Etymologie
La notion d’autonomie s'origine dans la politique où elle fut conçue et
qualifié par les Grecs (Thucydide,
La Guerre du Péloponnèse ;
Xénophon, Helléniques ;
Platon, Politique).
Comme tel, le terme ne s’appliquait qu’aux relations politiques entre Etats,
quand bien même
Aristote (L'Ethique à Nicomaque)
et les Stoïciens eussent cherché à l’appliquer à l’individu compris, et
seulement, comme « Citoyen »… grec. Ce n’est qu’avec la « Modernité » (à
partir des XVe/XVIe siècles) qu’elle deviendra — avec Le concept de
« liberté » — l’une des valeurs centrales de l’humanité et un des attributs
du sujet/individu (avec Machiavel, Descartes, Kant, Hegel…).
De ses origines confondues il ressort qu'« autonomie », sans signifier
« indépendance », s'oppose cependant à « dépendance » politique, et en son
sens moderne, à contrainte subie par un individu privé de sa liberté (comme
un enfant ou tout aliéné) et qui obéit à d'autres lois que la sienne propre
(= hétéronomie). Autonome occupe donc tout l’espace de sens (et d’ambiguïté)
qui sépare l'indépendance de la dépendance.
De ses origines politiques il nous est resté le fait qu'autonomie correspond
à l'indépendance qui, comme le souligne son étymologie (auto/nomos
= droit de se gouverner par ses propres lois) et
qui suppose de ne point obéir à la loi ou la règle d’autrui.
De ses origines modernes, quand elle est appliquée au « sujet », à la
« personne » humaine, il nous est resté qu'autonomie correspond au fait que
l’individu puisse (ait la capacité de) se déterminer selon des règles et des
lois librement choisies.
« Je fais ce que je veux, je veux ce que je suis, je suis ce que je
fais » Spinoza
Dynamique identitaire, facettes et conflits de rôles
Chacun d’entre nous a une identité
unique, singulière. Par contre, on a plusieurs facettes identitaires
qui sont plusieurs composantes de notre identité. Si on prend chacune
de ces composantes ou facettes identitaires, elles s’expriment, elles se
manifestent dans les différents champs d’activités dans lesquels on
s’implique : professionnel, social, familial, culturel, politique… Cela
reste des composantes d’une identité unique.
C’est la raison pour laquelle je parle de
projet identitaire unique et de projets dimensionnés.
Tout cela ne
s’exclut pas. On peut être dans une dynamique identitaire professionnelle
différente de celle qu’on a dans le champ familial, de celle qu’on a dans
le champ social ou culturel.
Ce qui pose la question de la gestion de
la cohérence, de la cohésion de l’ensemble de ces dimensions
identitaires. C’est la raison pour laquelle parfois on peut se retrouver
dans des conflits identitaires ;
On peut dire qu’il y a deux types de
tensions : il y a des tensions inter-dynamiques et DES tensions
intra-dynamiques. on peut tout à fait être conduit à vivre des
conflits de rôle :
J’ai dégagé quatre grands types de
dynamiques identitaires (article à paraître Recherche et formation avril
2003 INRP) :
-
La dynamique de continuité identitaire : trajectoire,
itinéraire de continuité. Les gens sont satisfaits de leur identité actuelle
qu’ils ont envie de reproduire, de prolonger ou d’entretenir dans le futur.
-
La dynamique de transformation identitaire : il s’agit de la
personne qui a quelque part une certaine insatisfaction de son identité
actuelle et qui cherche, qui a une démarche d’acquisition ou de
construction d’une nouvelle identité.
-
La dynamique de gestation identitaire : l’individu de trouve à
un moment ou à un carrefour de sa vie : il a des interrogations, il n’est
pas encore clair sur ce qu’il va devenir. Cela peut être des gens qui vivent
dans une souffrance ou une blessure identitaire ou qui ressentent une
rétrogradation professionnelle… et qui se demandent ce qu’ils vont devenir.
-
La dynamique d’anéantissement identitaire : il s’agit là de
personnes qui sont sans énergie ni ressort : ils ne sont plus dans une
stratégie de sauvegarde de soi mais plutôt dans une démarche
d’anéantissement de leur soi.
Crise et différenciation ?
Comprendre l’adolescence revient à s’interroger
sur les modalités et les finalités de la construction sociale de ce
concept à une période historique donnée. Actuellement, nous construisons
l’adolescence autour
·
D’un
processus de formation longue orienté sur la compétitivité
·
Avec une
accession à l’âge adulte tardive et incertaine qui sursoit le moment de la
compétition
·
Une
accession précoce à la société de la consommation mais sans procurer les
moyens nécessaires
·
Une
permissivité sexuelle qui contraste avec le sursis permanent à la
sexualité adulte
Nous fantasmons sur des
adolescents interpellés trop tôt et trop fort, bien qu’ils doivent ronger
leur frein trop longtemps pour ne pas agir, pour ne pas faire preuve de
quoi sont-ils capables. Ce paradoxe résulte de l’immense décalage entre la
complexité de notre réalité sociale et nos projections d’images d’Epinal
(en habit soixante-huitard) sur nous-mêmes et nos enfants. Leur
autonomisation et leur différenciation est un projet annoncé, en sursis
permanent ; leur adolescence n’est conçue ni comme vecteur ni comme rite
de passage mais bien plus comme notre sujet de préoccupations. Et ils ne
le rendent bien.
Nous avons de mal à finir
notre propre adolescence, à achever notre crise d’adolescence, à faire le
deuil de nos rêves d’adolescence. Nous nous trouvons ainsi, et malgré les
apparences, dans une période de l’indifférenciation entre enfants et
adultes : les enfants n’en finissent plus de grandir dans une adolescence
interminable, tandis que les adultes n’en finissent pas à être enfants ;
et tous cela dans une société de plus en plus vieillissante. Ainsi, on
assiste à un décalage de plus en plus grandissant entre les
préoccupations de leurs aînés et celles de ces jeunes pour eux-mêmes.
Quand les premiers pensent : toxicomanie, sida, violence, suicide, les
seconds réclament intégration socioprofessionnelle et qualité des
relations affectives.
C’est le concept de
la crise de l’adolescence (cher à notre génération) qui est en crise pour
ne pas dire carrément révolu.
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