Chapitre 4 – Quand il s’agit
d’utiliser des documents
Où le lecteur (re)découvre que l’enseignement ne peut être
seulement oratoire ou allusif. Et qu’il conviendrait alors de
s’appuyer, personnellement, en esprit scientifique, autant qu’en
souci culturel, sur des documents, doctes par exemple.
Alors, quelle quête de documents pourrait-vous convenir en
toutes parties ou moments de votre enseignement ? Il peut être
sage d’en faire un recensement censé , en adéquation avec
vos visées disciplinaires, et aussi, votre bonne humeur ou votre
inspiration du moment.
Allons ! Vous faites bien faire des révisions à vos élèves !
Alors, révisez en gente préparation votre gestion habile
des documents probants et illustrant votre cours.
Ne peut-il être avisé ici comme ailleurs de cocher (soit
« j’ai », soit « je recherche ») les listes ci-jointes des
catégories de documents, par vertu méthodologique et pour vous
permettre de maîtriser des choix nouveaux. Car il vous importe
naturellement d’agrémenter votre « magistère » par le charme
tangible d’une véritable richesse documentaire. Ohé !
Pratiquement, le document peut être choisi, élaboré et utilisé
pour l’enseignement dans des modalités diverses :
-
selon l’effet pédagogique recherché
-
selon les phases affectives ou
informatives du travail scolaire
-
selon le support matériel adéquat
-
selon les difficultés ou risques
éventuels
1.
Selon l’effet pédagogique recherché,
un document peut être élaboré ou choisi et
utilisé en vue d’amorcer votre enseignement, de le situer
clairement dans votre cours, de l’illustrer ou encore d’en
assurer un suivi. Ce peut donc être en dynamique :
1.1.
Un élément préparatoire
1.1.1.
amorçant un développement
1.1.2.
alertant sur un travail préalable
1.1.3.
posant une interrogation à laquelle le
cours devrait répondre
1.1.4.
énonçant des objectifs d’apprentissage ou
d’application
1.1.5.
appelant une attitude d’écoute
1.1.6.
suggérant la mise en œuvre d’une méthode
de travail
1.2.
un document de mise en œuvre
1.2.1.
soulignant un point de départ
1.2.2.
formant un relais entre deux séquences
d’exposés ou d’échanges
1.2.3.
assurant un repos entre deux exercices
1.2.4.
offrant un divertissement pour compenser
une tâche austère
1.2.5.
préparant l’unification des idées
élaborées dans les équipes dans le groupe-classe
1.2.6.
présentant un plan par table des matières
ou index
1.3.
un document d’accompagnement
1.3.1.
illustrant un argument et une logique
1.3.2.
apportant des références
1.3.3.
proposant une synthèse partielle
1.3.4.
rappelant des étapes successives d’un
développement
1.3.5.
introduisant un texte de base ou des
formes à compléter (voir annexe)
1.3.6.
scandant une conclusion
1.4.
Un document « de suivi » : après un
enseignement ou une séance de travaux pratiques, un document
peut servir à :
1.4.1.
réactiver des informations
1.4.2.
évaluer des connaissances et savoir-faire
acquis
1.4.3.
apporter des éléments de complément
1.4.4.
préparer des rebondissements
1.4.5.
proposer des travaux à parachever
ultérieurement
1.4.6.
apporter un texte de synthèse finale
2.
Suivant les phases de votre
enseignement, le document utilisé peut servir à expliciter vos
objectifs, à temps voulu.
Ce
pourrait être :
2.1.
en amont lointain du cours pour :
2.1.1.
annoncer le prochain sujet du cours à
venir
2.1.2.
expliquer les objectifs impliqués
2.1.3.
piquer la curiosité de la classe ou de
certains élèves
2.1.4.
Inviter à une recherche d’autres
documents
2.2.
en avant immédiat du cours afin de :
2.2.1.
soutenir une investigation préparatoire
2.2.2.
amorcer une procédure particulière ou
nouvelle
2.2.3.
indiquer une lecture préalable à faire
2.2.4.
faire expliciter, par un ou quelques
élèves, des réflexions à propos de ce document
2.3.
au début du cours pour donner :
2.3.1.
l’indicatif du cours en ouverture
2.3.2.
le programme
2.3.3.
l’idée éventuelle à retenir
2.3.4.
des suggestions de lectures à faire
2.4.
au milieu du cours à titre de :
2.4.1.
illustration
2.4.2.
relance de l’attention
2.4.3.
ponctuation et pause
2.4.4.
mise au point intermédiaire
2.4.5.
appui de mémorisation, renforcement
2.5.
à la fin du cours, comme :
2.5.1.
résumé global
2.5.2.
appui de mémorisation et de renforcement
des raisonnements énoncés
2.5.3.
clôture ou adieu
2.5.4.
extraits bibliographiques
2.6.
en suite immédiate du cours, pour
apporter :
2.6.1.
des compléments immédiats
2.6.2.
une mise au point
2.6.3.
des exercices d’application
2.6.4.
une incitation à des initiatives
2.7.
en aval lointain, en tant que :
2.7.1.
rappel de notions successivement
enseignées
2.7.2.
relance de bibliographie ou de visite de
bibliothèque
2.7.3.
amorçage de nouveaux développements
2.7.4.
proposition de rôles à prendre
Il
va de soi que tout document doit être projeté, reproduit ou
distribué, et consulté ou compulsé: à un moment où son examen ou
son écoute ne provoque aucune perturbation dans l’attention ou
la stratégie mais au contraire où peut se produire l’effet
recherché, et non pas l’inverse.
3 - Suivant son support (qui pourrait être une inférence ou une
référence sensible)
Le
support peut servir de relais pour des informations qui peuvent
être d’ordre visuel, sonore ou tactile
Le
support peut être unique ou multiple.
Il
peut être fixé (sur un mur, ou un écran, un appareil de
reproduction sonore ; un bureau, un établi, une paillasse)
3.
il peut être mobile, circuler de
main en main, ou être remis en exemplaire individuel à chacun
Les
supports documentaires peuvent être utilisés de façon
individuelle, en sous-groupes ou en grand groupe dans la classe.
Supports à choisir et variables entre le commencement, le début,
le milieu ou la fin de la séance de cours.
Les
documents peuvent être utilisés sous la forme de :
3.1.
Documents visuels
3.1.1.
feuille(s) manuscrite(s)
3.1.2.
feuille(s) dactylographiée(s)
3.1.3.
feuille(s) polycopiée(s)
3.1.4.
photo(s) sur feuille(s)
3.1.5.
calques
3.1.6.
série de calques
3.1.7.
diapositives
3.1.8.
affiche, dessin ou peinture
3.1.9.
schéma ou graphique
3.2.
Documents sonores ou audio-viduels
3.2.1.
lecture à haute voix, par un élève ou par
plusieurs élèves
3.2.2.
exécution, par un élève, par plusieurs
élèves, sur un instrument
3.2.3.
chant, en solo, en choeur
3.2.4.
disques
3.2.5.
enregistrement(s) sur bande ou
cassette(s) ou mp3
3.2.6.
montage avec diapositives ou
vidéoprojection
3.2.7.
films et autres DVD à présent très
accessibles
3.2.8.
télévision (les ressource du siteTV et de
l’INA à destination de l’Education
3.2.9.
sur internet, sur poste informatique
3.3.
Documents tactiles
3.3.1.
livre, dictionnaire
3.3.2.
plaquette
3.3.3.
revue
3.3.4.
maquette
3.3.5.
pièces découpées (puzzle)
3.3.6.
objet (unique ou multiple)
3.3.7.
outils
3.3.8.
instruments
4.
Risques ou questions soulevés par
l’utilisation d’un document
Comme toute bonne chose, l’utilisation d’un document peut avoir
des effets non recherchés, sinon, disent les sociologues,
« pervers ». Disons qu’ils peuvent aussi avoir des risques, à
l’inverse des effets qu’on veut en attendre. Ainsi, des risques
ou questions peuvent être soulevés par l’utilisation.
4.1.
le document est-il un « medium » neutre
ou, est-il au contraire chargé « émotionnellement » pour
certains, ou pour tous ?
4.2.
Le document peut-il éveiller des
mécanismes de défense ou de rejet ?
4.3.
La multitude des informations contenues
dans un document peut-elle être « décondensée » ?
4.4.
le message complexe supporté par le
document entraînera-t-il chez les élèves, les effets
d’effacement répartis sur des segments distincts du document ?
4.5.
Le document induit-il pour les jeunes des
phénomènes d’identification à des personnages particuliers ou
d’intégration à des rôles ?
4.6.
Les identifications et les effets
d’effacements différentiels ont-ils pour conséquence de détruire
la cohésion, l’unité, d’un groupe-classe ?
4.7.
Le document est-il susceptible
d’entraîner chez les élèves des luttes plus ou moins
transférentielles, de réveiller des conflits internes et des
contradictions ?
4.8.
Quelle est la probabilité de créer une
sécurité ou au contraire, des incertitudes par l’imposition du
document ?
4.9.
Le document peut-il provoquer ou non une
chute de tension dans le groupe-classe ou auprès de certains
élèves ?
4.10.
Le document peut-il servir d’alibi pour
faire une acquisition ou une analyse ?
Face à ces risques, quelles précautions :
Ajournement ? Explication préventive ? Discussion avec les
élèves ?
Il
est indispensable d’exercer les élèves à la consultation active
d’un document et plus généralement à la recherche documentaire,
notamment en coopération avec les documentalistes ou autres
bibliothécaire.
On
peut utiliser à cet effet par exemple sur les méthodologies
nombreuses, variées et complémentaires proposées sur le site
Edcunet,
chapitre « initiation à la recherche documentaire » : guide
méthodologique, mais aussi étapes de la recherche documentaire,
selon les niveaux d’enseignements, travaux sur les
représentations, modes d’évaluation et conception d’un
portfolio, gestion d’un carnet de bord, et démarches pour
problématiser. Là encore, la gamme est riche.
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