Le bağlama ou saz
est un nom générique pour une famille d’instruments
de musique traditionnels
à cordes
pincées utilisés par les
turcs et les
kurdes. Il est
formé d’une caisse de résonance en bois de forme hémisphérique, et
d’un long manche muni de
frettes. Il est muni de trois
chœurs de
cordes qui se jouent avec un
plectre.
Les saz permettent de jouer
tous les
demi-tons d'une
gamme chromatique, ainsi que certains
quarts de ton présents dans les
makams
(modes)
arabes. Cependant du fait que tous les quarts de tons ne sont
pas présents, certains modes ne sont pas jouables dans certains
tons à moins de déplacer les frettes. Le saz est utilisé
exclusivement dans la musique populaire turque, la musique
classique turque utilisant un système différent sans quarts de
tons. |
Le saz est un des
représentants actuels de la famille des luths à manche long,
dont l'origine est très ancienne, ce type d'instruments nous
étant connu dès le premier millénaire avant J. C. Son
ascendant direct semble être la tanbur du Khorassan,
instrument persan dont AI-Farabi se servit au 10e siècle
pour régler le système modal musulman, d'après les théories
pythagoriciennes et les systèmes persans. Répandu depuis
I’Asie Centrale, jusqu’a la Grèce (le bouzouki est un des
membres de la famille) il est utilisé en Arménie sous le nom
turc de saz. Ce mot est en fait d'utilisation populaire pour
désigner l'instrument, saz signifiant littéralement
« instrument de musique ». C’est son immense popularité qui
a fait prendre ce nom pour cet instrument en particulier.
Il est à noter qu’en Iran, cet instrument ne subsiste que
sous la taille la plus petite, et comme instrument par
excellence de la musique classique persane, sous le nom de
« seh-tar ».
En Arménie, le petit et le moyen saz sont
employés pour accompagner les chants des goussans
populaires, mais peu utilisés dans les ensembles (joué de
manière mélodique, note par note), du fait de leur faible
volume sonore. Alors que les ménestrels s’accompagnant
jouent plutôt avec une technique de « rasgueado », brossant
toutes les cordes avec un souple médiator appelé « mezrab ». |
Le saz appartient à
cette très vaste famille des luths à long manche, déjà représentés
sur des bas-reliefs sumériens et dont l’aire de diffusion
correspond à la route de la soie : du Japon à l’Europe orientale,
nous trouvons la même forme de luth à deux ou trois cordes, à
caisse relativement petite par rapport à un manche long et fin,
parfois lisse mais le plus souvent doté de
frettes sous formes de ligatures. |