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Tout formateur peut connaitre potentiellement la dérive de la "toute puissance", instrument du changement radical; dérive souvent accompagnée du "complexe de l'origine", à savoir partir sur des objectifs trop généraux ou mal ciblés.

C'est à dire qu'on oublie de resituer le processus de formation dans la conduite du changement. Il faut le dire clairement: la formation ne peut pas tout ! Et, il est facile de la (sur)charger d'objectifs ou d'effets qu'elle ne peut pas assumer. Et d'autoriser alors les détracteurs de conclure: "on a essayé, et ça n'a pas marché !".

Une "bonne formation" s'assortit d'une analyse sur les potentialités de changements dans le système, dans un établissement, au moins dans trois autres domaines tout aussi importants, car interreliés entre eux.

dans l'institution

dans l'établissement

Les conditions du changement: la "réforme informelle"

Par André GIORDAN, Libération, 15 février 2005 http://www.liberation.fr/page.php?Article=275705

Le changement réussi est de l'ordre de l'informel et du complexe. C'est une transformation du regard qu'il s'agit de mettre en place en premier. Le changement s'opère d'autant mieux qu'il s'effectue inconsciemment, un peu comme les modifications du rythme cardiaque qui se produisent à notre insu. Il s'élabore d'autant plus efficacement que l'on évite le recours aux ordres et aux décrets, qui sont généralement subis comme des cassures et des ruptures, et que l'on prend appui sur les potentialités que tout système humain possède pour évoluer.

Ce sont les conditions de base pour obtenir la coopération des membres et des parties d'une organisation dans sa dynamique d'évolution. Et cette approche requiert toute la vigilance du promoteur de changement. Si celui-ci met l'accent sur les défauts et cherche en premier lieu à les éliminer, il a toutes les chances d'activer les blocages et par effet rétroactif de renforcer les dysfonctionnements repérés. Par contre, le respect et la valorisation des systèmes humains et des personnes dynamisent leurs possibilités d'évolution et les autonomisent.

Paradoxalement, c'est au moment où l'on s'accepte dans ses propres manques et où l'on se sent reconnu que l'on peut entrer le plus facilement dans un processus de changement. Toute organisation humaine, et cela est encore plus vrai pour l'école et ses personnels, y compris de direction, a fondamentalement besoin de cette reconnaissance et de cette valorisation avant de pouvoir entrer dans une dynamique d'évolution.

C'est alors que les ressources et les compétences du système deviennent facilement mobilisables pour parvenir aux fins souhaitées. Or, contrairement à ce que l'on pense généralement, les innovations ne manquent pas à l'école. Le problème est qu'elles sont peu connues, pas évaluées, rarement mutualisées, jamais valorisées. La plupart du temps, les enseignants les font même en cachette de peur de se faire taper sur les doigts.

Le changement est éminemment paradoxal. Sans doute sont-ce ces savoirs qui devraient faire partie du «socle commun de connaissances» de l'école. Cela serait certainement très utile à nos hommes politiques, mais pas seulement !...

C'est cette culture du changement qu'il s'agit d'injecter dans nos organisations, et pour commencer à l'école. Nombre d'enseignants sont déjà prêts à s'y lancer si on leur «lâche les baskets», si on les reconnaît dans leurs efforts et leurs compétences, et surtout si on les accompagne dans leurs faux pas. Pour les autres, tout est une affaire de recrutement, de formation et de reconnaissance... Sur ce dernier plan, un ministre a alors peut-être sa place...

Dernier ouvrage paru : Apprendre ! (Belin), nouvelle édition 2004.

Par André Giordan professeur à l'université de Genève  et directeur du Laboratoire de didactique et épistémologie des sciences.

concept :François Muller @ 1998-2009