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A l'Ecole de la Forêt (celle aussi du "socle" ?)

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planche Bestiaire extrait du fond de la BNF

Il peut être avisé de prendre connaissance de cette fable des animaux qui nous est parvenu par la voie de Jean-Marie de Ketele, foi d’André de Peretti. Avisons en matière de programme et d’évaluation… 

" Texte enregistré lors d’une conférence de J. M. DE KETELE (université de Louvain, Belgique, vendredi 30 sept. 1983), et lui-même issu d’une mallette pédagogique non identifiée.

Un jour, les animaux décidèrent de faire quelque chose pour résoudre les problèmes du monde moderne. Ils organisèrent donc des élections, et un ours, un blaireau et un castor furent désignés membres de la Commission d’Enseignement. Un hérisson fut engagé comme professeur. Le programme scolaire consistait à courir, grimper, nager et voler, et, afin de faciliter l’enseignement, l’on décida que toutes ces disciplines seraient obligatoires.

Le canard battait tout le monde à la nage, même son professeur, mais il était très médiocre quand il s’agissait de voler et complètement nul à la course. C’était là en fait un si mauvais élève qu’on décida de lui donner des leçons particulières : il devait donc courir pendant que les autres allaient nager. Cet entraînement meurtrit tellement ses pieds palmés qu’il obtint à peine la moyenne à l’examen de natation.

L’écureuil grimpait mieux que quiconque, avait toujours la meilleure note en escalade, 18 sur 20. Voler, par contre, lui déplaisait profondément car le professeur exigeait qu’il saute du haut de la colline, alors que lui préférait s’élancer de la cime des arbres. Il se surmena tant qu’au bout d’un certain temps, il n’obtint plus que 8 en escalade et 6 à la course.

L’aigle était une forte tête que l’on punissait très souvent. Il éclipsait tous les autres quand il fallait grimper aux arbres, mais ne voulait utiliser que sa propre méthode. On décida donc de le mettre dans une classe d’observation.

Le lapin était tout d’abord le champion de course à pied, mais les heures supplémentaires qu’on lui fit faire à la piscine finirent par lui donner une dépression nerveuse.

A la fin de l’année scolaire, une anguille prodige, médaille d’or de natation, et qui savait aussi grimper, courir et même voler un peu, obtint la meilleure moyenne dans toutes les disciplines. Elle fut donc désignée pour prononcer le discours de fin d’année lors de la distribution des prix.

Creuser des galeries ne figurant pas au programme scolaire, la taupe ne put aller en classe. Elle n’eut donc d’autre choix que d’envoyer ses enfants en apprentissage chez le blaireau. Plus tard, ils s’associèrent avec les sangliers pour fonder une école privée, et celle-ci eut beaucoup de succès.

Mais l’école qui était censée résoudre les problèmes du monde moderne dut fermer ses portes  - au grand soulagement de tous les animaux de la forêt.

La fable des animaux qu’on vient de lire ou relire met en scène la métaphore d’un enseignement commun, homogénéisant, républicain ( ?) imposé à des animaux aux modes d’existence et de sens différents, sinon inconciliables. Il met en question le problème de la mise en compatibilité, par « tronc commun » et « socles » ou cultures, des personnes humaines : chacune ayant des traits originaux qui la distinguent des autres et la rend hétérogène à eux.

en savoir plus: "Contes et fables pour l'enseignant moderne", André de Peretti et François Muller, éd. Hachette Education, Paris; 2006