Chapitre 12

AV : avant, à vendre, audio-visuel ?

Utiliser l’audio-visuel > utilisateur > technicien

« M’ame, c’est nul, c’est en noir et blanc et y a des sous-titres ! ». C’était pourtant un bon documentaire sur la dissection des batraciens, conseillé par la Cinquième. On ne vous y reprendra plus  ; l’audio-visuel, c’est bien, mais à la maison et dans son fauteuil. Finalement, est-ce qu’un cours sans la vidéo n’aurait pas été plus approprié ? Et plus efficace ? Difficile cependant de faire sans l’image à l’Ecole quand la vie en est saturée.

Comment l’enseignant peut-il travailler avec une plus grande intelligence l’image et le son avec et pour les élèves ?

 

 

Quelle place pour l’Ecole ?

 

"Ils passent déjà trop de temps devant la télé : la classe, c’est pas la télé." Nos élèves sont tout autant enfants de la télé qu’élèves à l’école. Faire comme si cette réalité n’existait pas ne ferait que renforcer le sentiment exprimé d’une rupture entre l’école et la « vraie vie ». A l’école ou au collège[1], les garçons passent en moyenne plus de temps que les filles devant un écran ! Les filles passent en moyenne 2 h 20 par jour devant la télévision et 55 minutes devant l’ordinateur ou les jeux.

Les garçons passent en moyenne 2 h 25 par jour devant la télévision et 1 h 15 devant l’ordinateur ou les jeux. Sur une semaine, pour 26 heures d’école, le garçon passe en moyenne 16 h 55 devant la TV, 8 h 45 devant l’ordinateur et les jeux, et consacre 9 h 45 à une activité physique et sportive . La fille a un compte un peu différent : 16 h 20 devant la TV, 6 h 25 devant l’ordinateur et les jeux, 7 h 20 d’activité physique et sportive.

On se trouve en plein paradoxe : si la vie est « tout image », même à l’Ecole, nombre de matières sont consommatrices, utilisatrices et productrices d’images, mais  l’Ecole survalorise la production écrite alors que le mode de transmission est essentiellement oral. Le divorce est-il consommé ?

 

Télévision, mode d’emploi, CLEMI, CNDP, mars 2004

cet ouvrage de 64 pages a été réalisé par les organismes spécialisés du ministère (Scérén-CNDP et Clémi) en partenariat avec France 5, et est disponible gratuitement dans tous les lycées et collèges.

Vingt thèmes sont traités, chacun sur une double page avec un article explicatif à gauche et des propositions d'activités pédagogiques à droite. Plusieurs références bibliographiques et des liens avec des sites Internet sont aussi proposés.

Par exemple, comment se construit le langage télévisuel (montage, séquences, sons), comment s'organise une grille de programmes (cahiers des charges, stratégie, contre programmation) ou comment faire la différence entre fiction et réalité.

 

 

Regarder, ce n’est pas voir ni comprendre

 

"Malgré toute leur « culture » audio-visuelle, les élèves ne « voient » pas ce qu’il faut voir." L’approche quantitative ne suffit pas ; manifestement, ce qui différencie le plus, ce n’est pas la dichotomie image/pas image, mais plutôt la façon de regarder. Il s’agit bien donc d’éducation. Une expérience a été menée par Alain Lieury, un des experts reconnus actuellement sur la mémoire dans une approche neuro-psychologique. Il s’agissait de présenter une adaptation d’un documentaire télé à des élèves de 6ème et de 5ème de collège, suivant différentes modalités, des QCM de mémorisation étaient délivrés après séances.

Lieury livre les scores des profils d’apprentissage selon les modes de présentation du message :

Type de support

Verbal

Imagé + verbal

imagé

Profils d’apprentissage

Visuel

Lecture

30 %

Manuel

31 %

Télévision muette

0 %

auditif

Cours oral

21 %

Télévision

11 %

_

Audio-visuel

Cours oral +Tableau

21 %

Télévision + sous-titres

20 %

_

 

 

A l'école, l'image ne crée pas de miracle

 

L’image n’est donc pas magique en terme de performances scolaires, loin de là. Elle affiche des scores comparables à des situations classiques : on apprend aussi en dehors de l’école. Sa différence n’est pas là. Elle représente un « attracteur étrange » pour les élèves, en ce sens qu’elle trompe.

 

· Elle semble offrir un message accessible sans médiation de l'écrit. C'est loin d'être vrai : près de 80 % du message délivré l'est par le commentaire. C’est souvent plus difficile que le cours, dans la mesure où on observe un décalage entre l’image elle-même et le commentaire.

 

·L'image est de l'ordre du perçu, non du raisonné; elle met en jeu un système de sensations et de perceptions non organisées.

 

· Elle délivre un message sans hiérarchisation, comme une carte géographique : l'image est polysémique, plurivoque.

 

Lesite.tv     www.lesite.tv

 

C'est un des éléments du nouvel "espace numérique des savoirs" mis en place progressivement par le ministère. Il donne accès par Internet à une banque d'émissions éducatives, principalement issues des archives de France 5, de l'INA et du CNDP. Depuis son domicile ou son établissement, le professeur recherche les émissions qui concernent son enseignement (elles sont classées par niveau). Il peut ensuite les diffuser à ses élèves, ou les inciter à les utiliser. Chaque émission est accompagnée d'une fiche pédagogique et de liens Internet qui facilitent grandement l'utilisation et favorisent la diffusion de "bonnes pratiques". Car ce nouvel outil éducatif pourrait enfin permettre la généralisation de l'éducation à l'image.

 

Il y a bien lieu de participer à l’éducation au regard analytique et à l’outillage intellectuel de l’élève pour lui permettre de décoder le monde.

 

Télévision, mode d’emploi

Télévision, mode d’emploi, CLEMI, CNDP, mars 2004.  (SCEREN-CNDP et CLEMI) en partenariat avec France 5.

Vingt thèmes sont traités, chacun sur une double page avec un article explicatif à gauche et des propositions d’activités pédagogiques à droite. Plusieurs références bibliographiques et des liens avec des sites Internet sont aussi proposés. Par exemple : comment se construit le langage télévisuel (montage, séquences, sons), comment s’organise une grille de programmes (cahiers des charges, stratégie, contreprogrammation) ou comment faire la différence entre fiction et réalité.

A compléter utilement avec…de la vidéo en ligne :

CAP CANAL une véritable chaîne de la connaissance et de l'éducation, à Lyon, Grenoble, Rennes et ailleurs, sous la direction de Ph. Meirieu

Le projet mettre à disposition de tous des ressources audiovisuelles sur l'éducation en constituant une véritable "encyclopédie vidéo" dans ce domaine.  L’émission CAP INFO met déjà en ligne une série d’émissions, véritable auto-formation pour l’enseignant, tous niveaux  par exemple : les récrés, le plaisir de lire,le professeur principal, le métier de collégien etc…; http://www.meirieu.com/VIDEO/capcanal.htm

 

 

L’enseignant est un édu-communicateur

 

"Je n’ai pas été formé à l’image. C’est plutôt l’affaire de spécialistes ou du professeur d’arts plastiques." Penser ou agir par cloisonnement n’est sans doute pas le meilleur moyen de donner du sens à votre enseignement comme au travail de vos élèves. Si l’image, toutes formes confondues, est partout, il nous faut l’accueillir comme des occasions d’apprendre. Les renouvellement des programmes et les factures des manuels incitent fortement à le faire. Les uns et les autres peuvent conduire à faire évoluer nos pratiques.

Geneviève Jacquinot, professeur à l'Université de Paris 8, reconnue pour ses recherches et son expertise en technologies éducatives, n’insiste pas particulièrement sur une nécessaire formation, mais d’abord sur des postulats et sur la compréhension intelligente d’un phénomène contemporain ; elle esquisse le portrait de l’enseignant en « édu-communicateur », un rôle encore à investir[2].

 

Le portrait de l'édu-communicateur

 

Selon Geneviève Jacquinot, l'"édu-communicateur" doit :

 

 

 

 

 

 

 

 

Changement de regard donc de l’enseignant, mais aussi, selon Geneviève Jacquinot, évolution dans les postures vis à vis du savoir scolaire et en ce concerne la gestion de classe :

 

 

 

 

 

 

Une formation spécifique

 

On peut alors parler de formation nécessaire concernant potentiellement tout enseignant, disciplines et niveaux confondus, au moins sous trois aspects :

 

 

 

 

Voir le site du CLEMI (Centre de Liaison de l'Enseignement et des Moyens d'Information) : www.clemi.org dont la page « publications » avec des éléments à télécharger.

Les PAF sont consultables sur les sites de chaque académie : www.ac-nomdel’academie.fr

 

 

Concilier média et programme de sa discipline

 

"On nous demande de faire de «l’éducation aux média », et mon programme alors ?" Comme toutes ces éducations à…., l’éducation aux media est transversale à toutes les disciplines ; ce ne sont pas des objectifs en plus, mais ce sont des finalités que les objectifs des disciplines peuvent utilement servir ; ce n’est pas en plus, c’est un plus. Elle est une incitation à traiter un contenu et des savoirs en piochant dans l’infinie variété des média, de sorte à ne pas présenter un savoir scolaire complètement décontextualisé et sans prise sur les réalités contemporaines.

 

1. Résister et accepter l’importance de la télévision auprès des enfants, ainsi que l’intérêt qu’y portent les adultes : « avouez » que vous regardez la télévision pour discuter des émissions avec vos élèves plutôt que les laisser le faire seuls en récréation et de permettre aux stéréotypes de s’infiltrer insidieusement ;

2. Apprendre à regarder « autrement, progressivement, petit à petit », du début à la fin et en se donnant le temps d’en parler en s’isolant du flux par segmentation et appropriation, pour « reconstituer du cinéma dans la télévision » : la télé « scotche » alors que le cinéma, comme le théâtre, est une institution avec des codes, un rituel d’entrée et de sortie dans un lieu réclamant une attitude mentale particulière ;

3. Eduquer à l’image pour comprendre ce qui se fabrique et comment, car à la télévision «rien n’est réel mais tout est construit, fabriqué par des gens » ;

4. Former au symbolique « pour métaboliser notre violence en vue de la transformer en création, imagination, jouissance intellectuelle et résister à la toute puissance de l’obscène ». Le symbolique s’oppose à l’obscène où tout est montré de façon spectaculaire de sorte à ne plus rien laisser à penser : « quand tout est montré, il n’y a plus rien à penser ».

 

L'exemple d'une équipe d'histoire-géographie

 

A cet égard, l’équipe d’histoire-géographie du lycée français de Mexico[3] (retrouvez une partie de leurs travaux dans « utiliser les tice ») propose un type de séquence qui gagnerait à être transposée dans bien d’autres situations : elle table sur l’utilisation de documents sonores en appui à un cours pourtant classique. La fiche présentée ici est d’autre part un exemple bien abouti de tableau de bord.

 

Grille d’analyse de l’utilisation des TICE dans l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie.

 

Description de la séance 

Niveau :

Collège : ……….

¨ Lycée : 1ère L, ES

Durée : 55 mn.

Partie du programme

Nations et Etats du milieu du 19è siècle à 1914.

Intitulé de la leçon

Les aspirations libérales.

Support

Choix du support :

Cohérence avec les objectifs attendus :

Des extraits de musique accompagnent le cours à des moments précis (écriture d’un titre au tableau, fin de lecture d’un texte, début et fin de séquence). Ils peuvent permettre une meilleure contextualisation du cours. Nous utilisons par exemple :

The Crickard Brothers, greenfields of America ; Johan Strauss I, Radetsky-Marsch ; Johan Strauss II, An der schönen blauen Donau

 Image fixe

 photo

 ressource web -prof

ressource web - élèves

 Image animée

 extrait de film

 animation – aide description

 animation – schémas

 animation – croquis géo

¨ Sons

 voix radiophoniques

¨ chansons et ambiances

Mise en œuvre

Description succincte de la leçon :

Les morceaux peuvent être diffusés à plusieurs moments du cours pour :

- souligner certains aspects : la musique permet de renforcer l’intensité d’un moment clé du cours.

- accompagner des moments de « creux » dans le cours : la musique permet de créer un sursaut, ou tout simplement de garder les élèves dans le contexte à des moments ou le cours est moins intense (écriture au tableau, passage du surveillant,...)

- « habiller » toute une séquence en faisant moduler le volume de la musique : pour une immersion totale dans une époque. On peut projeter simultanément des images fixes ou animées.

 

 

 

 

 

 

 

 

Objectifs de la séance

Résultats attendus de l’utilisation du support

Résultats observés

Au plan des connaissances

 

Comprendre les raisons de l’émigration irlandaise aux 19è et 20è siècles.

 

Comprendre la situation politique, sociale et culturelle de l’Empire austro-hongrois, et ses évolutions.

Au plan des connaissances

 

Comment la musique peut-elle représenter une situation politique, sociale et culturelle (appel de l’Amérique pour les Irlandais, rigueur et douceur des valses viennoises représentatives de la fin de l’Empire).

 

Mieux connaître le patrimoine musical international.

Au plan des connaissances

 

- Lors des premières séances avec accompagnement musical, effet de dispersion. (voir suite dans au plan méthodologique).

 

+ Découverte culturelle : les élèves voient leur patrimoine culturel se renforcer.

Au plan méthodologique

 

Ecouter.

 

Associer mémoire visuelle et mémoire auditive.

Au plan méthodologique

 

Réaliser des transferts culturels : ici pouvoir associer une connaissance avec une musique.

Au plan méthodologique

 

+ Après les premières séances, les élèves sont demandeurs : ils deviennent curieux de savoir quelle musique peut être mise en relation avec une connaissance.

 

 

L'apport de la musique à la discipline

 

Ainsi, l’évocation musicale, à divers moments de la séquence, contribue à ancrer des connaissances et des savoirs parfois difficiles à « faire passer » ; cette technique crée un contexte d’apprentissage favorable à la mémorisation, les élèvent « sont demandeurs ».

 

D’autre part, l’originalité de la démarche crée un climat de travail tout à fait sympathique. Je me souviens personnellement que dans une classe connue pour son agitation permanente, j’avais obtenu une attention forte et un niveau sonore inhabituellement bas lorsque pour travailler sur le monde médiéval, j’avais inscrit en fond sonore de la musique grégorienne. Les élèves l’ont redemandé pour le contrôle sur table. Résultats garantis.

 

D’ailleurs les collègues de Mexico proposent deux situations : soit pour créer une ambiance, des fonds musicaux[4] peuvent être diffusés, soit pour les chansons[5] : on travaille dans ce cas sur la musique et les paroles.

 

 

Améliorer les usages de l’image dans sa classe

 

"J’utilise parfois l’image, photo ou diapo, pour illustrer les propos du cours." Alain Lieury, directeur du laboratoire de psychologie expérimentale de Rennes 2, l’avait déjà noté, l’image n’est pas en soi plus performante que la parole du professeur ; elle ne peut être un substitut jugé plus efficace ou plus attractif. Les usages de l’image en classe sont pourtant nombreux mais restent limités à des fonctions simples d’illustration[6] sans activité propre pour l’élève :

la photographie-prétexte pour rendre plus concrète une idée (une vue du Sahara pour exprimer une situation géographique de faible densité) ; la photographie-symbole qui doit signifier une idée annonçant un développement (par exemple, le World Trade Center comme image de la puissance américaine défiée et vacillante ; la photographie-décor qui défile sans attention requise, pour supporter le discours du professeur, comme au JT ; la photographie-synthèse reprenant les différents éléments identifiés dans le cours.

 

Comment utiliser les images

 

L’image est cependant plus riche et pourrait être un excellent support pour construire les savoirs ; Gérard Hugonie suggère quelques pistes :

 

 

 

 

 

 

 

 

Petite typologie des images dans une classe

 

"Ma salle n’est pas équipée ; je ne suis pas à même d’étudier l’image, quelle qu’elle soit, avec mes classes." Serait-ce dire que mettre en avant la difficulté ou l’absence d’équipement relève du faux débat ? Et de renvoyer aux hussards noirs de la IIIè République qui face à des publics importants et pas toujours en phase avec la culture de l’école enseignaient à coups de panneaux dessinés et d’images édifiantes et largement commentées. Cependant, si tel est le cas, contactez très vite le coordonnateur de votre discipline, sinon, la gestionnaire de l’établissement, ou le directeur de votre école pour étudier avec lui ou elle un devis d’équipement (les crédits sont à engager toujours avant la fin octobre). C’est après une affaire de quelques semaines.

 

A minima en terme d’équipement, on peut toujours s’appuyer sur la diapositive, l'image du manuel, l'image filmique, l'image satellite.

 

Une autre solution : le transparent

 

A partir d’une image extraite d’un support papier et photocopié, ou d'Internet (en couleurs), vous en tirez un transparent projeté avec le rétroprojecteur. Vous pouvez, l’élève peut aussi le faire, écrire sur le support ou sur le tableau, si vous entendez préserver le support. Très souple d’utilisation et très efficace. Voir « utiliser des outils »,

 

Classique, même évidente, elle peut être prise comme racine d'une séquence. La démarche est plus approfondie, le support plus grand, la situation idéale étant la projection sur tableau blanc véléda, de sorte à travailler directement sur la diapositive: une réelle appropriation du document... L’élève se trouve plongé dans l’image elle-même pour mieux la décortiquer :

 

 

Les nouveaux manuels sont riches d'images de toutes natures: photos, gravures, tableaux, graphiques, plans, cartes... Il est la « chose » de l’élève, à la différence des autres images et supports plus externes. [Sur le manuel, outil d’enseignement et son choix stratégique, voir « utiliser des outils »].

 

Outre les différentes utilisations détaillées ci-dessus, on peut tout autant organiser la lecture du manuel comme un véritable stock de représentations visuelles et mentales dans la mesure où la méthodologie est suivie :

· nature du document

· titre du document et son producteur

· décryptage des codes, produits et organisés en fonction d'un effet recherché. Ce moment est essentiel pour enraciner la représentation mentale chez l'élève : elle passe par la compréhension et la dénomination de signes.

 

 

"Les séquences de film me semblent trop complexes et demandent un traitement spécifique coûteux en temps et en formation personnelle. Ce n’est pas pour moi." L'image filmique, extraite d'une vidéo ou d'un film, d'un documentaire devient un support comme les autres avec la baisse des prix des magnétoscopes et des lecteurs de DVD. Si son cas est traité à part, c'est qu'encore trop souvent son utilisation nécessite des conditions exceptionnelles, à commencer par le déplacement du groupe-classe dans une autre salle inhabituelle, une salle spécialisée "audiovisuelle", pas forcément adaptée aux exigences d'une séquence de cours (avec tables et chaises). La situation idéale serait la dotation pour la ou les salles d'un système vidéo (TV + magnétoscope ou lecteur DVD) soit fixe, soit sur chariot roulant, de sorte à l'utiliser dans le cadre de la classe comme tout autre matériel (ex. rétroprojecteur ou diapositives.).

La méthodologie est a priori similaire à tout autre document étudié :

 

· Une nécessaire identification des sources filmiques : comme tout autre document, l'image est une production avec sa date, son auteur, son "générique". Bien distinguer fiction de documentaire, reconstitution, reportage, etc.

 

· La détection des éléments d'accompagnement de l'image qui nourrissent l'image et lui donnent un surplus de sens : texte incrusté, fond sonore, illustration ou citation musicale. C'est un condensé d'informations qui passent la plupart du temps dans la sphère de l'inconscient ou de la sensation.

 

· L'identification des éléments purement filmiques de production de l'image qui renforcent le sens ou l’intention du message de l’extrait choisi : les mouvements de caméra (fixe ou mobile, travelling avant, arrière, zoom) ; les différents plans (plan général, rapproché, plan américain, gros plan) ; les angles de prises de vue (plongée, contre-plongée) ; le découpage par plan-séquence (à chaque fois qu’il y a coupure et déplacement de position de la caméra).

 

alerte : le meilleur des documentaires ne sera pas par autant le meilleur des alliés pour votre cours : ainsi, par exemple l'excellent commentaire de Philippe Meyer sur des images décalées de la IIème Guerre mondiale dans de Nuremberg à Nuremberg: c'est un piège à élèves .

 

Quai des images : site national pour l'enseignement du cinéma

 

La rubrique "Les enseignants" regroupe une sélection de travaux pédagogiques divers réalisés dans le domaine du cinéma et de l'audiovisuel.

Ex : Découpage et analyse du Comte de Monte Cristo de Josée Dayan réalisés par des enseignants et élèves du lycée Henri Poincaré ( Nancy).

Le quai des images met également en ligne des critiques de films actuellement à l'affiche réalisées par des lycéens.

L'espace de création audio-visuelles "Microbobines" : on peut envoyer les films réalisés dans les classes (maximum 3 minutes).

www.ac-nancy-metz.fr/enseign/CinemaAV/

 

Un support pour le cours. Il ne s’agit pas toujours d’organiser une séquence autour de l’image ; elle est un des supports possibles qui s’intègrent dans un déroulé de tâches variées.

Je ne vois pas comment je pourrai tenir une heure entière pour l’étude d’une image ; j’ai le programme à tenir.

 

 

 

Un support pour dessiner. Le recours au transparent (par capture d'image et édition couleur sur transparent), à l'infographie (logiciel de traitement d'image, avec le logiciel Power Point par exemple) permet de triturer la matière et de mettre l'élève en activité dans une situation-problème complexe et par nature pluridisciplinaire. La méthode est transposable avec une diapositive et quelques feutres.

 

 

"Si je maîtrise bien les images « classiques », j’ai encore beaucoup de mal avec les images satellites, c’est vraiment autre chose." Son emploi est encore limité dans les classes. Pourtant, c’est bien une image comme les autres, peut-être plus attractive par son aspect innovant et la qualité des couleurs, par sa vulgarisation aussi dans les manuels et à la télévision. Il suffit de savoir qu'il s'agit de compositions colorées établies à partir des données numériques enregistrées par les capteurs du satellite. Elles sont datées.

La première lecture est souvent affective parce qu'on reconnaît l'espace présenté ou qu'on apprécie la composition colorée ; cependant, Gérard Hugonie, professeur à l’IUFM de Paris, propose pour l’analyse de l’image satellite une démarche en cinq étapes:

 

1- le repérage dans l'espace et dans le temps

2- la lecture de l'image qui s'effectue sur 4 critères appelés descripteurs : les éléments linéaires, la couleur, la structure et la texture

3- le zonage qui est la recherche de plages à l'intérieur desquelles les descripteurs sont homogènes

4- l'interprétation qui est la véritable exploitation géographique par la formulation de questions et d'hypothèses d'explication

5- la cartographie synthétique ou thématique à partir de la grille de description et d'interprétation

 

Cet autre "regard" sur le monde participe à la formation intellectuelle des enfants en proposant de nouvelles attitudes, de nouvelles habilités dans les approches de la connaissance.

 

 

L’image de soi

 

Jusqu'à ce point, nous avons envisagé l'audiovisuel sur des supports externes, permettant de travailler sur des éléments de savoirs. Il va tout autrement quand le travail se centre sur les compétences propres de l’élève. Deux pratiques existent, l’autoscopie et le laboratoire de langues.

 

 

 

"Mes élèves ont un problème avec leur propre image ; impossible d’utiliser la vidéo en cours." L'autoscopie est la confrontation de l'individu ou du groupe qui a été filmé avec sa propre image, c'est donc une observation différée de soi-même ou du groupe. Les résistances normales à se confronter à sa propre image peuvent se réduire en inscrivant la pratique dans une problématique formative (et non évaluative) et en affichant clairement les objectifs. Le contenu ici est le moins important. Son évaluation ne nécessite pas l'usage d'une caméra. Un simple magnétophone, voire un devoir sur feuille suffisent amplement. Il s’agit ici de travailler sur les compétences touchantes à la communication, domaine peu travaillé encore dans l’école, mais capitales dans la réussite scolaire de l’élève ; il s’inscrit dans nombre de référentiels, dès le collège.

Par exemple, dans une classe de 1e L, en séance de modules. Entraînement à l'oral de français du bac. Le professeur interroge l'élève dans les conditions du baccalauréat. Cadrage en plan rapproché : table, torse et tête, le professeur apparaissant de dos dans la partie gauche de l'image. La caméra est mise en route et le reste du groupe observe en direct dans la salle à côté avec le documentaliste. Trois élèves par séance et visionnage collectif ensuite avec réponse aux items de la grille. Mise en commun des résultats, le professeur donnant la note finale.

 

Les domaines observés concernent le paraverbal (la voix, etc.) et le non verbal (toute la gestuelle). On peut distinguer trois types de gestuelle : la gestuelle d'imitation (le geste mime l'action du discours) ; la gestuelle de ponctuation (on parle plus ou moins avec les mains, on bouge plus ou moins, etc.) ; la gestuelle dite "autique" qui indique un malaise ou un stress.

 

L’autoscopie permet de travailler sur quelques objectifs :

· Prendre conscience de soi et de son comportement.

· Apprendre à s'analyser et à s'évaluer objectivement. Evaluation formative.

· Apprendre à regarder et à évaluer les pairs qui composent le groupe.

La mise en œuvre nécessite auparavant quelques précautions :

· Tous les participants sont volontaires.

· On explique soigneusement les objectifs et les modalités de la séquence.

· On prend le temps d'élaborer ensemble la grille d'évaluation, autant que possible à partir d'une grille existante[11] qu'on s'efforce d'améliorer. Il est extrêmement important que les élèves eux mêmes la construisent et s'approprient les critères d'évaluation.

· On dispose dans le CDI d'un local où la caméra et le micro sont installés à demeure et, à côté d'une salle pour l'observation en direct et le visionnage collectif avec téléviseur témoin, magnétoscope.

 

L’auto-scopie peut avoir un objectif différent de celui de la communication ; on trouve le cas de pratique en EPS : on filme une courte séance de jeu collectif ; puis les élèves visionnent la cassette en repérant le placement des équipiers, le passage de la balle, les éventuelles corrections techniques… comme à Clairefontaine !

 

 

"Faire parler les élèves en langue vivante est un véritable calvaire ; au-delà les difficultés linguistiques, c’est surtout parler devant les autres qui semble poser problème"." Nos performances en langues vivantes sont loin d’être extraordinaires et les échanges linguistiques montrent qu’à deux années de pratique, un jeune allemand est déjà bien avancé par rapport à son collègue français. Une enquête, il y a quelques années, avait estimé le temps moyen pendant lequel un bachelier avait effectivement parlé anglais au cours de ses sept années d’apprentissage. On arrivait à… vingt minutes. Confronté à ce déficit de formation, les techniques audio-visuelles conservent toute leur chance, en particulier celle du laboratoire de langues, quand il existe (c’est le cas des lycées).

Le labo, très apprécié des élèves. Les élèves apprécient les activités en laboratoire de langues et savent qu'il n'y a pas meilleur moyen d'évaluer correctement et d'améliorer leur prononciation qu'en écoutant leur voix enregistrée. Dans la cabine, les timides sont rassurés : pas de moqueries de la part des camarades. On dialogue avec le professeur, comme "en privé". Certains parlent ainsi plus en une heure qu'ils ne le feraient pendant une année en classe entière. Les plus lents ont tout leur temps, quant aux plus rapides, il sera facile de leur proposer une autre série d'exercices. Enfin, chaque élève est actif : à chaque question posée, dix-huit élèves peuvent répondre et être contrôlés alors qu'en classe une réponse ne peut être formulée que par un seul élève, ou au mieux par un groupe restreint.

 

Accent, grammaire, compréhension, discussion : on peut tout faire en labo

 

Outre des exercices de phonétique, on peut s'y perfectionner en grammaire, par exemple, quand il faut transformer des phrases selon un modèle grammatical bien précis. Même s'il y a toujours la possibilité d'arrêter la cassette afin de réfléchir avant de répondre, la succession assez rapide des questions permet de développer les réflexes.

 

En ce qui concerne l'entraînement à la compréhension orale, le professeur peut choisir de proposer un temps limite durant lequel chacun et chacune a tout loisir d'écouter plusieurs fois un document, de revenir autant de fois qu'il ou elle le désire sur un passage difficile. Là encore, ce n'est pas l'enseignant qui impose son rythme à la classe, c'est la classe qui travaille à sa propre vitesse dans un cadre défini à l'avance.

 

Parler une langue ne se restreint pas à répéter ou modifier une succession de modèles. Encore faut-il pouvoir évaluer la capacité de chacun et chacune à parler "sur la longueur", pendant plusieurs minutes. C'est difficile dans une classe, où l'on ne peut donner trop longtemps la parole à quelques-uns si ce n'est au détriment des autres.

 

Il est donc intéressant d'enregistrer un commentaire, d'une seule traite ou en plusieurs prises afin de se rendre vraiment compte de ce qu'entendent nos interlocuteurs... Sans oublier que le professeur peut ramasser la cassette en fin de séance pour la corriger, chez lui, comme une copie... Il est aussi possible de se "téléphoner" d'une cabine à l'autre et ainsi de converser, dans la langue étrangère, "en situation". Bien entendu, ici aussi la conversation est enregistrée puis écoutée, évaluée, et éventuellement notée.

 

Voir donc la belle page du lycée P.E. Victor d’Osny (académie de Versailles) :

www.ac-versailles.fr/etabliss/lyc-victor-osny/lablang.htm

 

Un laboratoire ne remplace pas le prof. Ces dernières années ont vu l'émergence des laboratoires de langues multimédia, c'est-à-dire de dispositifs constitués d'un réseau d'ordinateurs qui permet de proposer non plus seulement du son, comme dans un laboratoire classique, mais aussi de l'image fixe ou animée, du texte, des exercices, etc. La seule configuration où le laboratoire multimédia donne toute sa mesure, c’est celle du cours multimédia en présentiel, où le professeur peut mettre en oeuvre une grande richesse de supports pour son enseignement.

 

L’équipe des enseignants engagés volontairement dans cette voie doit bénéficier d'une solide formation, à la fois technique et pédagogique, dès le début des opérations, de manière à lui permettre de participer aux décisions en toute connaissance de cause. Elle doit être soutenue par un service technique adéquat, et l'institution doit montrer son engagement par l'octroi de journées de formation dès que le besoin s’en fait sentir, et aussi par la valorisation, pécuniaire ou autre, de l'investissement consenti par les enseignants.[12].

 

 

AUTO-TEST 

Les cinq dernières fois…

 

Les cinq dernières fois que j’ai utilisées l’audiovisuel (sous ses formes les plus variées) avec les élèves, c’était :

 

Support audio-visuel

Thème abordé

Intégration dans la séance (partie ou tout)

Rapide bilan

point fort

point à améliorer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


[1] Pendant l’hiver 2003, une vaste enquête a été menée dans le cadre de l’opération « bien manger, bien bouger » auprès de 4600 élèves (entre CM1 et 6ème) sur l’académie de Paris.. Toutes ces ressources sont disponibles sur www.bienbourger.org

[2] extrait de (In)novatio 4, les pratiques de l’image à l’Ecole, mars 2003, Paris. L’intervention complète est disponible sur le site Innovations, académie de Paris, http://innovalo.scola.ac-paris.fr

[3] L’ensemble de la contribution est visible sur le site Innovations de l’académie de Paris, partenaire de la zone Amérique centrale, http://innovalo.scola.ac-paris.fr/PAI4/1/16/cadres.htm

[4] Valses viennoises en 1ère pour aborder les évolutions démocratiques dans les régimes autoritaires, musique japonaise en Terminale pour le chapitre sur le Japon en Géographie, ...

[5] Charles Trenet, douce France, et la mer (1ère, Géographie, la France), Yves Montand, Le temps des cerises (1ère, Histoire, les évolutions politiques en France), André Dassary, Maréchal nous voilà, Bordas, Ah ! Que la France est belle !, Jacques Pills, Marché rose, Yves Montand, Le chant des partisans, (Terminale, Histoire, la France dans la guerre). La liste est encore longue ! 300 morceaux de musique et de discours.

[6] d’après Gérard HUGONIE, conclusion du rapport sur l'utilisation de l'image (novembre 1995), édité par l’Inspection pédagogique de l’académie de Paris

[7] Cartes et commentaires sont accessibles sur le site d’Arte :

w3.arte-tv.com/ledessousdescartes/html/indexmag.html

[8] extraits disponibles sur www.artefrance.fr/dvd/palettes_les_grands_modernes/entretien.html à l’occasion de la sortie du DVD.

[9] De nombreux exemples d’analyse de tableaux proposés par des collègues sur le site Diversifier, diversifier.fr.fm , tapez tableau

[10] Un recueil des pages et supports pédagogiques créés à partir des émissions de « paysages » sur Diversifier, diversifier.fr.fm , tapez « paysages »

[11] Quelques exemples de grille à la page www.ac-montpellier.fr/cybersites/gard/lycees/dumas/scopie.htm

[12] d’après Le laboratoire multimédia : quelle pertinence ?, Pierre Frath, SPIRA, Université Marc Bloch, Strasbourg,

http://u2.u-strasbg.fr/spiral/Equipe/Pierre/Pubs-did-site/LABOS.RTF

 

retour au scénario de départ