Extrait de la lettre du Clerse, Lyon, (date inconnue),
André de Peretti
Voici quelques cinq considérations-conseils à
destination d’enseignants-débutants.
1-
Se faire ingénieusement confiance pour pouvoir faire une confiance
avertie aux élèves. Par suite, maîtriser les soupçons ou incertitudes à
l’égard de soi ou de la classe ; un groupe nous aide puissamment si nous
prenons tranquillement appui sur ses potentialités de complémentarité et de
régulation. Se redire souvent : la classe va m’aider ; inutile de me raidir
sur des mécanismes de défensivité-agressivité. « Patience dans l’azur »,
comme nous y invitent Paul Valéry puis Hubert Reeves ! Il faut laisser
l’impatience et l’anxiété aux centres de formation…
2-
Il convient de s’être assuré de représentations que l’on entretient :
à l’égard de la discipline et de la didactique, de la pédagogie et de
l’institution, des élèves et de l’établissement. Savoir comprendre les
difficultés des élèves, s’acclimater à leurs différences, user de
l’évaluation pour une positivité des itinéraires individuels et collectifs
engendrant d’incessantes exigences et des progressions souples. Ne pas
loucher sur les contenus des programmes, mais les situer à leur distance
d’objectifs accessibles.
3-
Se sécuriser par la vue synoptique d’un outillage pratique, de nature
à expliciter notre projet d’enseignement et notre volonté d’accompagner
l’apprentissage personnel de chaque élève : des listes de quelques objectifs
initiaux, des extraits d’ouvrages, quelques plans de cours, des anecdotes
pouvant illustrer l’enseignement, des instruments variés d’évaluation et de
formation, des procédures multiples d’organisation de la clase (en
sous-groupes, en rôles coopératifs…) etc… suivant ses goûts personnels,
accroissant nos chances de choisir.
4-
Disposer d’un plan indicatif des trois premières semaines suivant la
prise de fonction : comment se présenter et aider les élèves à coopérer :
quels contenus proposer et dans quelles formes ; quels exercices et quels
contrôles stimulants et non déroutants avoir en disponibilité : quels
supports (audiovisuels ou métaphoriques) se disposer à utiliser etc…
5-
Considérer toute difficulté (ou crise) qui se présente dans la vie de
la classe ou de l’établissement comme une chance de progrès, une crise de
croissance,. Considérer toute erreur ou inexactitude comme un matériau utile
pour une amélioration, une explication, une alerte positive, une mise en
train de motivations ! Ne impedias musicam : n’empêche pas la
musique, rappelait Paul Claudel. Et se reposer dans la satisfaction des
justes approximations (en se gardant du perfectionnisme, cette perversion du
projet éducatif), mais aussi s’assurer dans le recours à l’humour, cette
lucidité qui tourne en tendresse et vivifie les logiques.
N’oublier point que c’est un métier difficile mais
superbe. Confiance ! et amitié ! et ingénierie méthodologique avec des
cartes de parcours et des provisions de bonne humeur. |