|
A-
Emplois du temps hebdomadaires souples
- Ces emplois du temps peuvent être assouplis par diverses précautions:
- une période banalisée est conservée chaque semaine à disposition des
enseignants (pour utilisation individuelle souple)
- une durée (1 heure ou davantage) est réservée à des travaux écrits surveillés pour
une ou plusieurs classes, libérant un ou plusieurs professeurs pour une concertation ou
une relation daide ou encore la création dun groupe de méthode ou de niveau
supplémentaire
- une plage de temps peut être réservée pour chaque classe permettant un travail au
C.D.I.
- une réduction des horaires à 50 minutes permettant de disposer de réserves de
temps pour des séquences différenciées
- un groupement dheures affectés à létablissement donne un volant de temps
qui peut être réparti suivant des besoins pédagogiques
- les horaires de deux (ou plusieurs) professeurs sont organisés en block
pour deux ou plusieurs classes, chaque professeur ayant une classe en première heure et
lautre dans lheure ou les heures suivantes: il est possible par entente
dallonger ou de raccourcir les durées denseignement consacrées aux classes
ou groupes
- globaliser les heures de soutien afin de pouvoir créer un groupe
supplémentaire
- alignement dune partie des horaires pour des enseignements partiels en
classes hétérogènes et des enseignements en groupe de niveau et de méthode
- regroupement par deux (ou plusieurs) professeurs, de deux (ou plusieurs) classes sur des
horaires alignés, afin de se proposer à de nouveaux sous-groupements délèves
pour des études sur thèmes ou sur objectifs distincts. Ces regroupements peuvent être
interdisciplinaires ou intradisciplinaires. Ils peuvent donner lieu à un enseignement à
deux (ou à plusieurs) voix en réunion plénière des deux (ou plusieurs) classes.
B-
Emplois du temps sur quinzaine (ou sur plusieurs semaines)
- Ce type demploi du temps qui est de plus en plus utilisé permet un grand nombre
de combinaisons favorables à la variété et à la diversification de la pédagogie.
- Répartition dissymétrique dune semaine à lautre, pour un ou plusieurs
professeurs, des heures denseignement dune discipline, permettant
dalterner une pédagogie de préparation brève et une pédagogie dattaque,
dimmersion ou dapprofondissement (grâce à un horaire plus long)
- regroupement des horaires courts pour une discipline en vue dune meilleure
efficacité (une séance longue tous les quinze jours ou toutes les trois semaines)
- organisation de lalternance entre une semaine plus chargée et une semaine
allégée, entre une fin de semaine brève et une fin de semaine prolongée
- suivant les choix des professeurs, répartition égale ou au contraire contrastée des
horaires de disciplines déterminées, dune semaine à lautre (dans la
quinzaine ou au delà)
- alternance dune semaine où fonctionnent les classes hétérogènes et une semaine
où fonctionnent des groupes homogènes (plus nombreux et avec moins
délèves) de méthode, de niveau ou de besoins
- regroupements bi-hebdomadaires de plusieurs enseignements à horaires courts en vue de
donner alternativement à la moitié dentre eux des durées correctes de cours, une
semaine sur deux
- possibilité de séjour en CDI, accordée une semaine ou deux pour en accroitre la
disposition dans létablissement ou de séjour en ateliers
socioculturels
- possibilité à temps donné (une fois par mois, par trimestre, par semestre, ou par an)
daccorder à un professeur ou une équipe de professeurs une semaine ou une
quinzaine demploi du temps exceptionnel (pour un séminaire, un PAF, un voyage
etc..., période à emploi du temps progressif
- opportunité dassurer de temps à autre des plages de temps dégagé pour un
entrainement à des examens ou une évaluation sommative (type composition
dantan)
- contrats dobjectifs sur quatre semaines sur une ou plusieurs disciplines (voire
lensemble des disciplines)
Expérience d'un emploi du temps mobile-
COLLEGE
Action menée par Mme Padovani ( Lettres) et Mme Léonardi
(Histoire- Géo).
Le projet est organisé pour les deux
classes de sixième, autour d’un emploi du temps modulable sur une matinée
permettant une intervention souple autour des deux professeurs. Dans ce
projet entre le thème de la classe à PAC portant sur la richesse du
patrimoine autour des phares de la Corse-du-Sud.
C- Plages dactivités de coopération
- Lorganisation différenciée suppose la libération de certaines réserves de
temps scolaire en vue deffectuer des activités complémentaires ou de coordination
- organisation générale de relations entre professeurs (accueil, fêtes, célébrations,
préparations, étude de projets)
- rencontres périodiques entre équipe administrative, enseignants et agents de service
(ainsi que délégués des élèves)
- plages de concertation établies pour les professeurs dune ou quelques classes
- plages de temps réservées, au cours de chaque trimestre, pour préparer et réaliser
les enseignements transversaux obligatoires
- horaires réservés aux séances de conseils institutionnels (conseils par classes, par
niveaux, par discipline)
- journées de formation pédagogiques dans létablissement (avec ou sans
participation de parents ou délèves)
- réunions avec les familles, avec exposition des travaux délèves, réflexions
sur le travail et les orientations
- ouverture sur lenvironnement administratif et professionnel (mairies,
administrations, entreprises, ANPE, associations culturelles, mouvements de jeunes... avec
visites, portes ouvertes, présentation des débouchés et des professions)
- rapports de travail méthodologique avec les établissements scolaires voisins, de tous
les degrés (bassins de formation)
- activités de recherche en liaison avec lINRP, les universités et les centres de
formation
D- Temps de renforcement du travail des élèves
- Les élèves ont besoin dun encadrement ou dune aide personnalisée,
établis dans ou au-delà des horaires denseignement; grâce à lactivité de
personnes compétentes (professeurs volontaires, conseillers déducation,
administratifs, parents disponibles, psychologues, enseignants retraités, étudiants
bénévoles, membres dassociations reconnues, cadres formateurs dentreprise
etc...)
- temps réguliers de conseils méthodologiques sur la façon de travailler et la manière
daméliorer (en petits groupes, avec un ou plusieurs conseillers ou
tuteurs) en petites classes ou en forum avec libre choix du conseiller ou au
CDI)
- séances organisées dentraide pédagogique entre élèves (de même classe ou de
classes différentes, de même niveau ou de niveaux différents, par exemples élèves de
3ème et élèves de 6ème)
- réunions de formation pour les élèves délégués de classe (ou dautres rôles
confiés en responsabilité à des élèves)
- horaires consacrés à la préparation et à lexécution de PAE
- activités responsables des foyers socio-éducatifs et des oeuvres de coopération
(OCCE, etc...)
- études surveillées après la sortie des classes (dans ou en dehors de
létablissement scolaire)
- encadrement bénévole du travail à la maison
- séances individuelles ou collectives consacrées aux problèmes dorientation
- animation pédagogique des trajets effectués en ramassage scolaire
- self-disciplines: des professeurs se tiennent, à heure et à jour fixes, à
la disposition de tous les élèves qui ont besoin de faire appel à eux dans le cadre de
leur discipline
|
LE COLLOQUE ECOLE ET
TEMPS.
Aniko Husti,
Temporalistes, n° 18, A propos du Colloque Ecole et Temps, octobre 1991, pp.
2-5.
La redécouverte de la valeur qualitative du temps
apparaît à notre époque, comme un phénomène nouveau. L'on s'éloigne en effet du
simple chronométrage mécanique pour retrouver avec la recherche de la qualité de
la vie, celle-là même du temps. Dans l'enseignement, il est difficile d'aborder
le thème de l'utilisation du temps parce qu'elle est cristallisée sur des
principes pédagogiques et biologiques et dans une organisation figée, datant du
XIXE siècle. Pourtant, l'adaptation de l'utilisation du temps à l'école
d'aujourd'hui et la modernisation de l'organisation sont urgentes car un
enseignement qui envisage la participation active des élèves à la construction
de leurs savoirs ne peut utiliser les mêmes durées et rythmes que celui qui
s'est donné pour but, depuis un siècle, la transmission des connaissances. C'est
la raison pour laquelle l'INRP (Institut National de la Recherche Pédagogique) a
organisé un colloque les 9 et 10 avril 1991 à Paris.
Dès le début du colloque, les représentants du
Ministère de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports, le recteur de
l'Académie de Paris, les chercheurs et partenaires de l'éducation ont mis en
évidence à la fois la complexité du problème, les intérêts contradictoires en
jeu et les avancées réalisées en matière de rythmes scolaires. Une place
importante a été donnée aux expériences et innovations. "Temporalistes" retient
ici celles qui ont été présentées dans les ateliers du colloque, "par ceux qui
les font", et notamment les travaux portant sur les temps scolaires, l'heure de
cours traditionnelle, l'emploi du temps mobile et le temps choisi à l'école.
LE TEMPS SCOLAIRE
La conception de l'emploi du temps scolaire s'est
cristallisée, dans l'enseignement secondaire, autour du modèle unique du XXe
siècle. Des générations l'ont pratiqué invariablement jusqu'à ce qu'il soit
devenu un stéréotype du travail scolaire. Le découpage en "heures de cours" de
toutes les disciplines et l'organisation immuable de l'année scolaire n'ont
jamais été remis en question. Aussi, la transformation continuelle des
objectifs, des méthodes, des moyens technologiques utilisés et le maintien d'une
conception ancienne d'utilisation du temps sont-ils devenus contradictoires. Ce
qui crée un blocage, eu égard aux développements visés. L'emploi du temps
rigide, uniforme et standardisé correspondait au type d'enseignement du XIXE
siècle. L'incompatibilité de l'ancienne structure avec les objectifs, les
méthodes et le public scolaire du XXe, commence à être perçue. La grille
séculaire de l'emploi du temps est intériorisée jusqu'à l'inconscient collectif
de la société. Le temps de l'organisation administrative a effacé la dimension
du temps de l'enseignement. La difficulté technique de la construction de
l'emploi du temps en a fait un objet intouchable. Le temps scolaire est devenu
un thème tabou. L'organisation spécifique du travail des enseignants y contribue
(avec les "heures de service" - qui ne rendent pas compte du temps effectif de
travail - les vacances, la satisfaction de vœux personnels, etc... ). Ces
enseignants craignent de perdre les avantages de situations enviées ou
critiquées dans la société. L'institution scolaire reste paralysée par l'emploi
du temps immuable, répétitif, découpé en petits morceaux identiques.
"L'HEURE" ET LE "COURS".
L'unité de base de l'apprentissage dans le second
degré reste "l'heure de cours", en dépit du fait largement reconnu que le
"cours" est devenu, pour les jeunes d'aujourd'hui, une forme de travail
largement dépassée, l'enseignement moderne étant centré sur la participation de
l'élève à la construction de ses connaissances. Selon la conviction
traditionnelle, "l'heure de cours" est le temps limite de la fatigue de l'élève.
Ce sont les aiguilles de l'horloge qui mesureraient la durée de l'intérêt. Pour
les élèves d'aujourd'hui "l'heure de cours" est devenue une durée souvent longue
lorsqu'il s'agit d'écouter ou de demeurer passif et une durée courte pour des
tâches plus actives, plus autonomes, plus personnalisées.
L'EMPLOI DU TEMPS MOBILE.
L'expérimentation pratiquée vise une reformulation
de la dimension pédagogique de la variable "temps", la transformation du modèle
séculaire de l'emploi du temps normalisé en une organisation du temps variable,
mobile, adaptable.
L'emploi du temps mobile est construit pour toute
l'année. Il devient variable par un fonctionnement en équipe de professeurs de
disciplines diverses qui enseignent en commun dans une unité composée de deux ou
trois classes, pas forcément de même niveau (voir ci-après, les expériences de
Nice et Marseille). Ainsi les membres de l'équipe peuvent-ils changer, permuter,
équilibrer leurs horaires pour les adapter à leurs démarches pédagogiques par
demi-journées établies et programmées pour être mobiles.
L'emploi du temps mobile permet :
- d'utiliser des ''séquences" d'enseignement à
durées variées à la place de l'unique "heure de cours" ;
- de renforcer l'enseignement d'une matière à une
période donnée de l'année ;
- d'adapter l'organisation des journées, des
semaines ou des trimestres au projet pédagogique ;
- de varier les effectifs ;
- d'apprendre à l'élève à organiser son temps ;
- de conformer l'enseignement au rythme individuel
de l'élève.
La "séance" d'enseignement de durée variable ménage
à l'élève un temps de réflexion, de compréhension. Elle alterne travail
collectif et personnel. Elle entraîne l'élève au travail continu, non "bâclé".
Le rythme de la progression annuelle peut varier selon les disciplines. Les
élèves accomplissent des tâches données d'avance. Ils sont libres de choisir les
durées qu'ils passeront dans telle ou telle discipline, en accord avec leur
propre rythme.
DU TEMPS SUBI AU TEMPS CHOISI,
"Je me pose la question du temps alors qu'avant je
le subissais" dit un professeur acquis au temps mobile. Le travail en équipe est
à la base de la mobilité et confère à l'enseignant la responsabilité de gérer
son horaire. Ceci en respectant le rythme personnel de tel ou tel élève. Si
l'élève participe effectivement à la construction de ses connaissances, le temps
scolaire devient le temps de l'élève.
Dans la perspective d'un élargissement des projets
d'établissement (pour tel collège, tel lycée) et d'une extension du travail en
équipe des enseignants, l'organisation souple et variée du temps va s'avérer une
nécessité incontournable. La recherche sur "l'emploi du temps mobile" au collège
et au lycée a déjà démontré que la décentralisation du temps dans
l'établissement, en associant les professeurs à la gestion du temps, en formant
les élèves à l'apprentissage de leurs propres temps, est une chose possible.
Le lecteur pourra s'en convaincre à la lecture des
relations publiées ci-après, fondées sur les expériences rapportées au colloque
de Paris par ceux-là mêmes qui les ont pratiquées.
|