avez dit : le conflit non exprimé
ressortira ailleurs. Vivre et travailler le conflit de façon à ce
qu’il soit constructeur, c’est plutôt inhabituel, pas simple...
MK :
Parce qu’on est dans une culture du consensus et dans des cultures de la
peur du conflit. C’est ce qu’on disait la dernière fois, le conflit
est vécu de manière mortifère et pas de manière constructive.
Attention, il faut faire la différence entre conflit et violence.
Dans
les théories de la construction de l’identité, A. Touraine et son équipe
ou d’autres chercheurs sociologues ont réalisé pas mal de travaux sur
comment se construit l’identité à travers le conflit.
Il
y a même des recherches qui ont relaté dans le secteur de la santé
mentale comment des malades ont été soignés à travers des démarches
faisant appel au conflit. Il est montré comment le fait de les mettre en
situation de revendication pour être dans une confrontation avec
l’autre, avec le réel, les aide pour une prise de conscience de leur
soi.
Il
y a des gens aussi (cas de certains jeunes par exemple) qui sont complètement
en dehors des marges si on peut dire, par rapport aux « normes »
et qui peuvent être ramenés à une conscience d’eux-mêmes à travers,
l’élaboration et la négociation des revendications qu’ils formulent
et défendent, dans une confrontation avec les représentants du pouvoir
institutionnel.
Le
conflit en soi n’est pas destructeur, il peut être constructif.
YYB :
Maintenant, l’enseignant doit travailler davantage dans des espaces de décisions
communs, collégiaux ou collectifs. Si on accepte qu’il y a des
analyses, qu’on ne recherche pas un consensus et qu’il faut vivre le
conflit… comment arriver à des décisions communes, en tout cas à un
travail en commun ?
MK :
La première chose, c’est de raisonner non pas en terme
de décision commune mais de décisions
partagées. Quand on est dans des décisions communes, cela peut aller
jusqu’à des exclusions de la différence. Quand on est dans des décisions
partagées, cela peut laisser des marges à la différence.
Il
faut faire la différence entre les décisions qu’on prend parce que
l’on croit être dans l’urgence. Là, j’essaye de faire intervenir
la notion de temps. Il y a des moments où, en réalité, ce qui nous
pousse à décider est ailleurs, sans rapport avec le processus dans
lequel on se trouve. Peut-être que prendre le temps de la réflexion et
le temps de l’intégration des personnes dans le processus de réflexion
permet de gagner du temps à long terme. Car là, on sera dans un
processus partagé collectivement. Peut-être que la décision dans
l’urgence est davantage de l’ordre de la manipulation plus que de la décision.
Peut-être qu’engager une réflexion collective et viser la
co-construction et la mobilisation d’un sens partagé est plus long sur
le moment mais peut faire gagner du temps par la suite [exemple d’un
professeur confronté à un problème avec ses élèves, en classe]. Il
faut avoir un rapport avec le temps qui ne nous met pas dans l’urgence
parce que sinon, on perd le sens : il y a un rapport à trouver entre
l’urgence et le sens par rapport aux décisions.
Je ne dis pas que c’est une règle de conduite dans l’absolu,
mais il vaut mieux faire avec le temps plutôt que contre le temps.
Le
troisième point renvoie au problème de la pédagogie traditionnelle et
nouvelle : est-ce qu’on est dans les processus ou est-ce qu’on
est dans les résultats ? Est-ce qu’on veut à tout prix aboutir à
un résultat qui va être le résultat de l’un et qui ne va pas être un
résultat partagé avec les autres. Est-ce qu’on veut plutôt engager un
processus, entreprendre un travail sur les processus ?
YYB :
C’est l’idée donc de co-construction même si des gens sont parfois
dans une position un petit peu passive et
dans l’attente de la décision qui ne mettra peut-être pas tout
le monde d’accord mais qui aura suffisamment de poids (institutionnel)
pour être acceptée ?
MK :
Tout à fait, il faut résister à cela. Il faut résister à la tentation
de répondre à la place de l’autre. La passivité pour moi ne désigne
pas quelque chose de négatif. La passivité est une attitude. Cela a un
sens. Cela peut être l’expression d’une forme de résistance. Elle
signifie quelque chose. Le sens est chez les personnes, ce n’est pas
l’accompagnateur qui va le créer à leur place. Il faut se donner la
peine de chercher ce que cela signifie, de déplacer le regard en partant
de là où sont les gens, et comprendre avec eux, au lieu d’être dans
la recherche de résultat : parce qu’on est dans
l’accompagnement, on peut effectuer ce déplacement pour aller vers
l’autre et non pas déplacer l’autre vers soi. La position du
politique par exemple, c’est autre chose. Mais quand on est
accompagnateur, il faut déplacer son regard et non pas se centrer sur son
regard si on veut que l’autre chemine.
YYB :
Pour terminer, je voulais revenir sur l’analyse et les analyses. Vous
nous avez présenté une manière d’analyser deux cas qui ont été
proposés, deux situations de celles qui peuvent durablement perturber les
relations entre un nombre non négligeable de personnes : il
s’agissait de l’occupation d’un bassin de piscine et d’un samedi
matin d’animation pédagogique… Exemples
de situations qui peuvent en quelque sorte causer un préjudice [de
confiance etc…] à celui ou celle qui se trouve en situation de mener ou
de guider s’il ne sait pas ou ne peut pas parvenir à une résolution
des questions posées. Vous avez mis en place un dispositif d’analyse et
je me suis demandé pour ces mêmes situations quelles pouvaient être les
autres analyses possibles. Cela rejoint la notion des composantes :
indicateurs, objectifs, stratégies… Qu’est-ce qu’il y a dans ce
champ d’étude ?
MK :
Cela dépend dans quelle posture on se trouve. Si l’on est dans une
posture de résolution de problème, il y a toute une littérature là
dessus (…).
Pour
analyse de pratiques professionnelles, il y a tous les travaux des collègues
de Paris X, notamment Blanchard-Laville et Dominique Fablet (…). Sinon,
si vous voulez avoir une idée sur les différents types d’analyse, les
différents principes qui les animent, les méthodes, il y a le dossier
central de l’avant-dernier numéro de la Revue Française de Pédagogie
(INRP). Il contient une synthèse très bien faite des variantes, des
fonctions, des méthodologies et des limites de l’analyse de pratiques.
Et il y a aussi un numéro de la revue, « Education
permanente ». |