scénario de départ Alertes rouges sur le tableau de bord

Sur notre tableau de bord, nous veillerons cependant à observer quelques voyants lumineux.

Le mirage de l’exhaustivité

Il ne faudra surtout pas attendre du « manuel de survie » tout sur tout. 256 pages n’y suffiraient pas ; et même, à l’heure de nos sociétés post-industrielles et de l’ère aérocratique des réseaux d’information, l’exhaustivité est bien un mirage trompeur pour un métier aussi riche et aussi diversifié que celui d’enseignant.

C’est donc une  tentative de repérage de quelques ressources et quelques routines sélectionnées pour leur pertinence, leur relatif caractère innovant dans le système éducatif et leur efficacité pour les élèves ; les liens sont nombreux pour aller quérir l’information complémentaire. Mémento, manuel de pratique raisonnée, guide innovant.

 

L’attraction fallacieuse du truc fonctionnaliste à effet immédiat

Recettes et trucs sont des demandes fréquentes de la part de jeunes collègues ou de plus aguerris en formation continue. Et les formateurs de répondre, « y’en a pas ».  Pour développer la réponse, j’avancerai trois arguments :

Une pratique en soi n’a d’intérêt intrinsèque ; elle n’a de sens qu’en concordance avec son propre style d’enseignement, les psychiatres parlent d’épistémologie dans le sens de construction du sujet-acteur, Carl Rogers disait « congruence ». Une pédagogie participative mise en place par un prof très autoritaire et directif dans sa démarche provoque une discordance évidente.

Un truc qui marche est une pratique qui entre en résonance avec d’autres éléments de pratiques, postures et méthodes employées par l’enseignant. Il fait système. C’est la raison pour laquelle chaque chapitre renvoie immanquablement à deux autres aspects au moins du métier.

Le bon truc est celui qui viendra en réponse à un contexte tout aussi spécifique. Etablissement, groupes d’élèves, périodes de l’année, type d’apprentissage, niveau d’enseignement sont des variables qui s’imposent. C’est pourquoi l’enseignant doit disposer d’un arsenal suffisamment diversifié pour y piocher en réactivité et en souplesse le bon outil.

 

La confrontation à la  réelle difficulté irréductible

Les dernières analyses sur les dispositifs relais montrent que 10 à 12 % des élèves dans les collègues sont réputés ingérables, « en difficulté » selon la terminologie Educnat. 6 % des élèves sortent de l’Ecole sans qualification.

Quand bien même, nombre de pratiques signalées dans ce volume peuvent participer à raccrocher ces élèves à l’Ecole, il ne faut pas se leurrer.  Il faut se dégager des explications simplistes de type manque, sous-entrainement et aide méthodologique ou encore du discours encore plus dangereux du retour au savoir et à la fermeté pour la fermeté. Il y a de quoi passer à côté du vrai problème et armer le conflit.

Il s’agit dans ces cas réels de poser le diagnostic quasiment en terme de fonctionnement psychologique de rapport à la frustration plutôt que de manque socio-culturel, de déstabilisation par rapport à la logique d’apprendre comme prise de risque nécessaire et non assumé ; mais aussi de traiter ces peurs, émotions parasites à toute attention, en approfondissant la « médiation culturelle » de l’Ecole, en les reliant aux grandes questions qui fondent notre culture et  l’esprit humain. (Serge Boimare, 2002)

 

Le présent manuel est plus axé sur les pratiques enseignantes. La meilleure connaissance des élèves, du fonctionnement des apprentissages, des difficultés rencontrées pourront faire l’objet d’un autre volume.