André de Peretti, dans « Contes
et fables pour l’enseignant moderne », éd. Hachette éducation, Paris,
2006.
Un
jour, les animaux décidèrent de faire quelque chose pour résoudre les
problèmes du monde moderne. Ils organisèrent donc des élections, et un ours,
un blaireau et un castor furent désignés membres de la Commission
d’Enseignement. Un hérisson fut engagé comme professeur. Le programme
scolaire consistait à courir, grimper, nager et voler, et, afin de faciliter
l’enseignement, l’on décida que toutes ces disciplines seraient
obligatoires.
Le
canard battait tout le monde à la nage, même son professeur, mais il était
très médiocre quand il s’agissait de voler et complètement nul à la course.
C’était là en fait un si mauvais élève qu’on décida de lui donner des leçons
particulières : il devait donc courir pendant que les autres allaient nager.
Cet entraînement meurtrit tellement ses pieds palmés qu’il obtint à peine la
moyenne à l’examen de natation.
L’écureuil grimpait mieux que quiconque, avait toujours la meilleure note en
escalade, 18 sur 20. Voler, par contre, lui déplaisait profondément car le
professeur exigeait qu’il saute du haut de la colline, alors que lui
préférait s’élancer de la cime des arbres. Il se surmena tant qu’au bout
d’un certain temps, il n’obtint plus que 8 en escalade et 6 à la course.
L’aigle était une forte tête que l’on punissait très souvent. Il éclipsait
tous les autres quand il fallait grimper aux arbres, mais ne voulait
utiliser que sa propre méthode. On décida donc de le mettre dans une classe
d’observation.
Le
lapin était tout d’abord le champion de course à pied, mais les heures
supplémentaires qu’on lui fit faire à la piscine finirent par lui donner une
dépression nerveuse.
A la
fin de l’année scolaire, une anguille prodige, médaille d’or de natation, et
qui savait aussi grimper, courir et même voler un peu, obtint la meilleure
moyenne dans toutes les disciplines. Elle fut donc désignée pour prononcer
le discours de fin d’année lors de la distribution des prix.
Creuser des galeries ne figurant pas au programme scolaire, la taupe ne put
aller en classe. Elle n’eut donc d’autre choix que d’envoyer ses enfants en
apprentissage chez le blaireau. Plus tard, ils s’associèrent avec les
sangliers pour fonder une école privée, et celle-ci eut beaucoup de succès.
Mais
l’école qui était censée résoudre les problèmes du monde moderne dut fermer
ses portes – au grand soulagement de tous les animaux de la forêt.
Lire
la suite de nos entretiens avec André de Peretti sur la page ici où il
sera question bien évidemment de « socle », mais aussi de « standards » et
d’avandced, mais aussi de différenciation, de diversification de
l’évaluation et même…. d’égalité.
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