Les différentes approches de l'analyse des pratiques

Il s'agit là de la présentation d'une réflexion d'une équipe qui cherche à mettre en place des groupes d'analyse de la pratique dans un département. Cette équipe s'est donnée le temps de la recherche avant l'action.

On ne considèrera ici que les analyses de pratiques d'enseignants.

 

par Bernard Gouze dans le cadre du G.F.R

 (Groupe de Formation par la Recherche de Haute Marne)

http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/dossier_analyse_pratique.htm

 

 

 

Les différents G.A.P.P. se caractérisent par des démarches différentes

1.      L'analyse « sauvage » des pratiques dans la vie quotidienne.

2.      L'analyse des pratiques comme démarche de recherche fondamentale ou appliquée.

3.      L'analyse des pratiques comme source de transposition didactique en formation professionnelle.

4.      L'analyse des pratiques comme démarche d'identification de pratiques jugées intéressantes et dignes d'être portées à la connaissance d'autres praticiens.

5.      L'analyse des pratiques comme explicitation des traits d'une expertise fondées sur l'expérience.

6.      L'analyse des pratiques comme mode sophistiqué d'évaluation des compétences et des tâches.

7.      L'analyse des pratiques comme composante d'une stratégie d'innovation.

8.      L'analyse des pratiques comme mode d'intervention psychosociologique dans les organisations.

9.      L'analyse des pratiques comme démarche de (trans) formation des praticiens.

(In Perrenoud, Ph. (1996) L'analyse collective des pratiques pédagogiques peut-elle transformer les praticiens ?, in Ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche "L'analyse des pratiques en vue du transfert des réussites", Paris, pp. 17-34)

La démarche est à priori, dans notre cas, celle qui, dans le cas d'une formation continue (9), est susceptible de modifier les pratiques (8) et d'aller dans le sens d'une innovation (7)

Le groupe a souligné les dangers de l'analyse sauvage. 

 

Des phases différentes d'analyse des situations éducatives

1.      L'exposé d'une situation éducative par un membre du groupe (l'exposant)

2.      Le questionnement par le groupe, uniquement sur les faits (l'exposant écoute)

3.      Formulation par le groupe d'hypothèses interprétatives sur ce qui s'est joué (l'exposant écoute)

4.      Réactions de l'exposant aux hypothèses interprétatives (le groupe écoute)

5.      Méta-analyse du fonctionnement (tout le monde)

(d'après les textes sur le GEASE de l'Université de Montpellier III)

Ces phases sont communes à presque toutes les analyses de pratiques. La cinquième phase est difficile et n'est pas toujours réalisée. Certains formateurs (De Peretti, Nimier) proposent des outils (symbolisation, jeu de rôle, écriture, petits papiers … )

Le groupe de travail a proposé de remplacer le 3 par un temps de questionnement sous la forme : qu'est-ce que cela évoque pour vous, par association d'idée… le même questionnement est possible en utilisant des papiers. Il faudrait rajouter un 6 : donner la parole en début de séance suivante à celui ou celle qui a exposé une situation à la séance précédente.

 

Une centration sur des aspects différents de la situation

1.      Ecoute centrée sur le problème (la situation éducative, l'institution, les acteurs sociaux)

2.      Ecoute centrée sur la personne qui expose sa pratique (le professeur, le formateur)

3.      Ecoute centrée sur la personne enseignée (un élève, le professeur en formation)

D'après J. Nimier http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/analyse_pratique.htm ;

La plupart des auteurs travaillent sur les trois axes. Cependant un axe est plus souvent retenu (axe 3 pour l'AGSAS ; axe 2 pour la pratique réflexive)

Le plus difficile et pourtant important est l'axe 2

L'axe 2 est probablement le plus intéressant quand on est dans un établissement, dans une organisation.

L'animateur doit être très vigilant sur ce qui se dit et se passe dans le groupe (règles, éthique…)

Il y a nécessité d'une supervision

 

La place de la dynamique de groupe

1.      Animation ne prenant pas en compte la dynamique du groupe présent.

2.      Animation prenant en compte la dynamique du groupe présent.

3.      Animation prenant en compte et utilisant la dynamique du groupe présent.

Seuls les formateurs formés à la dynamique de groupe peuvent en tenir compte et parfois l'utiliser. Ils proviennent de deux courants :

· La psychosociologie (Lewin, Moscovici, De Peretti, Marc Lipiansky, Sirota …)

· La psychanalyse de groupe (Anzieu, Kaes, Balint, Vidal, Nimier, Levine, Moll …)

 

La place du sujet

1.      Animation prenant en compte les aspects cognitifs de la situation éducative.

2.      Animation prenant en compte les aspects cognitifs et émotionnels.

3.      Animation prenant en compte les aspects cognitifs, émotionnels et inconscients.

On distingue trois types d'analyses de pratiques correspondant à trois courants :

· Une approche cognitiviste soit de pratique réflexive (Québec, Belgique, Lille) soit multi-référentielle (Vincens) ;

· Une approche psychologique, soit globale (systémique), soit utilisant une méthode particulière (analyse transactionnelle,…) ; (Peschot, Perrenoud, Gather-Thuler…)

· Une approche psychanalytique adaptée (Balint, Lévine, Imbert, Cifali, Vidal ..)

 

La place de l'institution

1.      Animation centrée sur la situation éducative stricte (classe ou groupe de formés).

2.      Animation centrée sur les différents dispositifs et acteurs sociaux de la collectivité ou l'institution.

3.      Animation centrée sur les interactions psychosociologiques.

4.      Animation centrée sur l'inscription institutionnelle des sujets.

On distingue difficilement ces différents aspects dans les pratiques. Elles découlent le plus souvent des références du formateur (approches pédagogiques réflexives, sociologiques, psychosociologiques ou psychanalytiques)

 

Des regroupements différents

1.      Des groupes de personnes ayant la même fonction

2.      Des groupes intercatégoriels

3.      Des personnes qui ne se côtoient pas dans le travail

4.      Des personnes issues d'un même établissement de même catégorie ou non

5.      Les analyses de pratiques réalisées avec un groupe intercatégoriel est en général plus riche. Celles qui se font dans un établissement sont plus délicates mais aussi permettent un véritable processus de changement.

 

Un recrutement différent

1.      Inscription volontaire individuelle

2.      Inscription obligatoire

3.      Inscription optionnelle ou sollicitée

La démarche est en générale volontaire mais elle est parfois sollicitée (groupes de suivi, option avec équivalence).

BILAN

On peut retenir cinq axes principaux dans l'analyse de pratique qui définissent en partie les options prises dans la démarche :

1. Approche réflexive cognitive centrée sur les personnes (réflexivité, pédagogie)

2. Approche réflexive centrée sur le problème et sur l'institution (sociologie)

3. Approche psychologique globale systémique

4. Approche psychosociologique (et groupale)

5. Approche psychanalytique adaptée

 

 

On voit que ce terme d'analyse des pratiques recouvre des méthodologies bien différentes. C'est sans doute la source de nombreuses équivoques et parfois de déceptions. Souvent, en dernier lieu, les choix seront conditionnés par la formation et les connaissances du formateur

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Le travail préalable de cette équipe est donc d'autant plus remarquable. Un tel travail est indispensable et permet de se poser des questions telles que:

* Que savons-nous faire?

* Quelle efficacité voulons-nous? (Plus la complexité de la réalité est prise en compte, plus l'efficacité est grande)

* Quelle est la demande des stagiaires?

* Qu'est-ce que l'institution locale peut accepter ?

Ce travail préalable, effectué avec quelqu'un de compétent, peut éviter de fréquentes déconvenues. (J.N. )